
Le début du Ramadan approche à grands pas. Pilier de l’Islam, le jeûne occupe une place très importante dans la vie des fidèles. Mais peut-il être respecté par les femmes enceintes sans compromettre le bon déroulement de leur grossesse ? Amelle Bouach, sage-femme, et Raphaël Gruman, diététicien, ont répondu à nos questions.
Est-il obligatoire de faire le Ramadan pendant la grossesse ?
Le Ramadan n’est pas obligatoire pour les femmes enceintes et celles qui allaitent. Les femmes enceintes voulant faire le Ramadan peuvent choisir de le reporter à un autre mois de l’année. Ou encore de compenser le jeûne par des actes de charité, par exemple en nourrissant un démuni.
Y a-t-il des risques à pratiquer le Ramadan pendant la grossesse ?
La grossesse est épuisante physiquement et la future maman doit soigner son apport nutritionnel pour rester en bonne santé et pour que son bébé se développe bien. En règle générale, Amelle Bouach et Raphaël Gruman conseillent donc aux femmes enceintes de ne pas suivre le jeûne du Ramadan. Cette recommandation varie cependant au cas par cas, selon l’état de santé de la future maman : si la grossesse présente des anomalies particulières (retard de croissance du fœtus, hypertension artérielle de la maman, vomissements gravidiques, col de l’utérus béant), c’est fortement déconseillé. Mais la maman peut toutefois prendre la décision de faire le ramadan. Les femmes qui ont déjà vécu des fausses couches devraient également éviter de jeûner lors de leur grossesse.
Beaucoup de femmes musulmanes choisissent de jeûner car elles se sentent en bonne santé physique. Cependant, il est recommandé de systématiquement demander l’avis d’un spécialiste (médecin ou sage-femme) avant de choisir de faire le Ramadan.
A quel stade de la grossesse le Ramadan peut-il présenter le plus de risques ?
Les risques existent à tout moment, mais jeûner est plus risqué pour les mamans qui en sont à leur premier ou à leur troisième trimestre de grossesse et particulièrement si elles sont anémiées, sujettes à de fortes nausées ou extrêmement fatiguées. Dans ce cas, il est préférable de ne pas faire le Ramadan. Les risques sont théoriquement moins élevés au cours du deuxième trimestre, car la maman est moins fatiguée. Cependant, certaines pathologies, comme le diabète gestationnel, peuvent apparaître au cours de cette période. Il est alors absolument contre-indiqué de respecter le jeûne.
Quels sont les risques pour la maman et pour le bébé ?
En cette période estivale, le jeûne est particulièrement éprouvant pour tout le monde : les journées sont longues, et la chaleur est source de fatigue et de déshydratation. Une fatigue extrême et une hypoglycémie peuvent nuire au bon déroulement de la grossesse, et causer des vertiges et des évanouissements. Les femmes enceintes qui choisissent de jeûner peuvent également être anémiées ou déshydratées.
Il n’y a pas eu d’études spécifiquement consacrées aux conséquences du jeûne sur le développement du fœtus. De ce fait, on ne connaît pas les risques du Ramadan pour le bébé en dehors de l’hypoglycémie fœtale. Généralement, les futures mamans peuvent identifier certains signaux incitant à arrêter le jeûne : malaises, nausées, fatigue, urines foncées, douleurs abdominales, contractions, perte de poids.
Enceinte pendant le Ramadan : comment bien jeûner ?
Le petit-déjeuner
Au réveil, il est impératif de boire plusieurs grands verres d’eau, et même de continuer à boire pendant la journée : il ne faut surtout pas risquer la déshydratation, qui peut avoir de sévères conséquences pour la maman comme pour le fœtus.
Lorsque l’on rompt le jeûne, il ne faut surtout pas compenser la privation par une alimentation excessive ou trop riche. Le corps doit reconstituer les réserves de glycogène (le glucose stocké dans les muscles et le foie), c’est-à-dire ses réserves d’énergie. En pratique, le corps a besoin de sucre. Cependant, si l’on rompt le jeûne en consommant des aliments très sucrés, on peut risquer une crise d’hyperglycémie. L’idéal est de choisir des aliments sucrés, comme des fruits (les dattes sont un très bon choix). Mais il faut les accompagner d’un laitage, qui permettra de ralentir absorption du sucre.
Le repas principal
Pour ce repas, il est essentiel de reconstituer plus durablement ses réserves d’énergie. Pour cela, consommez des féculents, sources de sucres complexes, comme les pâtes, les riz et les pommes de terre. Le quinoa et les légumes secs sont un excellent choix . En effet, ils sont riches en sucres lents, mais également en fibres qui permettent d’assimiler plus longtemps le sucre. Il ne faut pas non plus négliger les apports en protéines : vous pouvez opter pour des viandes ou du poisson. Choisissez régulièrement (2 à 3 fois par semaine) les viandes rouges. Elles sont riches en fer et donc parfaites pour les femmes enceintes ! Comme pendant toute la durée de votre grossesse, veillez cependant à bien les cuire pour éviter les maladies infectieuses (toxoplasmose, listériose).
Si vous avez choisi de respecter le ramadan, n’hésitez pas à ne jeûner qu’un jour sur deux. Tout du moins au début, pour ménager votre corps et votre bébé.
Dernier conseil (mais pas le moindre) : il faut absolument interrompre le jeûne dès qu’on ne se sent pas bien et consulter par précaution.
Sources :