Le 30 novembre dernier, un rapport préconisait de rendre les vaccins obligatoires jusqu’ici recommandés. Ainsi, la coqueluche, le virus de l’hépatite B, la bactérie Haemophilus influenzae (responsable de la méningite bactérienne), le pneumocoque, le méningocoque C et les virus de la rougeole, des oreillons, de la rubéole (le ROR) pourraient devenir des vaccins obligatoires (avec un budget de 150 millions d’euros par an), selon les nouvelles recommandations du professeur Alain Fischer, spécialiste en immunologie pédiatrique. Mais qu’en pensent les pédiatres ?
L’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA) souhaite alors que le vaccin papillomavirus -HPV- (afin de se protéger contre le cancer du col de l’utérus) soit fortement recommandé pour les enfants (pour les filles bien sûr mais aussi pour les garçons). En ce qui concerne le manque de confiance des Français envers la vaccination, l’AFPA soutient la clause d’exemption pour les parents. En effet, au moment du rendu du rapport, on apprenait alors que les parents qui ne souhaitent pas faire vacciner leurs enfants devraient expliquer leurs raisons par écrit. Toutefois, l’AFPA préconise de lever l’exemption dans le cas d’une situation épidémique.
Une prise en charge des vaccins
Avec la démarche de la vaccination obligatoire, l’AFPA espère une prise en charge intégrale par le régime obligatoire de l’assurance maladie, ainsi qu’un meilleur suivi grâce au carnet de vaccination électronique. Les pédiatres préconisent aussi d’améliorer la disponibilité des vaccins par une politique d’achat national centralisé et par la création d’un stock de sécurité. Ils souhaitent aussi que soit améliorée l’accessibilité des vaccins dans les cabinets médicaux, ainsi que la formation des professionnels de santé sur la vaccination et encore la communication entre le médecin et son patient afin de rétablir la confiance dans la vaccination. De même, les pédiatres plaident pour le développement d’une information indépendante et scientifique autour de la vaccination. Et ce que sera pour quand ? « Rapidement, afin de permettre une meilleure couverture vaccinale en France pour les enfants et adolescents et assurer une bonne prévention des maladies évitables par la vaccination », espère l’AFPA.
En raison du manque de confiance des Français en ce qui concerne l’efficacité des vaccins (41% des Français), de moins en moins de parents vaccinent leurs enfants. Or, en refusant de le faire, ces derniers s’exposent à six mois de prison et 3 750 euros d’amende. Mais ce n’est pas tout ! Les enfants ne peuvent pas être inscrits en crèche, en centre de loisirs, ni même à l’école ! Si les conséquences sont lourdes pour un vaccin, elles le sont aussi pour l’avenir de l’enfant… En ne vaccinant pas son enfant, cela fait alors courir le risque de la réapparition de certaines maladies qui peuvent être évitées, grâce au vaccin justement. Et rappelons-le, l’absence de vaccination ne concerne pas que l’enfant et sa famille mais toute la communauté… Un enfant non vacciné peut survivre à une rougeole féroce, mais pas un bébé de 2 mois, forcément non vacciné puisque la vaccination contre la rougeole n’intervient qu’entre 9 et 12 mois, qui aura été contaminé par un enfant plus grand non vacciné et ayant contracté la maladie. Malheureusement, un tel cas de figure s’est produit en février 2015 à Berlin… La vaccination, c’est un acte de solidarité communautaire, pas seulement un acte de protection individuelle. C’est aussi le message que veulent faire passer le Ministère de la Santé et l’Association française de pédiatrie ambulatoire.