Ben, il était temps, non ? En Belgique, cela fait déjà quelques années que le vaccin contre le rotavirus est non seulement recommandé mais aussi remboursé par l’assurance maladie. Pas folle la guêpe ! L’assurance maladie belge a vite compris l’intérêt d’éviter des milliers d’hospitalisations coûteuses. En France, ça a été plus coton ! Le Comité Technique de Vaccination, dans ses précédentes recommandations, n’avait pas inclus ce vaccin, en raison de (rares) cas d’invagination intestinale constatés.
La preuve par l’étude
Depuis 2009, une étude a été menée à Brest afin d’évaluer l’impact d’une campagne de vaccination des nourrissons contre le rotavirus sur les hospitalisations pour gastro-entérite aiguë à rotavirus dans les unités de pédiatrie du CHU. Pour réaliser l’étude, une vaccination généralisée et gratuite par RotaTeq®, l’un des deux vaccins présents sur le marché, a été proposée de mai 2007 à mai 2009 pour l’ensemble des nourrissons issus du « bassin de naissance » de Brest (4684 enfants ayant au moins reçus 1 dose).
Le principal critère de jugement a été le nombre d’hospitalisations des nourrissons de moins de 2 ans dans les unités de pédiatrie de Brest pour gastro-entérite aiguë à rotavirus au cours de l’épidémie 2008-2009. Les résultats de l’étude ont confirmé l’efficacité et la bonne tolérance du vaccin : à savoir que la vaccination a permis de diviser par deux le nombre d’hospitalisations. Parallèlement, deux cas d’invagination intestinale aiguë ont été notifiés chez les enfants vaccinés… sans oublier quatre cas chez les non vaccinés !
Gare aux maladies nosocomiales à l’hosto
Au vu de ces bons résultats, le Haut Conseil de la Santé publique a donc décidé de recommander la vaccination des bébés, sachant que l’incidence des épidémies de gastro-entérite à rotavirus (15 novembre-15 février) coïncide avec celle des affections respiratoires hivernales. Autrement dit qu’il n’est pas rare qu’un bébé hospitalisé pour une gastro-entérite à rotavirus ne développe à l’hôpital une bronchiolite en raison de la présence du virus dans le service de pédiatrie, la gastro-entérite à rotavirus étant l’une des premières causes de maladies nosocomiales chez les tout-petits.
Bientôt remboursé ?
Donc, désormais, les doutes sont levés : vacciner bébé contre le rotavirus est une précaution nécessaire. Ainsi en convient le Haut Conseil de la santé publique qui s’est rangé à l’avis de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En effet, en 2009, l’OMS a préconisé cette vaccination dans tous les programmes nationaux et pas seulement dans les pays en voie de développement. Ceci étant, pour l’instant, le vaccin n’est pas encore remboursé par l’assurance maladie. Et il n’est pas particulièrement bon marché. Commercialisé par deux laboratoires, son prix oscille entre 51 euros la dose (3 doses nécessaires) et 72€ (deux doses). Et qu’on le veuille ou pas, cette somme reste encore trop élevée pour de nombreux parents.
Sans doute sera-t-il pris en charge pour partie dans quelques temps, mais pour l’instant, c’est le coup de bambou. Mais on peut se consoler en se disant que les parents qui en ont les moyens pourront vacciner leur bébé, ce qui limitera d’autant l’exposition des autres bébés au virus. Et vaccin ou pas, les règles de prévention restent les mêmes : se laver les mains soigneusement à l’eau et au savon avant de prendre bébé dans les bras ou de toucher des objets qu’il pourra lui-même toucher. Et avoir toujours des sels de réhydratation orale (remboursés par la Sécurité sociale) dans son armoire à pharmacie, pour enrayer la déshydratation du nourrisson, générée par une diarrhée importante.