Gilles Vaquier de labaume, vous commencez à le connaître, c’est l’un de nos super papas aux super pouvoirs sur Neuf Mois. Pour aider d’autres pères, Gilles a eu la brillante idée d’écrire un livre au top pour leur faire part de son vécu et leur offrir des conseils précieux. Ici, Gilles a désiré vous parler de « l’équilibre du papa ». Comment construire sa place au sein de la famille, auprès de sa conjointe, comment apprivoiser ce rôle de père, le gérer, et comment prendre soin de vous, parce que oui ça aussi c’est hyper important. Gilles tu nous en dis plus avec l’un des extraits de ton livre « Mes premiers pas de papa » ?
Nous pourrions forcer un peu le trait en disant qu’un papa construit sa place ou rate la première marche de l’escalier familial. Votre rôle est très important, mais il vous faudra, pour le jouer, veiller à être vous-même dans un bon équilibre intérieur. Si c’est le sport qui vous détend et vous procure une sensation de bien-être, n’hésitez pas, bougez ! L’équilibre familial suppose le bonheur de chacun. En deux mots, préparez-vous vous aussi, prenez soin de vous, soyez en forme, veillez à votre alimentation, à votre sommeil, à votre gaieté, à votre équilibre… Profitez de ces derniers moments à deux pour garder votre enthousiasme intact et anticiper l’arrivée de votre bébé. Si vous vous sentez fatigué, stressé, parlez-en à votre médecin, faites un bilan, prenez vos responsabilités et les devants pour être fin prêt le grand jour. Surtout, ne pensez pas que vous êtes quantité négligeable, que tout doit être mis en place pour favoriser l’équilibre de la future maman en ignorant le vôtre. La famille serait bancale dès le départ. Être à l’écoute de votre compagne ne suppose pas que vous devez taire vos doutes, vos angoisses, que vous devez faire passer à la trappe vos propres besoins. Quels besoins ? De reconnaissance par exemple, de soutien, d’écoute. Ouvrez-vous, parlez à votre compagne. Vous pouvez partager avec elle bien des choses, et même lui formuler des demandes qui à vos yeux sont importantes. Mettez-y les formes, évidemment, mais ne gardez pas vos inquiétudes pour vous.
Envisager sa nouvelle vie et baliser le terrain
C’est une nouvelle vie qui s’annonce pour vous et votre famille. En attendant le grand jour, vous pouvez anticiper les choses dans bien des domaines, définir avec votre compagne votre projet de famille, réfléchir à vos congés ou encore prévoir le mode de garde de votre futur bébé.
Définir un projet de famille
Le futur papa qui reste sur le côté de la route en attendant que les choses se passent toutes seules prend de sacrés risques. En effet, comme nous le disons souvent à l’Atelier du Futur Papa, nous avons vite fait de nous retrouver
sur la même route, mais dans des véhicules différents, des véhicules qui peuvent prendre la prochaine sortie… Vous ne pouvez pas vous lancer dans cette nouvelle aventure en faisant l’économie d’un objectif de vie de famille harmonieuse. Bien entendu, cela suppose le changement psychologique et comportemental nécessaire à toute nouvelle situation. L’anticipation est cruciale, raison pour laquelle ces formations à destination des futurs et des nouveaux papas existent. L’idée est de leur offrir un espace d’apprentissage et de réflexion qui prépare l’avenir et qui soit profitable à la cellule familiale. Il faut viser haut, avoir de l’ambition pour soi et pour les siens, puis tâcher de rester au plus près de cette ligne de conduite… avec une bonne dose de philosophie et d’humour, une vision à long terme au quotidien ! Il faut donc que vous réfléchissiez à votre nouvelle vie, mais pas tout seul dans votre coin avec un livre — celui que vous tenez en ce moment même — ou avec d’autres papas lors d’un stage. Vous l’aurez compris, il faut que vous réfléchissiez… à deux. Ainsi, n’hésitez pas à parler avec votre compagne de votre future vie de famille au cours de ces neuf mois. Évoquez l’organisation de la maison, mais aussi les méthodes d’éducation à envisager. Par exemple, réfléchissez avec elle à la façon dont vous voulez instaurer ce cadre rassurant fait de limites pour votre enfant. Mieux vaut ne pas attendre qu’il ait 8 mois pour lui dire fermement non alors qu’il s’apprête à descendre un escalier à quatre pattes ! Il est largement préférable que cette mise en garde s’effectue en amont.
