Le bébé sait avant de pouvoir faire, et pense, bien avant de s’exprimer. Et ces compétences étonnantes sont le plus souvent nourries in utero. À deux mois de gestation, tous les organes de bébé sont en place, prêts à fonctionner. Prêts aussi à recevoir les stimulations sensorielles que lui envoie sa maman. Pour cela, bébé dispose de son cerveau et des organes des sens, qui se stimulent mutuellement. Sans cerveau, les organes des sens s’atrophient. Sans organes des sens, le cerveau ne pourrait se construire car il n’aurait aucun ressenti à mémoriser et à évaluer. C’est donc une partie à deux qui se joue, entre les fonctions sensorielles et les fonctions cérébrales, pour créer le lien entre bébé et son environnement et, par voie de conséquence, les émotions.
A 8 semaines de vie dans le ventre de sa mère, il ressent ses premières sensations in utéro
Peu avant la huitième semaine, l’embryon – qui mesure à peine deux centimètres – flotte dans le liquide amniotique et heurte régulièrement les parois de l’utérus. Autant d’informations tactiles reçues par son épiderme qui vont permettre à des connexions nerveuses de se mettre en place. Au fil des semaines, toutes les zones de son corps vont être de plus en plus innervées par un nombre croissant de fibres nerveuses. Le ressenti s’accentue, les circuits nerveux deviennent plus performants : bébé est capable de faire la différence entre une pression faible et une pression forte, une chaleur moindre et une chaleur supérieure.
À 9 semaines, bébé fait ses premiers mouvements dans le ventre de maman
Peu à peu, la sensibilité tactile déclenche une réaction musculaire qui est à l’origine de ses premiers mouvements, notamment mettre la main devant le visage au niveau de la bouche. Les composants de l’oreille interne apparaissent, indispensables pour lui permettre de s’orienter dans l’espace et de tenir en équilibre, ce qu’il tentera par de petites cabrioles quelques semaines plus tard. À la fin du premier trimestre, ses bourgeons gustatifs, ses récepteurs olfactifs, son système auditif et son système visuel, tous opérationnels, sont en place et ne demandent qu’à être stimulés.
À 14 semaines, il teste ses premières saveurs
Sa bouche, très innervée, s’ouvre et se ferme alternativement. À quatorze semaines de gestation, le fœtus suce, avale, déglutit et régurgite le liquide amniotique, permettant aux bourgeons gustatifs de la langue de se renforcer, car le liquide amniotique s’enrichit des arômes des repas maternels ! Mais quoi que l’on fasse, bébé est génétiquement programmé pour aimer le sucre et à moindre mesure le salé, pour grimacer face à l’acidité et pour détester l’amertume ! Cependant, un bébé conçu en Inde sera plus sensibilisé aux saveurs épicées – donc mieux disposé à les apprécier dès la diversification alimentaire – qu’un bébé conçu en Laponie (lire « À 20 semaines »).
À 16 semaines, ce sont les premiers vrais échanges entre bébé et maman
À quatre mois, bébé lance ses premières ruades, déclenchant une intense émotion chez ses parents, notamment chez la future maman. À l’échographie, on peut le surprendre à bâiller, s’étirer, sucer son pouce, faire des galipettes, jouer avec son cordon ombilical, s’agiter dans tous les sens. Mais nul besoin d’aller le traquer dans son intimité pour nouer le dialogue. Il suffit de contacter son ventre à pleine main, et d’effleurer, un doigt après l’autre, la peau du futur bébé via le liquide amniotique. Le fœtus va littéralement à la rencontre de ce contact. Et rien n’empêche de jouer la partition à quatre mains, si le papa veut aussi communiquer avec l’enfant à venir… C’est la base de l’haptonomie, une méthode d’accompagnement interactive avec bébé qui séduit de plus en plus de futurs parents.
