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Valproate de sodium pendant la grossesse : le Parquet de Paris saisi de l’affaire

Le Parquet de Paris a ouvert une information judiciaire sur les conditions de l’autorisation de mise sur le marché du valproate de sodium, notamment sous la forme de l’anticonvulsivant Dépakine, prescrit pendant des années à des femmes enceintes épileptiques, puis, plus tard, sous la forme Dépamine ou Dépakote, à des femmes souffrant de troubles bipolaires, et cela malgré des effets tératogènes connus depuis 1982. Cette instruction était très attendue depuis avril 2015, quand a été lancée l’alerte Dépakine, résultat du travail acharné d’une association de parents d’enfants victimes du valproate de sodium, l’APESAC.

Pourquoi tant d’ignorance chez les prescripteurs ?

Les juges d’instruction vont se pencher sur les années 1990 à avril 2015. En effet, depuis près de 30 ans, les effets tératogènes du valproate de sodium, comme d’autres anticonvulsivants, étaient connus. Le Journal Officiel du 22 octobre 2015 rapporte une question orale du député de Haute Loire Olivier Cigolotti à Marisol Touraine, ministre de la Santé, précisant que ces malformations fœtales et troubles neurologiques « étaient mentionnés dans la littérature scientifique depuis 1982 ».

Dans le milieu médical, des médecins savaient, d’autres apparemment ignoraient les effets secondaires graves du valproate de sodium comme nous l’a expliqué le Pr Franck Perrotin, chef de la maternité Olympes de Gouges (Tours) en juin 2015 (Neuf Mois 148) : « Les effets malformatifs des médicaments
anti-épilepsie sont connus depuis longtemps, mais ce qui était peut-être moins bien perçu, ce sont les risques élevés, de l’ordre de deux à deux fois et demi plus que pour les autres traitements, que présente le valproate de sodium (Dépakine) pendant la grossesse.
Il m’est arrivé de donner des cours post-universitaires à des médecins généralistes qui ignoraient que les risques tératogènes étaient plus élevés avec ce traitement. »

Pourquoi tant d’ignorance ? Un rapport de l’IGAS, en février 2016, souligne « la faible réactivité » du laboratoire Sanofi et de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour informer les médecins et les patients des risques pour les femmes enceintes. Et ces risques sont pourtant lourds : 10% de malformations congénitales (spina bifida entre autre…), mais également un risque accru d’autisme et de retards intellectuels et/ou de la marche, pouvant atteindre jusqu’à 40% des enfants exposés.

Des prescriptions en baisse depuis 2006

Selon un rapport du Ministère de la Santé publié courant août 2016, plus de 14 000 femmes enceintes ont été exposées aux risques tératogènes du valproate de sodium entre 2007 et 2014. Pourtant, à cette période-là, les risques étaient connus et depuis 2006 certaines notices, sauf celles de certains génériques, signalaient la contre-indication pour les femmes enceintes et plus précisément depuis 2010 les risques de malformations fœtales, de troubles neurologiques et autistiques.

Depuis 2006, le Vidal, la bible de tout prescripteur, en fait aussi mention. De fait, l’IGAS souligne que les prescriptions de valproate de sodium chez les femmes en âge de procréer (15-49 ans) « ont baissé de 25 % entre 2006 et 2014, leur nombre étant passé de 125 000 en 2006 à 93 000 en 2014, dont 56 000 traitées pour des troubles bipolaires ». Une tendance à la baisse qui semble montrer que l’ignorance n’était pas le fait de tous les prescripteurs ? Alors pourquoi des médecins ont continué à prescrire et des pharmaciens à délivrer cette molécule à des femmes enceintes ? « On ne peut pas généraliser, tempérait le Pr Franck Perrotin en avril 2015. Il faudra regarder au cas par cas pour établir si la Dépakine a été prescrite un peu vite alors qu’un autre traitement, moins tératogène, aurait pu être suffisant ». Et de rappeler que la survenue de crises pendant la grossesse est potentiellement dangereuse : «Une chute sur le ventre au troisième trimestre, de toute la hauteur de la femme enceinte, peut provoquer un décollement du placenta susceptible d’entraîner des conséquences fatales».

Pourquoi tant de grossesses menées à terme ?

Selon l’IGAS, 450 enfants sont nés avec des malformations congénitales entre 2006 et 2014, alors que les risques étaient connus et les notices pour certaines actualisées. Pour l’APESAC qui ne s’arrête pas aux années 2006-2014, il s’agit d’un « scandale d’Etat » qui aurait touché près de 50 000 enfants, décédés ou handicapés, depuis la commercialisation du valproate de sodium. Et Marine Martin, sa présidente, citant le cas d’une de ses adhérentes qui a accouché dans la région Nord, de poser la question qui interpelle : pourquoi des malformations telles qu’un spina bifida, ayant entraîné la mort d’un bébé quelques mois après sa naissance, n’ont pas été signalées aux parents lors de l’échographie morphologique (2eme trimestre) en vue d’une interruption médicale de grossesse ?


Vers une indemnisation des victimes

Pour la présidente de l’APESAC, la responsabilité du laboratoire Sanofi ne peut être niée et celle de l’ANSM peut être questionnée, pour ce qui concerne l’autorisation de mise sur le marché de ce médicament. Lequel est certes dangereux pour les femmes enceintes, mais n’en est pas moins indispensable à beaucoup de patients atteints d’épilepsie. Sachant qu’un tel médicament ne peut pas être arrêté brutalement ni remplacé si facilement que ça, sachant aussi que les autres anticonvulsivants sont tératogènes à moindre mesure, fallait-il interdire la grossesse aux femmes épileptiques ne pouvant arrêter leur traitement ? Et auraient-elles accepté une telle interdiction ? Quid du libre-arbitre ? Tant de questions…

Le traitement étant indispensable, le médicament malheureusement tératogène à plus ou moindre mesure, la tâche des juges, pour faire la part des responsabilités, risque de ne pas être simple. Mais pour la présidente de l’APESAC reste une attente : « que cette enquête indépendante puisse permettre de comprendre ce qui s’est passé au niveau des autorisations de mise sur le marché et des délivrances dans les années 90-2000 notamment ». Et permette par la même occasion l’indemnisation des victimes.

*Interview d’archives NM 148, juin 2015

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