Le Journal Officiel a publié un arrêté qui autorise l’ouverture de neuf maisons de naissances. Ces structures permettront à des femmes enceintes d’accoucher sans hospitalisation.
Ces Maisons de Naissances (MDN) sont tenues par des sages-femmes libérales. Ces dernières, en tant que professionnelles de santé autonomes, assurent le fonctionnement de la structure et assument l’entière responsabilité médicale. Toutefois, les Maisons de Naissance sont obligatoirement accolées à une maternité afin d’assurer la sécurité de la mère et de l’enfant en cas de souci à l’accouchement. Une Maison de Naissance peut se situer près d’un établissement hospitalier (sans route à traverser) ou être installée au sein d’un hôpital. Les sages-femmes assurent les suivis de grossesse et les accouchements. Ces Maison de Naissance s’adressent exclusivement aux femmes enceintes qui vivent une grossesse sans complication, dite à bas risques.
Encore expérimentales, elles seront présentes sur une large partie du territoire français :
- la société civile de moyens Calm – Maison de naissance, à Paris ;
- l’association Premier Cri, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) ;
- l’association Maison de naissance Doumaia, à Castres (Tarn) ;
- l’association La Maison, à Grenoble ;
- l’association Le Temps de naître, à Baie-Mahault (Guadeloupe) ;
- l’association Joie de naître, à Saint-Paul (La Réunion) ;
- l’association Premières Heures au monde, à Bourgoin-Jallieu (Isère) ;
- l’association Manala, Maison de naissance Alsace, à Sélestat (Bas-Rhin) ;
- l’association Un Nid pour naître, à Nancy.
Des règles strictes pour les maisons de naissances
Le Journal officiel a fixé les règles de fonctionnement de ces maisons de naissance le 30 juillet 2015 : une sage-femme doit être « en mesure de pouvoir intervenir à tout moment, tous les jours de l’année, dans un délai compatible avec l’impératif de sécurité ». De plus, deux sages-femmes doivent toujours être présentes lors des accouchement, en cas d’urgence obligeant un transfert de la maman et du bébé. Les maisons de naissances devront également organiser des dépistages obligatoires de la mucoviscidose et de l’hypothroïdie (entre autres) pour tous les nourrissons et tenir la maman informée sur le dépistage précoce de la surdité permanente néonatale.
Toujours expérimentales, ces maisons de naissances vont être contrôlées de près par les Agences Régionales de Santé et évaluées au bout de deux années de fonctionnement. Ces nouvelles structures ont été demandées pour la première fois par Bernard Kouchner en 1998, et l’UDI a fait une nouvelle proposition de loi qui a été acceptée par le Parlement en 2013.
« Un premier pas », selon les sages-femmes
Les maisons de naissances existent déjà depuis plusieurs années dans plusieurs pays : en Allemagne, Suisse, Canada, Australie et Espagne, mais c’est la première fois qu’elles sont autorisées en France, à l’exception de structures existantes (Lormont, Pontoise, Strasbourg…) qui font depuis des années l’objet d’une convention particulière avec une maternité.
Dans un communiqué, l’Association nationale des sages-femmes libérales se dit « fortement engagée depuis une vingtaine d’années » pour l’ouverture de ces maisons de naissance. Elle déclare également : « L’autorisation d’expérimenter sur neuf sites n’est qu’un premier pas. » On l’espère en effet car ces maisons de naissance sont très attendues par de nombreuses femmes enceintes, qui, parfois, recourent à l’accouchement à domicile (AAD) ou à l’accouchement non accompagné (ANA), en raison de leur refus d’accoucher dans une maternité traditionnelle pour éviter une médicalisation qu’elles estiment anxiogène et néfaste pour elles et leur bébé. L’ouverture des maisons de naissance, effective pour certains à partir du 1er avril 2016, devrait leur permettre de réaliser leur rêve d’un « accouchement respecté », un concept qui a sa Semaine Mondiale (en général à la mi-mai chaque année).