On dit que les conseilleurs ne sont pas les payeurs ! Depuis qu’on est enceinte, chacun y va de son couplet pour nous conseiller tout et n’importe quoi. Allez savoir pourquoi la chanson tourne à la rengaine… Neuf Mois vous propose en variation un petit refrain : « Vrai ou… même pas vrai ! », orchestré par Evelyne Cosquer-Féry, sage-femme libérale.
Il est interdit aux femmes enceintes de prendre l’avion dès le 6e mois.
Faux. Même si ce n’est pas le moyen idéal de voyager pour la femme enceinte (en existe-t-il seulement un ?), l’avion n’est pas déconseillé aux futures mamans tant que leur grossesse se déroule normalement. La plupart des compagnies aériennes acceptent à bord les femmes enceintes jusqu’à la trente-sixième semaine (8e mois). Au-delà, il faut un motif impératif et un accord médical de transport aérien délivré par le médecin. Par principe de précaution, certaines compagnies réclament d’ailleurs ce précieux sésame quel que soit le stade de la grossesse, et en tout cas, dès qu’elle est bien visible. La principale contre-indication tient au risque de phlébite occasionné par la station assise longue durée et la pressurisation. C’est pourquoi toutes les femmes enceintes – et les autres par confort – devraient porter des collants de contention pendant le vol.
Enceinte, le sport est un plus pour la santé morale et physique.
Vrai. Contrairement à ce qu’en pense les bonnes âmes, il n’y a pas de contre-indication à faire du sport quand on est enceinte. Ce serait même plutôt conseillé, cette activité étant liée à une alimentation équilibrée. Evidemment, vous n’allez pas courir le marathon de New York, mais tant que votre grossesse se déroule sans problème, il n’est pas interdit de pratiquer la randonnée, la natation ou le vélo. Seuls les sports de contact (judo, boxe…), nécessitant une apnée (plongée sous-marine) ou pouvant occasionner des chutes (escalade, équitation….) sont interdites. De même, la rando en montagne à plus de 1500 m est à éviter au premier trimestre car la gêne respiratoire générée par l’altitude peut avoir des conséquences sur la formation de l’embryon. Les activités sportives occasionnant un piétinement important (footing, tennis, squash…) ne sont pas recommandées car cela provoque des oedèmes des jambes. Et celles-ci ont déjà suffisamment de raison d’enfler, ce n’est pas la peine d’en rajouter !
Il existe 700 hommes sages-femmes en France
Vrai. Depuis 1982, les écoles de sages-femmes ont ouvert leurs portes aux garçons. Même si la question de trouver un nom plus approprié aux fonctions exercées par ces messieurs a été envisagée, finalement, il a été décidé de garder l’appellation d’origine, qui ne concerne pas tant la sagesse des dames pratiquant la profession que le savoir des choses relevant de la vie des femmes. Les hommes sages-femmes sont aujourd’hui environ 700 en France. Un chiffre en constante augmentation.
Avant 12 semaines, le sexe du bébé n’est pas déterminé
Faux. Les organes génitaux ne commencent à s’élaborer qu’à la fin du premier trimestre de la grossesse, soit douze semaines en effet et c’est pourquoi l’échographiste ne peut diagnostiquer le sexe du bébé qu’à partir de la fin du premier trimestre. Mais les dés sont jetés dès le jour de la conception de l’enfant. C’est le père qui détermine l’identité sexuelle de l’enfant puisque les chromosomes sexuels peuvent être X ou Y chez l’homme, tandis qu’ils sont toujours X chez la femme. Après la rencontre entre l’ovule et le spermatozoïde, le couple XX donne naissance à une fille et le XY à un garçon.
Le travail est plus rapide pour le deuxième enfant
Vrai. Lors du premier accouchement, la dilatation du col de l’utérus évolue généralement au rythme d’un centimètre par heure, et elle doit être précédée de son effacement. C’est pourquoi le travail dure une dizaine d’heures. Pour la naissance suivante, le col de l’utérus est déjà entraîné à la dilatation et il résiste moins. De plus, celle-ci peut se produire sans que le col soit complètement effacé. Statistiquement, le cadet naît en trois heures de moins que l’aîné. Mais il en est de ce point comme de bien d’autres… parfois, la nature n’en fait qu’à sa tête !
