L’infertilité concerne près d’un quart des couples (enquête Inserm). Alors pour soutenir et informer ces couples en difficulté, des associations se mobilisent pour trouver des solutions. Le collectif BAMP est une association, reconnue d’intérêt général, qui souhaite fédérer des patients de l’Assistance Médicale à la Procréation (AMP)et des personnes infertiles. Elle a pour but de témoigner, informer et agir sur les différents aspects de l’infertilité et de l’AMP. Accompagner et soutenir les personnes infertiles, les donneurs et les donneuses de gamètes. Assurer des fonctions de représentativité dans le cadre de la démocratie sanitaire. Mais outre son rôle d’information et d’écoute, le collectif BAMP se mobilise aujourd’hui pour voir aboutir les 48 propositions de son manifeste pour améliorer la prise en charge de l’infertilité et de l’AMP en France. Explications avec la co-fondatrice de l’association collectif BAMP, Virginie Rio.
L’Association BAMP, qui est-elle ?
L’association est récente, elle a été créée en 2013. Son objectif principal est de faire entendre les voix des personnes infertiles, qui sont d’abord des patients. L’association est là également pour les informer et les soutenir. Nous nous mobilisons pour faire évoluer l’Assistance Médicale à la Procréation et les représentations, pour faire tomber les tabous qui persistent en France.
En ce moment l’agence de biomédecine lance une grande campagne d’information sur le don de gamètes, qu’en pensez-vous ?
Les campagnes de sensibilisation au don existent depuis plusieurs années, mais depuis deux ans avec une ampleur médiatique plus importante. Elles permettent de donner plus de visibilité à ce sujet et d’augmenter le nombre de donneurs et de donneuses. Cette nouvelle campagne est nécessaire pour que ce sujet soit mieux connu. L’association BAMP est un partenaire naturel de cette campagne de communication. Depuis le début du mois de novembre, nous relayons sur les réseaux sociaux de l’association mais aussi nous mobilisons des gens pour qu’ils mettent des affiches, qu’ils déposent des flyers dans leur entreprise, chez leur médecin. Nous diffusons les visuels de l’agence de la biomédecine, des témoignages, des photos, des textes avec la mise en place de hashtags dédiés, comme par exemple celui-ci : #DesFamillesGraceAuxDonsDeGamètes. Il faut essayer de toucher le plus large public car donner ses gamètes c’est pouvoir offrir une chance à des couples de fonder une famille.
Votre association a publié un manifeste de 48 propositions pour améliorer la prise en charge de l’infertilité, quelle est la proposition qui vous tient le plus à cœur ?
Ces mesures sont toutes essentielles. Mais il faut avant tout améliorer la prise en charge de la PMA, réviser la loi de bioéthique pour l’adapter aux besoins actuels et donner plus de moyens pour lutter contre l’infertilité. Actuellement les délais d’attente pour recevoir un don de gamètes sont beaucoup trop longs. Les remarques portent aussi sur la relation avec le personnel soignant, une relation parfois jugée difficile à cause du manque de temps que le personnel a à consacrer aux couples. Les files actives dans les centres d’AMP sont importantes et l’attente conjuguée à la souffrance des couples aussi.
L’association informe également sur les aides complémentaires pour les couples infertiles, comme l’hypnose. Qu’en est-il de ces médecines complémentaires ?
L’hypnose, l’acupuncture ou l’ostéopathie sont des aides importantes. Ces médecines complémentaires commencent un peu à être reconnues à leur juste valeur. Nous avons une page dédiée pour les thérapeutes qui veulent y mettent leurs coordonnées. Il y a quatre ans, à la création de l’association, de nombreux couples cachaient qu’ils faisaient appel à ces techniques. C’est aberrant. Ces médecines douces permettent d’accompagner le couple et leur offrir un véritable bien être.
Quelles sont les avancées que vous espérez pour l’avenir en matière d’aide à l’infertilité ?
Il y en a beaucoup ! Un meilleur financement et une meilleure considération pour la PMA et la recherche associée à cette dernière. Une révision de la loi de bioéthique qui puisse permettre, par exemple la préservation de la fertilité hors contexte d’infertilité, ou l’accès au screening de l’embryon avant un transfert, pour éviter les échecs répétés. Nous espérons aussi une prise de conscience générale de l’impact de la dégradation de l’environnement sur notre fertilité et celles de nos enfants. La question de la prévention et de l’information vers les jeunes générations au sujet de la fertilité humaine et sa fragilité, nous semble aussi une nécessité. Nous proposons d’ailleurs régulièrement des conférences pour qu’ensemble nous puissions faire avancer les choses.