Devant notre bébé, on est toutes pareilles : on rêve de l’entendre dire « maman », on imagine le son de sa voix, on fantasme sur les premiers « vrais » échanges à la façon de « Dis maman, pourquoi… ? ». Le temps nous paraît long avant que bébé ne commence à s’exprimer ? Bénédicte de Boysson-Bardies, psycholinguiste, nous donne quelques pistes pour stimuler bébé et l’inciter à entrer dans le langage.
Si le langage n’est pas inné, l’apprentissage du langage chez bébé, si
Et cet apprentissage du langage ne commence pas à la naissance, mais déjà in utero. Dans le ventre de sa maman, le fœtus perçoit les sons, commence à les classer. Au fil des mois, il mémorise les caractéristiques prosodiques (rythme, intonations…) de la langue que parle sa maman. « Le tout-petit intègre le langage bien avant d’émettre ses premiers mots, explique Bénédicte de Boysson-Bardies. Pour l’entourage, cela peut passer inaperçu car bébé apprend en silence, en analysant sa langue maternelle pour trouver du sens. »
Parler à bébé avec des phrases courtes
Les mots sont essentiels pour eux, car ils sont des unités de sens alors que la phrase en contient trop. Pour accéder au sens, le tout-petit apprend à découper le flux de paroles en unités de la taille des mots et leur trouver du sens. Pour cela, il observe autour de lui afin de deviner à quoi, dans son environnement, se réfèrent les mots qu’il entend : « Très vite, il va comprendre qu’un mot désigne une chose, un concept. Il va suivre le regard de l’adulte qui parle pour comprendre ce dont il parle et mémoriser les relations entre mots et situations » souligne la spécialiste.
Vers l’âge de 1 an, bébé reconnaît son prénom, comprend une consigne simple comme « va chercher la balle », « donne à maman »… Il faut encourager sa maîtrise du langage en s’adressant à lui en permanence avec des phrases courtes et avec les « vrais » mots qui désignent les objets : le chien et non pas le « waoua waoua », le lait et non pas le « lolo » et ne pas hésiter à lui montrer avec la main l’objet dont on parle.
En quelques mois, bébé va apprendre des centaines de mots et faire le lien entre mots et situations, ce qui lui permet de répondre aux premières consignes qui lui sont données. Étonnant, mais c’est le désir inné d’apprendre et de comprendre le monde qui l’entoure, de communiquer avec son entourage qui produit ce miracle. Sans oublier son intuition exacerbée sur les pensées et le ressenti de ses proches. « Quand l’enfant est privé de cette intuition, comme les enfants qui souffrent d’autisme, il apprend difficilement à parler », constate la psycholinguiste.
Répéter les mots justes sans mettre bébé en échec
Vers 14 ou 15 mois en moyenne car certains sont plus précoces, d’autres moins, bébé prononcera ses premiers mots. Mais s’il comprend déjà beaucoup de mots et de phrases simples, il n’est pas encore prêt à les reproduire. Apprendre à reproduire un son est beaucoup plus complexe que d’associer mentalement un objet à un mot. Il faut du temps pour qu’un bébé apprenne à complexifier ses premiers « areuh » jusqu’à former un mot. Les premiers seront forcément simples : papa, mama, pain et parfois… lire, si vous avez l’habitude de lire avec lui plusieurs fois par jour un livre !
Les mots plus longs, plus compliqués à prononcer seront au début un peu escamotés, le temps qu’il apprenne à placer sa langue au bon endroit et à laisser le souffle agir. Si les parents et l’entourage ont leur rôle à jouer pour révéler à bébé qu’un mot désigne un concept, aucune mère n’apprend à son bébé l’articulation des sons, ni comment il doit placer le bout de sa langue derrière les dents, faire vibrer ses cordes vocales et baisser le voile du palais pour prononcer un « d ».
Et pourtant, tous les bébés découvrent tout ça tout seuls ! Le rôle des parents et de l’entourage consiste à répéter aussi souvent que possible le mot juste : par exemple, si bébé dit « to » en montrant la boîte de biscuits, il faut lui dire aussitôt : « Ah, tu veux un gâteau… » sans insister sur le fait qu’il n’a pas bien prononcé le mot, sans demander qu’il répète le mieux qu’il peut. A force de babiller, le tout-petit va finir par prononcer des mots audibles.
Respecter le rythme de l’enfant
A quel âge, la première phrase ? Bien malin qui saurait le prédire ! Chaque enfant va à son rythme mais, en règle générale, quand l’enfant entre à l’école, à 3 ans, il sait exprimer des besoins simples. Certains enfants, plus précoces, feront vers 4 ans des phrases plus alambiquées, imiteront les parents avec des mots surprenants dans la bouche d’un si jeune enfant, du genre « Est-il envisageable d’aller au parc ? » tout simplement parce que c’est une expression courante autour de lui. D’autres, au même âge diront simplement : « Je veux aller au parc ». Mais quel que soit ce mode oratoire, cela ne présage en rien de leurs futurs résultats scolaires et universitaires !