C’est une petite bombe que vient de lâcher la revue Prescrire en rapportant une étude parue dans Pharmacoepidemoilogy and Drug Safety, une revue internationale spécialisée dans l’épidémiologie des effets nocifs des médicaments, estimant à 200 le nombre de morts en France, rien qu’en 2012, liées à la dompéridone, un anti-vomitif prescrit à plus de 3 millions de Français. Des alertes avaient déjà été lancées depuis des années, notamment en direction des jeunes mamans.
Enceinte, les nausées, ça vous connaît ? Dans les crises aiguës, qui ne serait pas tentée – on a bien dit tentée seulement – de piocher dans la boîte du médoc de notre enfance, le Motilium ? Ce médicament contenant de la dompéridone est en effet couramment utilisé contre les nausées et les vomissements, mais la notice précise clairement qu’il est déconseillé pendant la grossesse sauf avis médical. Cependant, le Motilium a été longtemps utilisé hors AMM par les jeunes mamans pour booster la prolactine en début d’allaitement, ce qui a été fortement décrié et déconseillé voire interdit depuis quelques années. Encore en 2014, la revue médicale Prescrire avait alerté à propos des dangers liés à la dompéridone. En 2012, elle avait déjà publié un article faisant état de plusieurs cas de mort subite liées à ce médicament. Toujours en vente aujourd’hui, est-il vraiment dangereux pour la santé ?
Plus de 200 morts en France chaque année
Il semblerait bien que ce soit le cas, à en juger par la nouvelle alerte émanant de la revue Prescrire. Selon une étude menée par l’épidémiologiste Catherine Hill, « la dompéridone est responsable de 231 morts subites par an en France, dans la population des 18 ans et plus ». En 2014, ce nombre se situé entre 43 et 189 morts. Environ 3 millions de personnes ont été exposées à la dompéridone en France en 2012, indique la revue médicale de référence.
Des effets indésirables graves pour le coeur
En 2011, les professionnels de santé ont été sensibilisés sur les risques cardiaques rares mais potentiellement sévères (arythmie ventriculaire et mort subite) associés à l’utilisation de dompéridone. A la suite de ces révélations, une réévaluation européenne du rapport bénéfice/risque a été déclenchée en 2013. De nouvelles recommandations concernant l’utilisation de ce médicament ont été diffusées par l’Agence française du médicament (ANSM) aux médecins et aux pharmaciens. Qui ont conduit à la suppression le 10 septembre 2014 des médicaments fortement dosés (20mg ou plus) en dompéridone.
Des médicaments toujours en vente et toujours remboursés
La revue Prescrire regrette cependant qu’« en avril 2015, la dompéridone est encore en vente et remboursable en France. ». Elle prévient aussi que les dérivés du Motilium sont dangereux : « Les médicaments tels que la métopimazine (Vogalène° ou autre) et le métoclopramide (Primpéran° ou autre) sont voisins de la dompéridone et sont dangereux aussi. »
A défaut de pouvoir obtenir un « déremboursement » du médicament par l’assurance maladie et le retrait du marché immédiat, la revue médicale demande dans un premier temps que les patient soient « informés des dangers de la dompéridone et des médicaments voisins ». Voilà qui est fait au moins pour la dompéridone : ni pendant la grossesse, ni pendant l’allaitement et jamais sans avis médical.