La maternité a son lot de désagréments. En voici un que l’on oublie souvent : le torrent de conseils malavisés venus de proches, d’amis ou d’inconnus. Les phrases assassines, qui font douter, culpabiliser et qui font même parfois peur, c’est le quotidien de toutes les femmes enceintes ou jeunes mamans. Quand il s’agit de maternité, on donne son avis, sans vraiment attendre d’y avoir été invité. Du projet d’accouchement, à l’allaitement en passant par les modes de garde… Les mères ont parfois l’impression d’être surveillées, infantilisées. Bien que ces suggestions viennent souvent d’une « bonne intention », l’enfer en est pavé. Il faut donc apprendre à se protéger. Voici quelques clefs.
Soyez attentives aux phrases assassines !
Pour pouvoir se préserver il faut d’abord savoir reconnaître ces phrases dont il faut se méfier. Soyez attentives à la tournure des phrases, aux sous-entendus. Vous avez certainement déjà entendu des expressions du type : « ne focalisez pas votre attention sur la douleur », « si je peux me permettre… ce n’est pas conseillé pendant la grossesse » ou encore « il est préférable pour votre enfant de faire comme ceci ou comme cela ». Surtout si ces « bons conseils » viennent de personnes qui ne vous connaissent pas, ou peu et qui n’ont aucune idée de pourquoi vous faites les choses comme vous les faites, tourner votre attention ailleurs !
Les antiphrases
Ce sont les plus simples à repérer : « je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas mais… » « sans vouloir être désagréable… » etc. Des tournures de phrases qui permettent à l’autre de s’autoriser à donner son avis, à critiquer et même à juger ouvertement le comportement des autres. Le plus simple est encore de répondre « non effectivement vous ne pouvez pas vous permettre » et de tourner les talons !
Les négations
« Ne stressez pas !», « N’ayez pas peur », « Ne vous concentrez pas sur votre envie de pleurer » … Essayez, pour l’expérience, de ne surtout pas penser à un éléphant rose. Et oui ! Le cerveau n’entend pas les négations. Pour ne pas penser à quelque chose, le chemin mental vous amène d’abord à… y penser ! Vous pouvez imaginer mettre une croix dessus, l’imaginer s’envoler dans un tourbillon, vous avez forcément eu l’image de l’éléphant rose dans la tête. C’est le même schéma pour la peur, le stress et la douleur… Pour vous protéger, transformez mentalement ces phrases en une tournure positive « Soit détendue », « Reste calme », « concentre ton attention sur la respiration » etc.
Les conseils quand on n’avait rien demandé !
« Donne-lui un sein à chaque tété » « tu devrais lui donner les deux seins 10 min à chaque fois » « mets des bouts de sein » « ne mets surtout pas de bout de sein… »… C’est à s’en arracher les cheveux !
Surtout s’ils incluent l’idée que ce n’est pas la « bonne » façon de faire et vous font culpabiliser. La grossesse est une période où il est normal de se questionner, de chercher à faire de son mieux. Vous n’êtes pas seule, s’entourer de personnes de confiance, qui vous accompagneront, vous guideront, et répondront à vos questions est aussi primordial. Votre partenaire, votre sage-femme, votre ostéopathe, un(e) ami(e), votre professeur de yoga… Les bonnes personnes ce sont aussi celles qui savent écouter, sans juger. Si vous doutez de comment aborder tel ou tel sujet ou si vous ne savez simplement pas, posez vous-même la question. Un conseil est toujours le bienvenu lorsqu’il est attendu, demandé et bienveillant.
Les jugements de valeur
« L’accouchement c’est terrible, tu n’y arriveras jamais sans péridurale » ou l’inverse « Quoi ? Tu veux une péridurale, tu choisis le confort ? » « Tu préfères mettre ton enfant à la crèche ? Tu ne penses qu’à ta carrière ! » On dit stop !
Vos choix ne regardent que vous et votre famille. Faites-vous confiance. Il s’agit bien là de votre corps, celui avec lequel vous vivez depuis toujours. Vous savez donc forcément mieux comment ce dernier fonctionne et connaissez votre bébé sans doute mieux que personne. Vous n’êtes pas une enfant qu’il faut surveiller et à qui il faut tout expliquer. Vous êtes une maman en devenir, une femme qui sait prendre ses propres décisions.
Déculpabilisez
Comme le suggérerait le philosophe Fabrice Midal « foutez-vous la paix » ! Oui vous ferez certainement des erreurs et non personne n’est parfait. La maternité doit rester loin des compétitions de la meilleure maman. Personne ne distribue de points à la fin de la journée. Vous n’avez en aucun cas à justifier vos choix durant votre grossesse et encore moins après. Vous en connaissez les raisons intimes et avez le droit de les garder pour vous, pour votre famille.
Bref votre corps, votre intimité, vos décisions.
Un peu de lecture :
Le guide féministe de la grossesse
Enceinte, et si on se disait tout ? Mon guide de grossesse sans tabou