
En dernière phase de l’accouchement, le placenta et le cordon sont expulsés de l’utérus. Cette « délivrance » se produit dans la demi-heure qui suit l’accouchement. Mais dans 5% des accouchements, il peut y avoir un souci : la maman peut faire une hémorragie de la délivrance. Le Dr Luc Durin, gynécologue-obstétricien à la Polyclinique du Parc à Caen, nous explique les différentes phases de l’expulsion de bébé et du placenta ainsi que ce risque de complication et dans quels cas il peut survenir.
La délivrance spontanée, comment ça se passe ?
Bébé est né ! Après le premier câlin, souvent bébé est emmené pour des petits contrôles et pour être habillé, et pendant ce temps-là, l’équipe médicale s’occupe de vous. C’est là que se passe la délivrance. Vous allez ressentir de nouvelles contractions mais rassurez-vous, tout à fait supportables, pas besoin d’anesthésie cette fois-ci. L’utérus se rétracte et le placenta se décolle. Là, la sage-femme intervient pour vérifier que le placenta s’est dissocié de l’utérus. La sage-femme va vous aider un peu en appuyant sur le ventre et elle risque de vous demander de nouveau de pousser pour favoriser son extraction. Une fois sorti, la sage-femme le vérifie. En effet, des débris auraient pu rester dans l’utérus et auraient pu entraîner une cause d’infection grave. Le gynécologue ou la sage-femme peuvent aussi faire une échographie en cas de doute pour vérifier qu’il ne reste réellement rien.
Et si le placenta ne sort pas ?
Au bout d’une demi-heure, si le placenta n’est pas sorti, la sage-femme ou le gynécologue vont aller le chercher à la main, après vous avoir administré des antibiotiques pour éviter les infections. On appelle ce geste médical la « délivrance artificielle », qui a pour but de vous éviter l’hémorragie de la délivrance, une urgence obstétricale. « C’est la délivrance artificielle, souligne le Dr Luc Durin. Cette procédure se réalise sous couverture antibiotique et nécessite une « révision utérine », vérification manuelle qu’il ne reste rien dans l’utérus. »
Qu’est-ce que l’hémorragie de la délivrance ?
On parle d’hémorragie de la délivrance en cas de perte de 500ml de sang, voire plus, dans les 24 heures qui suivent l’accouchement. « Une mauvaise évacuation du placenta, un utérus qui ne parvient pas à se contracter normalement suite à un travail très long ou trop rapide, une grossesse gémellaire ou multiple, un gros bébé, un excès de liquide amniotique ou les déchirures liées à l’accouchement en sont les principales causes », explique le Dr Luc Durin, gynécologue-obstétricien.
L’équipe médicale est alors en brans le bas de combat, car, parfois, l’hémorragie de la délivrance peut causer le décès de la maman. « C’est très rare heureusement car le traitement de cette hémorragie est très bien maîtrisé par les équipes. Qui plus est, le dépistage prénatal des patientes à risques autrement dit celles qui présentent un antécédent d’hémorragie de la délivrance, celles qui ont une grossesse multiple, celles qui ont un fibrome ou un placenta bas inséré, permet aussi une meilleure prévention du risque d’hémorragie du post-partum en dirigeant ces futures mamans vers une maternité adaptée au suivi de ces grossesses nécessitant un suivi particulier », conclut le Dr Luc Durin.