Véronique Deiller, jeune maman française, a souhaité aider un couple qui peine à avoir un enfant. Pour cela, elle s’est rendue dans un CHU près de chez elle, le 13 décembre dernier. Convaincue de faire une bonne action, et d’être dans son droit, elle ne s’attendait pas à ce qu’on lui demande le consentement… de son mari ! Sur son blog, L’Omer(e)ta, elle a décidé de pousser un véritable coup de gueule.
« Donne tes ovules… mais demande d’abord à ton mec ». C’est par cette phrase que commence Véronique Deiller, une jeune maman française journaliste, auteure mais aussi blogueuse. En se levant ce mardi matin, la mère de famille pensait à ce qu’elle allait faire de sa journée : se rendre dans un Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains pour les non-initiés (CECOS) et ainsi faire don de ses ovocytes. Un geste louable, mais qui n’est pas sans peine. En effet, elle explique qu’on doit lui faire des prises de sang, réaliser un bilan hormonal et caryotype mais aussi qu’elle devra parler de sa vie intime mais également suivre « un traitement hormonal lourd, il y aura une anesthésie » mais qu’il est également possible de prendre du poids en une seule journée en raison du « syndrome d’hyper-stimulation hormonale ». Mais qu’importe, Véronique Deiller était déterminée à rendre service à un couple qui n’arrive pas à avoir d’enfant.
Après une consultation avec le médecin biologiste, elle apprend de bonnes nouvelles : une réserve ovarienne qui se porte bien et elle se trouve être « une bonne candidate au don ». Jusque-là, tout allait bien… du moins, jusqu’à ce ledit médecin lui demande de signer un papier de consentement.
Avoir le consentement… de son mari
Pour elle, il était évident qu’elle consentait à faire don de ses ovules, sinon, elle n’aurait pas entrepris toutes ces démarches. Mais soit, elle signera, pour rendre la chose officielle. Mais en réalité, le médecin biologiste ne parlait pas uniquement de SA signature, mais celle aussi… de son conjoint. À ce moment-là, Véronique Deiller s’insurge : « De quel droit mon don et donc mon droit à disposer d’un peu tout et n’importe quoi qui sort de mon corps dépendrait-il de son accord ? » Car malheureusement lui répond le médecin biologiste, « c’est la loi », et ce, depuis le 15 novembre 1999.
La journaliste ne comprend pas, et bien qu’elle ne se considère pas comme féministe, pour elle, cette loi est complètement absurde. Elle explique alors que, si la signature du conjoint est importante, c’est en réalité car le don d’ovules peut avoir des risques, aussi limités soient-ils, et peut alors impacter la famille. Ainsi, si par malchance une femme vient à mourir durant l’anesthésie, il faut alors que la famille soit bien au courant des risques qu’un don peut encourir. Ce à quoi elle répond : « c’est ta famille qui trinque alors que tu auras égoïstement décidé d’aider des couples infertiles. » Mais encore une fois, c’est la loi…
Un homme doit aussi avoir le consentement de son épouse pour un don de sperme
Toutefois, elle relativise. Eh oui messieurs, si vous aussi souhaitez effectuer un don de sperme, sachez alors que nous devons aussi donner notre accord. Voilà qui rééquilibre le tout. Mais bon, demander l’avis de la personne avec qui on vit pour permettre à des couples infertiles d’avoir un enfant, n’est ce pas plutôt un frein en plus à tous les couples qui attendent car il n’existe pas assez de donneuses ? La réponse de la journaliste ? « Je pense sincèrement qu’on peut répondre non. »
Et si on est célibataire ?
Et dans le cas, où nous sommes seul(e)s et souhaitons faire un don, que ce soit de sperme ou d’ovocytes, comment cela se présente-t-il ? Eh bien il ou elle n’a pas besoin de consentement. Incroyable non ? Alors, oui, une femme ou un homme qui souhaite entreprendre cette démarche sans pour autant avoir le consentement son/sa conjoint(e) pourrait alors tout simplement se déclarer célibataire. Mais bon, il ne s’agit pas de faire un enfant dans le dos d’une personne, mais plutôt d’un geste honorable permettant à d’autres personnes d’avoir un enfant… Il serait alors dommage de mentir pour un geste comme celui-ci.
Pour information, faire un don de sperme ou d’ovocytes est libre, gratuit et anonyme en France. Contrairement à d’autres pays qui ont décidé d’indemniser ce geste. Il est possible de le faire pour les femmes de 18 à 37 ans et pour les hommes de 18 à 45 ans, à condition qu’ils ou elles soient en bonne santé et aient eu au moins un enfant.
Toujours est-il que tout cela n’a rien changé au choix de Véronique Deiller, et son conjoint l’a également soutenu dans sa volonté. Cela lui a même donné encore plus envie de le faire ! En effet, en voyant toutes les démarches à faire, elle a réalisé à quel point cela doit être dur pour un couple de bénéficier d’un don. Il ne reste donc plus qu’à la journaliste d’attendre ses résultats pour savoir si oui ou non elle pourra faire don de ses ovocytes…
Crédit photo : ©L’omèreta/Facebook