Hello, moi c’est Honorine, une fidèle lectrice de Neuf Mois. Je tenais sincèrement à témoigner afin de partager avec vous mon histoire… Celle de la disparition de mon conjoint pendant ma grossesse, une chose très compliquée à gérer. Voilà il fallait que je pose les mots car la perte de mon homme a chamboulé ma vie.
Non, il ne s’est pas enfui en délaissant la future maman. Il se serait endormi au volant, et il a perdu la vie à la suite d’un accident de la route.
Un accident de la route
C’était le 12 janvier 2015, au petit matin dans notre maison de Rouen, les gendarmes sont venus m’annoncer que mon compagnon avait trouvé la mort. Ils ont supposé qu’il s’était endormi au volant alors qu’il était seul dans la voiture et lors de l’accident. J’étais alors enceinte de 16 semaines. J’ai 27 ans et lui avait 29 ans. C’est notre premier enfant.
On attendait d’avoir une stabilité financière (un CDI pour monsieur), un confort matériel (appartement et voiture) pour mettre en route notre bébé, que nous puissions être prêts.
Un bébé de l’amour
Je suis tombée enceinte le 9 septembre 2014. On était sur un nuage et en même temps on appréhendait l’avenir, on allait devenir parents.
Le premier trimestre a été houleux à cause des petits soucis le matin. Nausées, mal des transports, fatigue, sautes d’humeur, douleurs, j’étais désagréable. Mais heureusement j’avais le chéri le plus doux et le plus patient du monde qui me supportait et passait sur mes envies, mes caprices. J’étais traitée comme une reine.
Profiter de la grossesse
Une fois le premier trimestre passé je me suis dit les soucis sont terminés, je vais pouvoir profiter pleinement de ma grossesse. Malheureusement quelques semaines après s’est déroulé ce que j’appelle « le drame ». Je n’ai rien compris. Je suis passée d’un état de bonheur intense, de joie de vivre à un état de désarroi, de chagrin, de douleur profonde, de tristesse absolue.
La fin d’un monde
Mon monde s’est écroulé, je ne vivais plus, je survivais. Mes journées étaient remplies de pleurs, de larmes et de chagrin. J’ai vécu ma grossesse tout en étant en deuil. Je devais être heureuse de ma grossesse, mais au lieu de cela, je pleurais sans cesse. Malgré l’aide des psychologues, j’avais du mal à penser à ma grossesse et à moi-même.
Puis il y a eu l’échographie du deuxième trimestre, du troisième trimestre, bébé prenait plus de place et je sentais ses mouvements de plus en plus.
La vie continue
J’ai commencé à remonter la pente en avril quand j’étais au septième mois. Le fait de sentir bébé bouger, de voir les échographies, de suivre les cours de préparation avec la sage-femme.
Bébé va bientôt arriver, notre petite fille est le fruit de notre amour, mon souvenir de lui. Elle aura besoin de moi, elle est ma force et mon courage. Ma fille sera ma lumière, il faut que je me batte pour elle, il faut que je reprennes le dessus.
Bébé attendu avec impatience
Après 37 SA, je comptais les jours. J’attendais l’arrivée de bébé avec impatience. Je savais qu’elle pouvait arriver sans danger. J’ai finalement accouché le 6 juin à 40 SA. Je précise le 40SA parce que l’attente a été très longue depuis 37SA mi-mai. Aujourd’hui elle est là avec moi, près de moi. Ma fille est mon unique amour, mon univers, ma joie de vivre.
Un manque avec lequel il faut vivre
Son père me manque énormément, ce n’est pas facile pour moi tous les jours. J’ai toujours mal, je souffre de son absence mais bébé comble beaucoup de vides. À chaque fois que je la regarde, je vois son père et je souris. Même s’il n’est plus là, noter fille, elle, est là et elle aura besoin de moi.
C’est elle qui m’aide tous les jours à faire mon deuil, à avancer : « Aurielle mon petit ange, ton père t’aimais plus que tout et moi je t’aime de tout mon être. »