Après quelques polémiques autour d’études déconseillant l’utilisation de « faux sucre » pendant la grossesse courant 2012, l’ANSES* a finalement rendu un avis favorable quelques mois plus tard, estimant que divers facteurs étaient à prendre en compte dans la prématurité, mais en relativisant l’intérêt nutritionnel de ces produits. De nouveau, en janvier 2015, l’ANSES expliquait que les édulcorants intenses n’avaient pas fait la preuve de leur efficacité pour le contrôle du poids, la seule issue à encourager étant la réduction de l’appétence pour le goût sucré, par des habitudes diététiques privilégiant les aliments naturels, sans ajout de sucre si possible depuis l’enfance. Mais si vous êtes accro à la petite douceur, en l’état des connaissances, consommer un édulcorant pendant la grossesse reste cependant possible. Les explications du Dr David Elia, gynécologue, face à ces effets d’annonces.
Un édulcorant, c’est quoi au juste ?
Les édulcorants sont des substances très diverses que l’on utilise comme additifs alimentaires. Par ailleurs, ils ont pour particularité d’avoir un pouvoir sucrant très fort tout en apportant peu de calories. Les édulcorants sont d’origine chimique ou végétale. On trouve parmi eux l’aspartame, l’extrait de stévia par exemple.
En effet, ces additifs sont particulièrement surveillés par l’ANSES et font l’objet de réévaluations régulières. Les édulcorants peuvent être une alternative au sucre pour les personnes diabétiques, mais en quelques années, l’utilisation des édulcorants est surtout devenue un argument marketing pour vendre des produits dits « lights ».
Pourquoi tant d’informations contradictoires sur les risques de prématurité causés par des édulcorants ?
Ces informations reposent sur des études épidémiologiques, qui peuvent être incertaines statistiquement. Ce type d’étude consiste à observer des populations – ici les femmes enceintes – soumises à une exposition – les édulcorants – dont on étudie les effets sanitaires.
L’épidémiologie ne dit pas quelle est la cause des maladies. Mais elle identifie les facteurs qui agissent sur la probabilité de leur survenue. Ces études n’établissent pas de lien de causalité entre la pathologie et un éventuel facteur de risque. Seules les études randomisées, en double-aveugle contre placebo, produisent des résultats dont la méthodologie ne peut être remise en question.
Les conclusions de la dernière étude sont-elles définitives ?
Enfin, la dernière étude conclut que d’autres facteurs, médicaux, diététiques, comportementaux ou socio-économiques, peuvent contribuer à augmenter le risque d’accouchement prématuré. Ces conclusions, loin d’être une fin en soi, sont une incitation à poursuivre les recherches.
En attendant, ne culpabilisez pas si vous craquez occasionnellement sur un produit contenant des édulcorants. Si vous souffrez d’un diabète, l’utilisation d’édulcorants pendant la grossesse n’est pas contre-indiquée. Si vous avez un penchant pour les saveurs sucrées, rien ne vous empêche occasionnellement de déguster des petites douceurs ; ne boudons pas le plaisir gustatif !
*Agence nationale de Sécurité sanitaire de l’Alimentation, du Travail et de l’Environnement.