Quelques sujets à aborder en attendant la naissance
Ils sont nombreux. En voici quelques-uns, des simples comme des plus profonds…
• Voulez-vous autoriser ou limiter les visites à la maternité ?
• Voulez-vous prendre les 11 jours prévus par le congé paternité dans la foulée des 3 jours ou attendre un peu ?
• Où voulez-vous faire dormir votre bébé, dans votre chambre ou dans la sienne directement ?
• Quel type d’accouchement aimeriez-vous ? Plutôt naturel ?
• Votre compagne souhaite-t-elle une péridurale ?
• Comment envisagez-vous l’allaitement ?
• Êtes-vous pour ou contre le pouce ? La tétine ?
• Comment pouvez-vous sécuriser votre domicile ?
• Souhaitez-vous suivre les principes du maternage (l’écoute active et permanente des besoins de l’enfant pour une relation sécurisante) ?
• Quelles pratiques envisagez-vous pour l’éveil de votre bébé ?
• Devez-vous changer de voiture ? Prévoyez-vous de faire des travaux ?
Quel modèle éducatif aimeriez-vous transmettre ?
Évidemment, vos réponses ne seront pas gravées dans le marbre et vous devrez probablement les repenser à l’arrivée de votre bébé pour mieux les adapter, mais cette façon de vous interroger et de poser les bases de votre nouvelle famille vous permettra d’échanger et de vous accorder. Ce sentiment d’être un ensemble, d’oeuvrer ensemble, doit se développer chez chacun des deux parents. C’est important, tant pour la mère que pour le père, puisqu’il faut au moins être deux pour s’occuper d’un enfant et s’épanouir mutuellement. Cela vaut aussi pour les couples séparés, qui devront passer un pacte de non-agression. Certes, la situation peut se révéler conflictuelle, et un rapport de force, s’instaurer. Les parents se disputent alors sur les horaires, la façon d’élever leur enfant, de l’habiller, de le nourrir… Pourtant, il convient d’être extrêmement vigilant et de ne jamais se disputer devant l’objet de toutes les attentions, qui ne doit pas devenir un objet de négociation ou de chantage affectif. L’adulte doit prendre ses responsabilités et savoir différer ses reproches, après avoir veillé à faire la distinction entre ses propres frustrations ou déceptions et l’intérêt du bébé. Ce conseil est aussi valable pour les couples vivant sous le même toit, bien sûr.
Parfois, les futurs pères de famille n’anticipent pas vraiment les choses, se disant que la chance et leur compagne feront le job. C’est faux. Laisser la maman gérer seule le quotidien comme les grandes décisions, c’est la pousser, sans le vouloir, vers le burn out parental. De nombreuses femmes s’effondrent, submergées par une charge mentale trop lourde. Un papa ne peut pas rester les bras ballants en attendant que sa compagne s’occupe de tout.`
Il est vrai que certaines jeunes mamans vont parfois, consciemment ou non, faire barrage à cet investissement trop zélé de leur conjoint, considérant que ce qui touche à l’enfant relève forcément de leurs compétences maternelles. Ce sera à vous de faire changer de point de vue votre compagne. Vous devrez alors lui montrer que, oui, vous êtes capable de changer votre bébé et de lui donner le bain. C’est ainsi que vous gagnerez sa confiance et ouvrirez le champ des possibles. La place des pères est beaucoup plus importante que ce que l’on veut bien nous faire croire. La valorisation du rôle de père viendra des petites actions répétées au quotidien, tant auprès de l’enfant qu’auprès de la maman. Les pères doivent se réinventer au fil du temps, et ils ont pour cela besoin d’être encouragés.
Extrait du livre « Mes premiers pas de papa » => On clique ici si on a envie de livre et de dévorer tout le livre de Gilles
Solar éditions
Gilles Vaquier de labaume
Fondateur de l’Atelier du futur papa
www.atelierdufuturpapa.com
Dessin de Léna Piroux
Pour retrouver les extraits du livre de Gilles sur Neuf Mois, rendez-vous juste en-dessous :