Remontons un peu en arrière concernant l’histoire que je vais vous raconter. Manon et Mathilde sont nées le même jour en 1994 dans une clinique cannoise. Dix ans après leur naissance, les deux fillettes découvrent qu’elles ont été échangées à la naissance. Mardi 10 février 2015, le tribunal de grande instance de Grasse (dans les Alpes-Maritimes) a rendu son verdict et a condamné la clinique et l’assureur, responsables de l’échange des bébés à verser la somme de deux millions d’euros aux familles.
1,88 million d’euros. C’est le prix à payer pour avoir priver des parents d’élever leur enfant biologique. Le tribunal a condamné solidairement la Clinique Internationale de Cannes (Clinica Jourdan) et la Société hospitalière d’assurances mutuelles (SHAM), indique nos confrères du Figaro.
Manon et Mathilde toucheront 400 000 euros, leurs parents 300 000 euros chacun et 60 000 euros sont destinés à leurs frères et sœurs. La famille avait initialement réclamé 12 millions d’euros de dommages en décembre 2014, lors d’une audience civile à huis clos.
Comment les petites filles ont-elles été échangées ?
Le 4 juillet 1994, Sophie Serrano donne naissance à une petite fille. Atteinte de jaunisse, le bébé est placé dans la même couveuse qu’une autre petite fille. Quatre jours plus tard, les fillettes sont interverties et remises à leurs parents.
Manon et Mathilde grandissent mais Manon qui a le teint mat et qui ne ressemble pas du tout à ses parents, commence à se poser des questions. Dans le village où elle habite, la petite fille est surnommée « la fille du facteur ».
Un test ADN qui change tout
Quand Manon a 10 ans, son père réclame un test ADN. Le verdict tombe : Manon n’est pas sa fille biologique. Et Sophie Serrano, la mère, apprend aussi qu’elle n’est pas la mère biologique de l’enfant. Leur bébé s’appelle en réalité Mathilde et vit à seulement quelques kilomètres de chez eux. Les deux familles se rencontrent et les deux fillettes font le choix de rester vivre dans la famille qui les a élevée. Par la suite, Manon et Mathilde ont préféré prendre leurs distances.
Le soulagement
Sophie Serrano, âgée de 38 ans, s’est confiée sur la décision du tribubal, à Europe 1. « Après tant d’années, l’erreur est reconnue. Je n’ai plus de raisons de me sentir responsable de quoique ce soit ».
Manon, âgée aujourd’hui de 20 ans, est très affectée par cette histoire et confie ne pas vouloir d’enfants.
La famille de Mathilde a préféré rester anonyme et réside dans la région de Grasse.