
Publiée dans la revue scientifique Fertility and Sterility, cette étude pourrait bien marquer une avancée majeure dans la prévention contre les fausse couches. Menée par une équipe de chercheurs américains de l’école de médecine Yale et l’Université de l’Illinois, elle montre qu’en administrant de la progestérone trois jours avant l’ovulation, les risques de décès périnatal diminueraient significativement chez les femmes qui connaissent des pertes répétées.
Une cause sur deux reste encore inconnue
Selon l’American Society for Reproductive Medicine, près d’une grossesse sur dix se solde par une fausse couche. En cause ? Les scientifiques évoquent notamment l’influence de la génétique, l’âge, les défaillances hormonales, le mode de vie et des soucis au niveau de l’utérus. Pourtant, encore aujourd’hui, 50 % des causes restent inconnues. Dirigées par le Dr Mary D. Stephenson, Professeur d’obstétrique et de gynécologie à l’Université de l’Illinois, les toutes nouvelles recherches ont examiné le rôle de la progestérone dans la grossesse. Après avoir exclu d’autres causes, les scientifiques ont choisi 116 femmes qui avaient inexplicablement fait deux fausses couches ou plus entre 2004 et 2012, à plus de 10 semaines de grossesse.
Une défaillance hormonale
Pour l’étude, les chercheurs ont analysé l’endomètre des participantes. L’endomètre est la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus. Cette muqueuse joue un rôle crucial dans l’acheminement de nutriments vers le fœtus et est essentielle le bon déroulement de la grossesse. Dans leurs tests, l’équipe a examiné un marqueur moléculaire de l’endomètre appelé nCyclinE. Les niveaux anormalement élevés du marqueur indiquent que la grossesse est susceptible d’échouer, tandis que les niveaux normaux suggèrent qu’elle est susceptible de réussir. Sur les 116 femmes, 59 avaient des niveaux élevés de nCyclinE et 57 avaient des niveaux normaux. Les femmes ayant un taux élevé de nCyclinE ont reçu un traitement avec de la progestérone naturelle à raison de 100 à 200 mg de progestérone toutes les 12 heures, administrée par voie vaginale, 3 jours avant l’ovulation. Les autres femmes constituaient le groupe témoin.
La progestérone, vecteur de succès pour la grossesse
Les résultats étaient prometteurs. Dans le groupe qui a reçu le traitement, le taux de succès de grossesse s’est amélioré significativement. Avant de recevoir le traitement, le groupe avait un taux de réussite de 6 %. Après l’administration de progestérone, il est passé à 69 %. Dans l’ensemble, le taux de réussite de la grossesse était également plus élevé chez les femmes traitées avec de la progestérone, comparativement au groupe témoin dont les chances de succès étaient de 51 %. Bien qu’il ne s’agisse encore que d’une étude, les chercheurs émettent l’hypothèse que la progestérone stimule les sécrétions de l’endomètre, lesquelles alimentent à leur tour l’embryon. « L’endomètre alimente le bébé jusqu’à la huitième semaine de grossesse », a déclaré Dr Harvey J. Kliman, co-auteur de l’étude. Les résultats positifs sont un bon début, néanmoins, de nouvelles études seront nécessaires pour valider le processus.