Aujourd’hui, les femmes de 40 ans sont en meilleure santé qu’autrefois et la grossesse ne présente pas autant de risques qu’autrefois
Faux. Les statistiques montrent qu’il existe un taux élevé de fausses couches pendant le premier trimestre chez les femmes de 40 ans et plus. A cela, s’ajoutent les risques de malformations chromosomiques s’élevant avec l’âge de la mère. C’est pourquoi une amniocentèse est recommandée après 38 ans, mais pas toujours, car l’amniocentèse présente des risques de fausse couche. Embêtant, à un âge où concevoir un enfant n’est pas si évident ! Certaines pathologies, dont l’hypertension, le diabète et les complications vasculaires et rénales, sont plus fréquentes lors d’une grossesse tardive. La réduction des risques et de la mortalité en couches vient surtout de l’évolution de la technologie qui permet un meilleur dépistage des anomalies. Même en meilleure santé qu’autrefois, les quadragénaires enceintes ne peuvent pas faire l’économie d’un suivi de grossesse plus lourd qu’une trentenaire. En revanche, fortes de leur maturité, elle peuvent être mieux armées psychologiquement pour faire face aux désagréments et aux contraintes.
La jaunisse des nouveau-nés, rare, prédispose aux maladies du foie
Faux. Cette jaunisse apparaît environ 36 heures après la naissance. Elle concerne un nouveau-né sur deux et neuf bébés prématurés sur dix. Curieusement, les garçons y sont plus prédisposés que les filles. Le plus souvent, c’est un phénomène bénin, qualifié d’ictère physiologique qui vient d’un excès de bilirubine que l’on peut mesurer. La pigmentation jaune de la peau est due à l’immaturité du foie qui ne fabrique pas encore une enzyme capable d’éliminer la bilirubine. Une simple photothérapie (traitement par la lumière) vient à bout de la plupart des ictères en quelques jours. Plus rarement, le bébé peut présenter un ictère au bout de quelques semaines d’allaitement car le lait maternel peut troubler le mécanisme de la bilirubine. Le simple chauffage du lait supprime cette « intolérance ». Il existe d’autres formes d’ictères rares et pathologiques, comme en cas d’incompatibilité sanguine fœto-maternelle. Dans ce cas, l’excès de bilirubine est dû à la destruction excessive des globules rouges et le nouveau-né présente une forte anémie. L’enfant a besoin d’une prise en charge médicale plus lourde, avec une photothérapie intensive.
Faire appel à l’ostéopathie en cas de constipation pendant la grossesse, c’est appeler le rebouteux à son chevet
Faux. La constipation est fréquente en fin de grossesse car l’action de certaines hormones sur les muscles de la paroi intestinale perturbe souvent le transit. De plus, l’utérus appuie de plus en plus sur les intestins. L’ostéopathe – profession reconnue et encadrée depuis 2004 – va stimuler les endroits concernés afin d’aider le corps à fonctionner de nouveau normalement. L’intérêt de la méthode, c’est que l’ostéopathe travaille par pressions et massages, ce qui évite le recours aux médicaments. Et beaucoup de gynécologues et sages-femmes, deux professions médicales, ne sont pas les derniers à envoyer leurs patientes en cas de besoin chez un ostéopathe.
Si j’ai une césarienne, pas besoin de perdre du temps à rééduquer le périnée, youpi
Faux. La rééducation périnéale est préférable de toute façon car pendant la grossesse, le périnée souffre car il est sollicité par le poids du bébé, du liquide amniotique et du placenta. La rééducation du périnée commence dès l’accouchement avec de petits exercices de bascule du bassin que la sage-femme ou le kiné vient vous expliquer dans votre chambre et se poursuit par un travail plus ciblé chez une sage-femme libérale ou un kinésithérapeute spécialisé en uro-gynécologie dès la fin de la sixième semaine qui suit l’accouchement. Depuis décembre 2015, le Collège National des Gynécologues-Obstétriciens ne recommande plus la rééducation systématique du périnée, arguant qu’elle ne serait finalement pas si efficace que ça. Mais elle n’est pas interdite pour autant. Donc si vous constatez des fuites urinaires, vous pouvez la demander à votre gynécologue ou à votre sage-femme. Pas de raison, en principe, qu’il vous la refuse, surtout si vous êtes sportive (eh oui, le sport, parfois, n’est pas tendre avec votre périnée !)
Le dépassement du terme ne présente aucun risque
Faux. Le terme de la grossesse est établi à 41 semaines d’aménorrhée plus 3 jours. Au-delà, le placenta remplit moins bien son rôle : bébé est mal oxygéné, mal alimenté et les déchets qu’il rejette ne sont plus éliminés correctement. Quant au liquide amniotique, il diminue au fur et à mesure que le bébé grossit ! C’est pourquoi les femmes enceintes dépassant 41 semaines d’aménorrhée bénéficient d’une surveillance du rythme cardiaque de l’enfant et de l’état du liquide amniotique tous les deux jours. Souvent, la décision de déclencher l’accouchement est prise par le médecin entre 41 et 42 SA.
Sources :