
Obstétriciens, gynécologues ont parfois recours à un vocabulaire un peu barbare, qu’on a des fois du mal à décrypter. Si on vous prévient que vous allez recevoir une perfusion d’ocytocine, vous ne savez pas forcément ce que cela signifie… Le Docteur Philippe Deruelle, chef du pôle Gynécologie-obstétrique et Fertilité du CHU de Strasbourg et secrétaire du CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens français) nous révèle tout de cette hormone fascinante !
Qu’est-ce que l’ocytocine ?
Il s’agit d’une hormone naturelle produite par l’hypothalamus. Elle passe par l’hypophyse et se dirige dans la circulation sanguine générale vers différents organes. Citons l’utérus ou les glandes mammaires.
Quel est son rôle ?
On lui en connaît plusieurs ! Elle a un rôle physiologique. En effet, elle intervient dans le déclenchement du travail des contractions au moment de l’accouchement, dans l’allaitement également, car elle entraîne la contraction du sein pour libérer le lait. Nommée hormone de l’attachement, elle joue aussi un rôle dans le lien affectif entre l’être humain et le nouveau-né. Elle favorise le sentiment de sécurité et l’apaisement. On l’utilise en synthèse pour déclencher les accouchements, car, associée à une rupture de la poche des eaux, elle amplifie les contractions.
Surtout, elle a un rôle thérapeutique très important de prévention. Par exemple, elle traite de l’hémorragie du post-partum au moment de la délivrance. On l’administre après la naissance de l’enfant. Les experts en France et au niveau mondial la recommande pour limiter le risque d’hémorragie. Son bénéfice dans cette indication est prouvé et n’est certainement pas à remettre en cause. Aujourd’hui environ 85 % des femmes en bénéficient en France, une très bonne chose. Elle est également utilisée pour diriger le travail, pour améliorer les contractions.
L’ocytocine est-elle dangereuse ?
Dans ce dernier cas, on rencontre des problèmes. L’ocytocine est utilisée de manière trop systématique. On sait grâce à des études, notamment celles du Docteur Catherine Deneux Tharaux* qu’il existe un lien entre les doses d’ocytocine injectées au moment du travail et le risque d’avoir une hémorragie de l’utérus après la naissance. Le mécanisme est assez paradoxal, puisque l’ocytocine joue précisément un rôle dans la prévention des hémorragies. Mais au moment du travail, on ne préconise aucune recommandation sur les doses à injecter. L’autre effet de l’injection d’ocytocine, c’est l’augmentation de la fréquence cardiaque et des risques cardio-vasculaires. C’est notre rôle de médecins de réfléchir à une utilisation de l’ocytocine à bon escient.
Entraîne-t-elle des contractions plus douloureuses ?
Quand on déclenche un accouchement, effectivement, les contractions peuvent être plus fréquentes ou plus intenses. En général, les femmes sont prévenues et il est conseillé de demander une péridurale.
Sources :