Pendant la grossesse, l’exposition à des substances chimiques peut avoir des conséquences particulièrement redoutables : le placenta ne bloque pas les molécules chimiques qui peuvent atteindre directement le fœtus. Déjà pointé du doigt pour les troubles hormonaux qu’il provoque, le bisphénol A, un produit chimique présent dans de nombreux emballages plastiques et boîtes de conserve, est désormais suspecté de favoriser l’obésité infantile. Une étude américaine du Columbia Center for Children’s Environmental Health, publiée par l’Environmental Health Perspectives, a en effet mis en évidence un lien de corrélation entre l’exposition au bisphénol A pendant la grossesse et l’obésité chez les enfants.
Le bisphénol A, un facteur de risque d’obésité
Les chercheurs ont mesuré le taux de bisphénol A présent dans les urines de 369 femmes au cours de leur troisième trimestre de grossesse, puis celui présent dans les urines de leurs enfants à 3 et 5 ans. À partir de ces tests, ils ont pu déterminer l’intensité de l’exposition au bisphénol A des enfants in utero puis pendant leur enfance. Lorsque les enfants ont eu 7 sept ans, ils ont mené de nouveaux tests pour déterminer la masse grasse des enfants : calcul de l’Indice de Masse Corporelle (IMC), mesure du tour de taille, calcul de la densité de masse graisseuse.
Ils ont ensuite établi une corrélation statistique entre ces deux données : plus les enfants avaient été exposés au bisphénol A, en particulier in utero, plus leur masse corporelle était élevée. D’après cette étude, l’exposition prénatale au bisphénol A est donc un facteur de risque d’obésité.
« Les gens croient généralement que l’obésité résulte simplement d’un déséquilibre entre les calories ingérées et les calories dépensées. Nos résultats suggèrent qu’une telle équation n’est pas toujours valide« , a déclaré le docteur Lori Hoepner, qui dirigeait les recherches, au Medical Daily.
Plusieurs études ont déjà démontré que le bisphénol A est un perturbateur endocrinien qui dérègle le système hormonal, peut accélérer la puberté des jeunes filles et augmente le risque de faire une dépression ou de souffrir d’anxiété. Des chercheurs ont également mis en évidence un lien avec l’asthme, le diabète et les maladies cardiaques.
Mais c’est la première étude qui montre qu’une exposition prénatale à cette substance peut avoir des conséquences durables sur le développement de l’enfant en favorisant l’évolution de ses cellules graisseuses.
Quelles conséquences pour les consommatrices françaises ?
Faut-il s’alerter ? Théoriquement, les consommateurs français sont relativement préservés contre une exposition au bisphénol A : tous les conditionnements alimentaires contenant la substance ont été retiré des rayons des supermarchés depuis le 1er janvier 2015. Depuis 2013, le produit chimique était interdit dans tous les contenants alimentaires destinés aux nourrissons et aux jeunes enfants, et sa présence dans les biberons est proscrite depuis 2010.
Cependant, selon une enquête de l’Association santé environnement France diffusée dans l’émission « On n’est plus des pigeons », le bisphénol est toujours présent de facto. En analysant en laboratoire de canettes et boîtes de conserve commercialisées en France, ils ont repéré la présence de bisphénol A. Si les tests n’ont pas été menés à grande échelle, ils restent alarmants.
Pour se protéger des risques d’exposition au bisphénol A, les chercheurs de l’équipe de Colombia recommandent aux femmes enceintes d’éviter les boîtes de conserve et les canettes et de préférer les contenants en verre. Un principe de précaution relativement peu contraignant, qui peut être appliqué par les futures mamans françaises craignant une éventuelle exposition au bisphénol A.