Un bébé qui se fait tirer l’oreille pour montrer le bout de son nez ce n’est pas forcément signe de stérilité. Mais, plus le temps passe, plus il y a urgence à réagir. Stratégie en 15 points-clés du Dr Laurence Lévy-Dutel, gynécologue-endocrinologue.
Faire l’amour souvent
Plutôt que de faire des courbes de températures ou de se ruiner en tests d’ovulation, il faut laisser faire la nature et encourager la spontanéité des rapports sexuels. Limiter les relations à la période d’ovulation peut mettre en péril le couple. Deux ou trois rapports sexuels par semaine couvrent largement la période d’ovulation puisque les spermatozoïdes ont une durée de vie de trois jours.
Eviter le surpoids
La graisse corporelle affecte la production d’une hormone essentielle pour une ovulation régulière chez la femme et pour la production de sperme chez l’homme : la gonadolibérine. On savait déjà depuis un moment que l’obésité masculine était associée à une baisse du niveau de testostérone et à un risque plus important de troubles érectiles.
D’autres recherches récentes attestent que les hommes souffrant d’obésité auraient 40 % de risques supplémentaires d’avoir des anomalies dans leur sperme et d’avoir un sperme moins abondant que les hommes de poids moyen. Chez la femme obèse, le cycle est souvent perturbé, les ovulations plus rares en cas d’IMC supérieur à 27. On constate aussi plus de fausses couches.
Combattre la maigreur
Un IMC inférieur à 18 peut faire chuter également la production de la gonadolibérine, ce qui provoque chez la femme un arrêt de l’ovulation. En cas de fécondation, des niveaux insuffisants de cette hormone peuvent affecter la capacité de l’endomètre à accueillir un ovule fécondé. Un IMC trop bas est associé à 72 % de risques de faire une fausse couche spontanée au cours des trois premiers mois de grossesse. Chez l’homme, un IMC inférieur à 18 peut compromettre la qualité du sperme.
Limiter le sport
Une activité sportive excessive perturbe l’équilibre hormonal, entraînant ainsi une fertilité réduite. On a bien dit excessive, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Un peu de sport est au contraire bénéfique, non seulement cela permet de réduire les hausses d’IMC néfastes à la fertilité mais cela réduit aussi le stress (lire ce qui suit) et booste les hormones dites du bonheur (dopamine, ocytocine, endorphines, sérotonine).
Contrôler son stress
Le stress a un effet délétère sur la fertilité non seulement parce qu’il pousse à la consommation de produits excitants qui ont tendance à diminuer la fertilité, mais aussi parce qu’il peut bloquer l’ovulation pendant plusieurs cycles chez la femme.
Et comme le stress est aussi un facteur de morosité, la vie sexuelle est rarement à son zénith dans ces moments de tension. Lister les facteurs déclenchants permet d’apprendre à les contourner et à prendre du recul. Sans oublier de s’accorder des petits plaisirs égoïstes de temps à autre !
Ecraser la cigarette
Une fois enceinte, la femme arrête en général de fumer et le futur papa a la courtoisie de sortir pour en griller une. Sauf que de nombreuses études démontrent les effets dévastateurs du tabac sur la fertilité ! Le tabagisme pourrait la faire baisser de 10 à 40 % par cycle car la toxicité de la cigarette altère la production d’œstrogènes. Et les patientes fumeuses produiraient moins d’ovocytes en réponse à la stimulation ovarienne, seraient plus enclines aux grossesses extra-utérines et aux fausses couches précoces. Chez l’homme, le tabagisme diminuerait de 20 % le nombre de spermatozoïdes et augmenterait le risque d’embryons anormaux.
Réduire la consommation de café
Les femmes buvant plus de deux tasses de café par jour ont deux fois moins de chances de devenir enceintes que celles qui en boivent moins. Sans oublier les risques de fausse couche. C’est la caféine qui est en cause, donc toutes les boissons en contenant (thé, cola, chocolat, maté, guarana…) sont à proscrire… ou à tout le moins à sérieusement limiter.
