
La grossesse est un chemin pavé d’examens médicaux. Rassurants pour certaines, angoissants pour d’autres, voire excessifs pour celles qui refusent l’hyper médicalisation. Afin que vous puissiez vous faire une opinion des plus justes possibles sur ces protocoles recommandés, Neuf Mois et ses experts vous expliquent pourquoi ils sont tout de même nécessaires, sinon indispensables.
Les dosages sanguins pour authentifier la grossesse
Et oui, le test urinaire ne suffit pas à établir la grossesse. Il faut aussi un dosage sanguin de la bêta-hCG (hormone de la grossesse sécrétée par le futur placenta) qui permet d’authentifier la grossesse. Cette prise de sang sera aussi l’occasion de faire un dépistage (obligatoire) de la syphilis, de la rubéole et de la toxoplasmose. Si vous n’êtes pas immunisée, cela peut avoir des conséquences sur l’embryon ou sur le fœtus. C’est pourquoi, par exemple, si vous n’êtes pas immunisée contre la toxoplasmose, son dosage sanguin sera répété tous les mois. Le plus souvent, la prescription comprend aussi la recherche de l’immunité contre les hépatites B et C, le sida (recommandé) et le CMV (cytomégalovirus) si vous travaillez avec des enfants en bas-âge. Souvent méconnu car les médecins n’en parlent pas pour ne pas affoler les futures mamans, ce virus représente pourtant la plus fréquente des infections virales materno-foetales. L’infection est sans conséquence neuf fois sur dix mais elle peut entraîner des séquelles neurologiques importantes, même si c’est assez rare. Parmi les autres examens parfois demandés : la numération sanguine pour quantifier les différents éléments sanguins et éventuellement en cours de grossesse, le dosage du fer et de la TSH (une hormone thyroïdienne) si vous vous sentez fatiguée.
La détermination du groupe sanguin, enceinte pourquoi c’est importante de la faire ?
Un bilan sanguin très complet est réalisé en début de grossesse, comportant une détermination des groupes sanguins (ABO, phénotype rhésus complet et kell) et la recherche d’agglutinines irrégulières (RAI) : pour les futures mamans rhésus négatif, ce test est fait tous les mois pour rechercher les RAI qui pourraient se diriger contre les globules rouges du bébé. Une deuxième détermination sera faite obligatoirement au sixième ou septième mois.
Le dépistage de la trisomie 21
Cet examen, qui est toujours proposé mais non obligatoire, permet d’évaluer le risque de trisomie 21 entre la 11ème et la 14ème SA. Cette évaluation du risque se fait en combinant l’âge maternel, le dosage de l’hCG, de l’alpha-foeto protéine (protéine fabriquée par le fœtus) et de l’estriol et la mesure de la clarté nucale réalisée lors de l’échographie du premier trimestre. Au-dessus d’un certain seuil (1/100), on vous propose de réaliser un DPNI qui sera alors remboursé par la CPAM.
Le DPNI : Dépistage Prénatal Non Invasif : une autre méthode pour détecter la trisomie 21 ?
C’est quoi et que détecte ce test ?
Le DPNI (Dépistage Prénatal Non Invasif) est un simple prélèvement sanguin chez la femme enceinte permettant un dépistage génétique des trisomies 13, 18 et 21 chez le fœtus dès 10 semaines d’aménorrhée. Il consiste à analyser les faibles quantités d’ADN fœtal circulant dans le sange de la mère. Cet examen est sans danger pour le fœtus et permet d’éviter de nombreuses amniocentèses. La marge d’erreur est très faible pour la trisomie 21.
Est-ce obligatoire ?
Non, rien ne vous y oblige, mais c’est conseillé.
Où la faire cette prise de sang ?
En laboratoire sur ordonnance du gynécologue.
Les analyses urinaires pour détecter la présence ou non d’albumine et de glucose
Des analyses urinaires sont réalisées tous les mois pour rechercher la présence d’albumine (protéines) ou de glucose. Si de l’albumine est décelée, cela peut signer un probable début de toxémie gravidique. Cette pathologie inquiétante survient habituellement au cours du dernier trimestre de la grossesse et associe de l’hypertension, des protéines dans les urines et des œdèmes. On pratique alors des analyses sanguines permettant de voir ses répercussions sur vos différents organes. Si l’analyse urinaire établit la présence de sucre, on le recherche dans le sang avant de la confirmer par le test d’hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO) qui est pratiqué également sans signal d’alerte au cours du sixième mois si antécédents médicaux particuliers. On réalise une glycémie à jeun, puis on vous demande d’avaler une dose de 75 g de glucose liquide et l’on mesure votre glycémie une heure puis deux heures après. Si une seule valeur est anormale, vous débutez sans doute un diabète gestationnel. Une surveillance glycémique ainsi qu’un régime adapté vous sont alors proposés. Ce test est certes contraignant mais nécessaire. Il peut aussi vous être proposé d’office si vous avez des antécédents de diabète dans votre famille.
