Une chambre toute rose pour la venue d’une petite-fille, des vêtements de couleur bleue pour un petit bonhomme. Les filles jouent à la dînette et aux poupées pendant que les garçons auront des avions et autres jouets de guerre. Les stéréotypes de genre sont inscrits dans nos mœurs et ne s’arrêtent pas au matériel. En effet, selon une étude, les pleurs aussi seraient stéréotypés.
Publiée le 14 avril 2016 dans la revue britannique BMC Psychology, cette étude a été réalisée par des scientifiques de l’institut des neurosciences Paris-Saclay en collaboration avec l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, l’université du Sussex mais aussi le Hunter College de New York. Les chercheurs ont prouvé que les parents pensaient que les pleurs des bébés de sexe féminin étaient bien plus aigus que ceux des garçons. Ce qui est pourtant loin d’être la vérité.
Distinguer le sexe du bébé par rapport aux cris entendus
Pour arriver à ce résultat, les experts ont enregistré les pleurs de 15 bébés garçons et de 13 bébés filles, tous âgés de trois mois et sortant du bain. Dans un communiqué, Nicolas Mathevon, professeur des universités et directeur de l’équipe Neuro-éthologie sensorielle à l’institut des neurosciences Paris-Saclay et Florence Levréo, enseignante-chercheuse à l’institut des neurosciences Paris-Saclay, ont écrit : « Les adultes n’hésitaient pas à attribuer un sexe aux bébés en classant les pleurs graves comme ceux de garçons et les pleurs aigus comme ceux de filles. »
Une autre expérience leur a ensuite été proposée, où les adultes devaient déterminer « le degré de masculinité ou de féminité des bébés » à l’aide d’enregistrements de bébés filles et de bébés garçons. Une fois encore, ils en ont déduit que les cris plus aigus étaient ceux des filles (à tort pour certains) et les plus graves étaient pour les garçons.
Dans la dernière expérience, les hommes et les femmes étaient séparés. Face au groupe des hommes, des pleurs étiquetés « filles », et inversement pour le groupe des femmes. Finalement, pour ces mesdames, les pleurs les plus aigus correspondaient aux besoins les plus urgents pour bébé. Ces dernières ont d’ailleurs déclaré ne pas avoir vraiment fait attention s’il s’agissait d’une fille ou d’un garçon selon le rapport de l’étude. Toutefois, pour les hommes, les pleurs des petits garçons exprimaient, selon eux, « plus d’inconfort » que les mêmes pleurs présentés comme « filles ». Comprenons ici que les filles pleurent pour un rien alors que les garçons pleurent que lorsqu’ils ont vraiment mal. Un stéréotype de plus.
Conclusion ?
Pour les chercheurs, les résultats de cette étude montrent alors qu’il est possible de passer à côté des besoins réels des bébés s’il s’agit d’une fille, ou d’un petit bonhomme. Les scientifiques expliquent que cela peut alors avoir un impact sur le développement de l’enfant. Les stéréotypes de genre ne seront-ils pas prêts de s’arrêter ?