À 20 semaines, viennent les premiers effluves
Le liquide amniotique, chargé des molécules odorantes des repas de maman, ne se contente pas d’être avalé par bébé : il passe aussi dans ses cavités nasales. Et le fetus entre ainsi en contact avec le goût prononcé de sa maman pour certaines épices ou aliments odorants, comme le curry, l’anis ou l’ail. Cette éducation gustative participe de la mise en relation du futur enfant avec ses parents, mais aussi avec son prochain environnement de vie, bien avant sa naissance. Toutes ces activités gustatives, olfactives, tactiles sollicitent de plus en plus la base du cerveau : là où naissent et s’élaborent les émotions. Des études ont montré l’importance des saveurs et des odeurs avant et après la naissance. Ainsi, afin de découvrir l’appétence du fœtus pour le goût sucré, on a injecté dans le liquide amniotique une solution sucrée. Là, le bébé a dégluti plus goulument. Pour détecter le sens de l’odorat de nouveau-nés, on leur a présenté des Coton-Tige parfumés. Ces bébés ont uniquement été attirés par l’odeur des aliments mangés par leurs mères pendant la grossesse. On obtient deux informations importantes avec cette dernière expérience. Le fœtus perçoit les odeurs et il est capable de les mémoriser.
À 25 semaines, bébé vit ses premiers sons conscients dans le ventre de sa mère
À force d’entendre des bruits tels que celui de la circulation sanguine, des borborygmes de la digestion, les battements du cœur maternel, le système auditif du futur bébé finit par réagir à ce niveau sonore, qui atteint 50 décibels. Sans oublier tous les sons extérieurs qui finissent par lui parvenir. Le fœtus fait la différence entre la voix de sa maman s’adressant à un tiers ou s’adressant à lui. Selon des études, son rythme cardiaque change selon les circonstances et il préfère nettement quand sa mère s’adresse à lui. En fait, il n’est pas encore possible de conclure s’il « sait » qu’on lui parle ou s’il préfère simplement les caractéristiques particulières de la voix d’une femme parlant à son bébé. Plus surprenant encore, on constate un changement de rythme cardiaque quand sa mère lui parle en pensée.
Dès la 25ème semaine, le fœtus perçoit la différence quand une voix masculine succède à une voix féminine. Mieux encore, quand on permute l’ordre d’une paire de syllabes (babi, biba) ou quand on passe du RE de la gamme au sol, par exemple. Selon certaines études, il serait même capable, en fin de grossesse, de distinguer le « m » du « n ». À ce stade, il préfère le bruit au silence, les voix au bruit, les voix féminines aux voix masculines et avant tout, la voix de sa mère. Que le fœtus ait une capacité à discriminer n’implique pas nécessairement qu’il ait la capacité de choisir ce qu’il préfère.
À la naissance : bébé a ses premières préférences
Surprenant, mais attesté par de nombreuses études scientifiques, le nouveau-né âgé d’à peine quelques heures préfère la gaieté à la tristesse et à la colère exprimées dans une voix enregistrée. Il reconnaît donc certaines émotions de l’adulte. On sait aussi qu’un nourrisson âgé de quelques heures fait la différence entre sa langue maternelle et une langue étrangère. Tous ces résultats, dont ceux incluant des recherches menées sur l’odorat, confirment un apprentissage prénatal associé à une capacité de choix, logiquement déjà présente au stade fœtal. Pour connaître les capacités sensorielles du fœtus, les chercheurs observent ses postures, les mouvements de ses membres, de son corps, sa respiration ou encore mesurent les variations des battements de son cœur après différentes simulations. Et comprendre les attentes sensorielles de l’enfant in utero, c’est assurer notamment une meilleure prise en charge du bébé prématuré. En donnant la priorité au contact peau à peau entre le prématuré et sa mère ou son père, on diminuerait beaucoup les problèmes d’arrêt respiratoire et cardiaque. Il faut savoir de plus que le fœtus n’a pas l’étendue des capacités de l’adulte. Ses organes en formation sont encore fragiles, et des excès de stimulation peuvent altérer l’évolution fonctionnelle normale. Le fœtus différencie un stimulus maintes fois répété d’un nouveau. La diffusion journalière d’un texte ou d’un morceau de musique induit une décélération du rythme cardiaque fœtal mesuré au cours d’un test effectué au bout de six semaines, alors qu’un texte ou un morceau de musique diffusé pour la première fois provoque une accélération du rythme cardiaque.
Bébé in utero en vidéo, son développement
Sources :