S’abstenir d’alcool
L’alcool peut engendrer des cycles irréguliers et non ovulatoires. De plus, il augmente les risques de fausses couches et peut entraîner des anomalies congénitales (syndrome d’alcoolisation fœtale). Chez l’homme, une forte consommation d’alcool affecte la spermatogenèse en inhibant la production de testostérone.
Refuser le « joint »
Chez l’homme, la consommation régulière de cannabis dégrade la qualité du sperme. Chez la femme, on constate des troubles de l’ovulation ainsi que des modifications cellulaires des ovocytes. Bon, ce n’est pas parce que la première salle de shoot autorisée a ouvert qu’il faut se laisser aller, hein ?
Faire le ménage dans ses habitudes
Pesticides et solvants sont des perturbateurs endocriniens. C’est-à-dire qu’ils imitent et prennent la place des hormones en les empêchant de jouer leur rôle. Les hormones utilisées dans l’élevage contribuent à diminuer la qualité fécondante du sperme. Les phtalates, molécules présentes dans les cosmétiques, les emballages alimentaires ou les plastiques nuisent aussi à la fertilité du couple. Enceinte, mieux vaut utiliser les cosmétiques bio ou à la composition bien vérifiée, éviter les teintures capillaires non bio et le vernis à ongles (sauf s’il est sans toluène), utiliser des produits d’entretien bio ou naturels et se tenir à bonne distance des détergents classiques et des peintures, sauf les produits estampillés bio ou A+ (pour les peintures).
Débrancher son portable
Selon une étude présentée en 2004 au Congrès de la Société européenne de la reproduction humaine et d’embryologie, l’usage du téléphone portable pourrait réduire le nombre de spermatozoïdes. Selon les chercheurs, garder le téléphone en veille sur soi toute la journée diminuerait la concentration de spermatozoïdes. Idem pour l’utilisation de l’ordinateur portable sur les genoux, surtout s’il est connecté au Wifi.
Penser antioxydants
L’oxygène est un élément vital qui joue un rôle indispensable dans l’oxydation des cellules, productrice d’énergie. Lorsque cette oxydation est incomplète, des molécules nocives appelées radicaux libres se forment et altèrent l’intégrité des cellules. C’est principalement au cours de la transformation des aliments en énergie que sont produits les radicaux libres.
Le stress, le tabac, l’alcool, l’excès de soleil, les pesticides, et les additifs alimentaires encouragent leur prolifération. Pour les éradiquer, il faut des antioxydants : vitamines A, C, E et polyphénols, que l’on trouve dans les fruits et les légumes.
Privilégier la filière bio
Les fruits et les légumes bio contiennent moins de résidus de pesticides mais n’en sont pas exempts car le vent transporte les polluants qui sont aussi présents dans les nappes phréatiques. Mais limiter le taux de polluants dans son alimentation est une précaution utile pour préserver sa fertilité.
Scruter l’origine des protéines
Le bétail élevé aux hormones, les volailles en batterie et les poissons des mers froides nourris au mercure, tout cela ne favorise pas la fertilité. Sans acheter forcément de la viande bio qui est tout de même hors de prix pour la plupart d’entre nous, il faut privilégier les élevages qui affichent une charte de bonne gouvernance et choisir des volailles fermières.
Mettre au frais les testicules
Eh non, ce n’est pas une blague de potaches ! Le sperme doit avoir une température inférieure de 2 °C par rapport au reste du corps. Les sous-vêtements trop serrés, les pantalons cyclistes, les saunas, les longs bains chauds, les jacuzzis accroissent la température des testicules, provoquant une dégradation du sperme. Sans oublier, comme expliqué précédemment, l’usage de l’ordinateur portable à proximité de cette zone stratégique…