En postant une simple photo d’elle en train d’allaiter son neveu sur la page Facebook Breastfeeding Mama Talk, le 17 septembre dernier, cette jeune femme (dont le nom n’a pas été dévoilé) ne s’attendait pas à être le sujet d’un débat, et encore moins à déclencher la fureur de certaines personnes présentes sur la page du réseau social…
Sur la photo, on voit la jeune femme allaitant un bébé. Rien d’anormal jusqu’ici, jusqu’à ce qu’on lise ce qui est écrit en légende : « Après une suite d’événements survenus à la chaîne dans la journée, j’ai fini par allaiter le bébé de ma sœur, absente durant la journée, car il ne voulait pas prendre le biberon de lait maternel que sa mère avait pompé plus tôt. » Quant à son fils, c’est lui qui a bu le biberon de lait maternel. En effet, elle explique dans son post qu’elle ne le nourrit jamais au sein, et qu’il préfère de loin boire son lait maternel au biberon. Sa sœur a alors pu alimenter son bébé tandis qu’elle allaitait son neveu. Au final, cela a donné deux bébés très heureux et bien nourris. En postant cette photo, la jeune femme pensait recevoir de nombreux compliments. Mais c’est le contraire qui s’est passé.
De nombreux commentaires négatifs
Postée sur une page Facebook dédié à l’allaitement, la publication aurait dû recevoir de nombreux commentaires positifs. Mais la réalité est tout autre. En effet, une personne a tout d’abord écrit : « Suis-je la seule personne qui pense que c’est sérieusement bizarre ??? » Une autre personne a ensuite expliqué que cette pratique n’est pas sans danger pour le bébé et que, personnellement, ça lui ferait bizarre si c’était son bébé qui avait été nourri par une autre personne qu’elle.
A la vue de tous ces commentaires négatifs, l’administratrice de cette page, Kristy Kemp, a pris la parole : « Je ne suis pas sûre qu’on vous ait demandé votre opinion dans ce post ». Avant d’ajouter : « Le Wet Nursing est soutenu et encouragé ici, comme toutes les autres formes d’allaitement maternel. » À savoir, le « Wet Nursing » est donc le fait d’allaiter les bébés d’autres femmes. Mais même si les internautes ont déclaré qu’il s’agissait d’un acte à ne pas faire, pour cette jeune femme, c’était bénéfique, car pour elle, elle agissait dans l’intérêt d’un bébé.
Par la suite, d’autres internautes sont venus commenter la publication, encourageant la jeune maman et en partageant leurs expériences. Une maman a d’ailleurs raconté : « Ma sœur a tout essayé pour allaiter son fils mais c’était impossible. Quand une infirmière est passée et m’a vue en train d’allaiter ma fille de 8 mois, elle m’a demandé si j’étais prête à également allaiter mon neveu. » Résultat, cette maman a allaité le fils de sa sœur durant six mois.
L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament est contre cette pratique
Autrefois, il existait les nourrices. Ces femmes qui nourrissaient les enfants d’autres mères qui étaient dans l’incapacité d’allaiter ou qui ne le souhaitaient pas, comme c’était souvent le cas dans la bourgeoisie et l’aristocratie. Mais pour le Dr Virginie Rigourd, médecin responsable du lactarium de Paris, interrogée par Neuf Mois, cette pratique n’est pas une bonne initiative. En effet, pour le médecin, les transmissions de bactéries ou de virus via l’allaitement sont nombreuses et, au temps des nourrices, « beaucoup de nourrissons décédaient d’infections contenues dans ce lait maternel. » Également, le lait maternel n’est pas soumis à un contrôle sanitaire, et peut alors être porteur de bactéries ou de virus tel que les hépatites B et C ou encore le VIH ou le virus T-lymphotrophique (HTLV). Alors, bien que le lait maternel est ce qu’il y a de mieux pour nourrir son enfant, il existe aujourd’hui de très bons laits artificiels, parfaitement adaptés aux besoins nutritionnels des nourrissons nés à terme.
En France, on peut alors donner du lait maternel aux lactariums qui pourront le distribuer dans le respect des normes sanitaires. Le lait est issu de dons gratuits et anonymes de mères ayant eu un surplus par rapport au besoin nutritionnel de son enfant. Avant la distribution de ce don, la qualité bactériologique du lait avant et après la pasteurisation est vérifiée, tout comme les conditions de santé de la donneuse.
