Aujourd’hui, le lait maternel est fortement recommandé par l’UNICEF pour nourrir bébé pendant au moins ses 6 premiers mois de vie. Mais il apparaît que dans certains pays dans le monde la tâche s’avère plus délicate… Ainsi en Égypte, seulement 40 % des nouveau-nés sont exclusivement allaités jusqu’à l’âge recommandé, selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) du ministère de la Santé égyptien publiée en 2014. La plupart des femmes citent le travail comme étant le principal frein à l’allaitement.
» Les femmes égyptiennes sont bien conscientes des avantages et de la nécessité de l’allaitement « , déclare Mona Mina, vice-présidente du Syndicat des médecins au site web égyptien d’informations Mada Masr. » Mais quand elles ont recours au lait infantile, c’est pour des raisons extérieures, la principale étant qu’elles doivent retourner au travail. » Selon elle, la durée de leur congé maternité est bien trop courte.
Augmenter le congé maternité pour permettre l’allaitement
Ahmed Said Younis, secrétaire général de l’Association égyptienne pour la pédiatrie et responsable de l’association Amis de l’allaitement, explique que le collectif pour lequel il travaille essaye de prolonger le congé maternité à six mois, ce qui serait conforme aux recommandations de l’UNICEF pour l’allaitement.
Il y a une heure réservée à l’allaitement maternel prescrite par la loi pour les mères qui travaillent qui n’est souvent pas appliquée. Même dans les lieux de travail qui le permettent, une heure n’est pas suffisante pour que la plupart des femmes rentrent chez elles, nourrissent leur bébé et retournent au travail.
Donner le sein en public : un problème dans les villes
D’autres femmes disent avoir honte d’allaiter en public, surtout dans les villes. « Une fois, j’ai oublié le biberon de mon fils « , se souvient René Edward, maman de 28 ans, « j’ai dû m’asseoir dans un coin sombre d’un magasin pour lui donner la tétée plutôt que de rentrer chez moi et ruiner la sortie « . Elle ne voulait pas allaiter en public parce qu’elle se disait gênée que des gens la regardent. » Honnêtement, je ne vois plus aucune femme donner le sein en public aujourd’hui « , dit-elle.
Après une césarienne, moins de femmes allaitent
L’accouchement par césarienne est une autre raison importante du faible taux d’allaitement en Égypte. Amr Hassan, professeur de gynécologie à la faculté de médecine Qasr al-Aini de l’Université du Caire, explique qu’un taux élevé de césariennes est associé à un faible taux d’allaitement. « En raison de la douleur après l’opération, les mères sont incapables d’allaiter dans les premiers jours après la chirurgie et perdent les premières heures importantes lors de la mise au sein du nouveau-né qui stimule les glandes mammaires. »
Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’Égypte a l’un des taux les plus élevés de naissances par césarienne dans le monde. Les données fournies par l’EDS de 2014 montrent que 52 % des accouchements ne se font pas par voie basse. Pour mémoire, le taux de césariennes, en France, est environ de 20%.
Une mauvaise information
Bien que le lait maternel ait des avantages pour la santé de la mère et de l’enfant, beaucoup d’Égyptiennes pensent qu’il provoque de l’obésité. Dans les zones rurales, beaucoup croient également que l’allaitement conduit au cancer du sein. De plus, certains médecins peuvent conseiller le lait infantile par intérêt commercial. Tous ces facteurs sont autant de raisons qui menacent l’allaitement en Egypte.