Le test urinaire ECBU pour déceler une infection urinaire
Certains médecins prescrivent systématiquement un examen cytobactériologique des urines (ECBU) au moins une fois au cours de la grossesse pour prévenir des infections souvent très dangereuses pour le fœtus. En cas de fièvre ou de brûlure en urinant, un ECBU est de nouveau prescrit afin de dépister une éventuelle infection qui nécessiterait un traitement antibiotique adapté.
Les échographies du suivi de grossesse, on en a combien ?
En cas de grossesse sans complication, trois échographies sont prévues et prises en charge par l’Assurance maladie.
La première échographie
Elle est dite de datation et est réalisée entre 11 et 13 SA : souvent endovaginale (sonde dans le vagin), elle sert à dater précisément la grossesse, à s’assurer que le fœtus est correctement situé dans l’utérus, à connaître le nombre de fœtus et à localiser le placenta. En mesurant l’épaisseur de la nuque du bébé, le médecin ou la sage-femme échographiste peuvent suspecter la trisomie 21 et proposer un dépistage à confirmer ou infirmer par un caryotype.
La deuxième échographie
Elle a lieu entre 20 et 22 SA. Via une sonde glissant sur l’abdomen, l’échographiste passe en revue tous les organes du fœtus pour voir s’il n’y a pas d’anomalies anatomiques ou fonctionnelles. Différentes mesures du squelette sont établies et comparées à des valeurs de référence afin de déceler un éventuel retard de croissance. Et pour le fun, on peut découvrir le sexe de bébé.
La troisième échographie
Elle est prévue autour de 32 SA : abdominale, elle permet d’évaluer la croissance du fœtus, son positionnement (il a souvent déjà la tête en bas) et la quantité de liquide amniotique. Elle permet aussi de contrôler la localisation du placenta et sa maturité, de faire une estimation pondérale et de dépister d’éventuelles malformations tardives. En cas de soucis, d’autres échographies peuvent être réalisées.
Des prélèvements vaginaux, pourquoi faire ?
Fortement recommandé par le Collège National de Gynécologie-obstétrique, autour de la 35ème semaine d’aménorrhée ce dépistage cible le streptocoque B que l’on retrouve chez moins de 10 % des femmes enceintes. Souvent à l’origine de maladies néonatales graves, cette bactérie ne peut être traitée durant la grossesse. Le traitement antibiotique est alors administré au début du travail.
La hauteur utérine, pourquoi la mesurer ?
Chaque mois, votre sage-femme ou le gynécologue mesure la hauteur entre le pubis et le fond de l’utérus pour apprécier la croissance du fœtus. S’y associent parfois une mesure du tour de votre taille (périmètre ombilical) et une palpation de votre abdomen pour vérifier que la quantité de liquide amniotique est suffisante. Cette palpation détermine à partir du septième mois la position et la présentation du fœtus.
Le toucher vaginal
En début de grossesse, le toucher vaginal (TV) permet au praticien d’évaluer les caractéristiques de l’utérus : son volume, sa situation, si le fond est situé en avant (utérus antéversé) ou au contraire basculé vers l’arrière (utérus rétroversé). Depuis 2008, le corps médical a admis que le toucher vaginal n’a pas d’intérêt à être systématique en cas de grossesse physiologique et qu’il ne permet pas d’apprécier de manière certaine un risque d’accouchement prématuré, contrairement à l’échographie du col. Mais les pratiques diffèrent selon les praticiens. En cas de dépassement du terme (41 SA), le TV est pratiqué toutes les 48 heures pour évaluer l’évolution du col, associé à un monitoring pour évaluer la nécessité ou pas de déclencher l’accouchement.
La consultation d’anesthésie avant l’accouchement
Elle se déroule au cours du huitième mois, que vous ayez choisi ou non une péridurale. En effet, en cas de complication à l’accouchement, il faut être prêt à l’éventualité d’une anesthésie générale en urgence. Poids, tension artérielle, état du dos en vue d’une pose de cathéter, antécédents médicaux et chirurgicaux sont des données indispensables pour l’anesthésiste. Au cas où…
Sources :