Enceinte, c’est le bonheur mais le petit champignon Candida albicans décide souvent de venir jouer les trouble-fête dès le 4e mois. Une mycose vaginale à partir du 4e mois de grossesse, est-ce que c’est grave ? Neuf Mois fait le point pour démêler le vrai du faux avec le Dr Jean-Marc Bohbot, responsable du Département IST (Infection Sexuellement Transmissible) à l’Institut Alfred Fournier à Paris et auteur de Le microbiote vaginal : La révolution rose.
Les mycoses sont transmises au cours de rapports sexuels
Faux. La mycose vaginale, due surtout au champignon Candida albicans (C. albicans), n’est pas une Infection Sexuellement Transmissible. Donc, il n’est pas nécessaire d’interrompre les rapports sexuels pendant votre traitement et votre partenaire n’a pas besoin d’être traité s’il ne souffre pas lui-même d’irritations.
Les levures existent dans le vagin en dehors de toute infection
Vrai. Le vagin abrite tout à fait naturellement une flore de cent millions à un milliard de germes (bactéries et levures) dans un petit millilitre de sécrétion vaginale. Ces germes inoffensifs cohabitent en bon équilibre sous la “ vigilance policière ” d’une lactobactérie.
Les mycoses vaginales sont des affections rares pendant la grossesse
Faux. La mycose vaginale est la deuxième cause de consultation en gynécologie après la contraception. Sept femmes sur dix seront confrontées au moins une fois dans leur vie à une mycose vaginale, car il suffit que l’équilibre de la flore vaginale soit rompu pour que les C. albicans deviennent brutalement envahissants.
La mycose vaginale est une affection grave pendant la grossesse
Faux. L’infection n’est pas grave, mais les désagréments sont vraiment pénibles. Bien que la levure soit localisée à l’intérieur du vagin, des picotements de la vulve et de l’entrée du vagin se transforment rapidement en fortes démangeaisons (et en brûlures intenses au moment d’uriner). Une inflammation au niveau de la vulve qui apparaît alors très rouge, peut diffuser sur toutes les lèvres, atteindre le périnée, gagner le pourtour de l’anus et même envahir les plis inguinaux.
Pendant ce temps, les sécrétions deviennent très blanches, très visqueuses et abondantes. Ces pertes blanches sont vite repérées par un examen direct du gynécologue qui identifie immédiatement les filaments agressifs de la levure, responsables de la réaction inflammatoire.
Enceinte, les mycoses vaginales sont plus fréquentes
Vrai. 75% des femmes enceintes font des mycoses vaginales, dont 5% avec récidives, et c’est la faute aux hormones, notamment à l’afflux d’estrogènes. Ces hormones augmentent l’épaisseur de la paroi vaginale qui se gorge d’un sucre, le glycogène, dont raffolent les champignons. Pour contrecarrer la prolifération des levures, les lactobactéries se multiplient aussi. Mais chez certaines femmes cette multiplication n’arrive pas à dépasser un certain seuil… laissant le champ libre à C. albicans.
Enceinte, les douches vaginales préservent des mycoses vaginales
Faux. La douche vaginale est un soin agressif pour le vagin et peut, parfois, être à l’origine de fausses couches ou de naissances prématurées. Attention à l’excès d’hygiène, qui peut être néfaste, notamment les déodorants intimes, les savons trop acides ou trop alcalins. Il faut aussi éviter les vêtements trop serrés et les sous-vêtements en synthétiques. De même, un rapport sexuel trop rapide ou un manque de sécrétion vaginale provoquent une irritation favorable à la levure. Une toilette deux fois par jour avec un savon neutre et un séchage au sèche-cheveux à température froide assurent une bonne prévention.
L’automédication de la mycose vaginale est inoffensive pendant une grossesse
Faux. Le traitement au cours du premier trimestre de la grossesse est toujours délicat. Il faut absolument éviter d’utiliser l’ovule efficace chez sa meilleure copine. La règle d’or est de consulter. Quelques ovules et une crème seront probablement prescrits. Dès le deuxième trimestre, toute la panoplie antifongique pourra être utilisée. Il est préférable d’agir au coup par coup, c’est-à-dire de disposer d’une ordonnance pour acheter les produits nécessaires aux premiers signes.
La mycose peut infecter le fœtus
Faux. Il ne risque rien, car le germe ne franchit pas le col de l’utérus. Cela signifie aussi que la fertilité n’est pas menacée. Et à l’accouchement, le bébé ne risque pas davantage d’être contaminé, contrairement à l’herpès génital.
Quand on a fait une mycose, on récidive toujours
Faux. Ce n’est pas parce qu’on fait mycoses sur mycoses pendant la grossesse qu’il y a récidive par la suite. En fait, le stress induit la production d’hormones dites endorphines qui diminuent les défenses locales et favorisent donc les mycoses. En cas de récidive après l’accouchement, un traitement par voie buccale, le fluconazole, pourra vous être prescrit uniquement par le gynécologue : c’est le seul traitement efficace des mycoses récidivantes.
Sources :