Des le 1er mars 2018, le Cytotec, un médicament anti-ulcéreux détourné de son usage pour déclencher des accouchements sera retiré. Ce médicament peut en effet, provoquer des effets indésirables graves chez la mère et l’enfant. Mais qu’est-ce que le cytotec et pourquoi l’utiliser en gynécologie ? On fait le point sur Neuf Mois.
Qu’est-ce que le Cytotec et pourquoi l’utiliser chez la femme enceinte ?
Le Cytotec est au départ un médicament utilisé pour le traitement des ulcères gastrique et duodénal évolutifs. Ce médicament est mis sur le marché depuis 1986. Très vite, ce dernier a également été utilisé en gynécologie car il contient des prostaglandines qui ont la particularité de provoquer des contractions utérines. Ainsi, la molécule active du Cytotec, le Misoprostol, prise en voie orale a été utilisée en association avec le Mifepristone dès 1988 pour réaliser des IVG médicamenteuses. L’association de ces molécules provoquent alors l’expulsion de l’embryon, et cela jusqu’au 49ème jour d’aménorrhée. Prise en moindre concentration et par voie vaginale, le Cytotec est également utilisé pour provoquer l’accouchement après 37 semaines d’aménorrhée. A noter par ailleurs que le Cytotec est un médicament très bon marché, ce qui explique aussi pourquoi il est beaucoup utilisé.
Comment fonctionnent les médicaments qui déclenchent les accouchements ?
Les médicaments qui permettent de déclencher les accouchements peuvent contenir des molécules appelées prostaglandines. Ces molécules sont fabriquées naturellement par le corps et ont un rôle dans la réaction inflammatoire mais aussi, dans la contraction de l’utérus ou des oviductes. Au dernier trimestre de la grossesse, le taux de prostaglandines des femmes enceintes augmente de façon considérable pour ramollir le col de l’utérus et provoquer des contractions efficaces. Ainsi, les médicaments contenant des prostaglandines ont pour effet d’augmenter les contractions utérines.
Pourquoi le Cytotec est-il retiré ?
Le Cytotec fait l’objet de nombreuses mises en garde de la part de l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament). En effet, l’agence a précisé à de nombreuses reprises qu’il n’existe pas de données de sécurité pour l’utilisation en gynécologie du Cytotec. En effet, aux Etats-Unis, plusieurs problèmes gravissimes, voire mortels, liés à la prise de Cytotec ont été reportés. De plus, il existe un risque important de surdosage de la molécule quand elle est utilisée par voie vaginale, qui peut engendrer des effets secondaires graves chez la mère et l’enfant : contractions trop violentes entraînant des hémorragies ou mauvaise oxygénation du fœtus. En parallèle, l’association Timéo (https://timeo-asso.fr/) a beaucoup milité (en proposant notamment une pétition en ligne) pour l’arrêt de l’utilisation de cette molécule en obstétrique. Le laboratoire Pfizer France a donc décidé de retirer du marché le Cytotec dès 2018.