Un médecin de l’Orne a été suspendu un an dont six mois avec sursis, par le Conseil de l’Ordre des médecins, suite au décès d’un bébé de 5 mois fin mai 2015.
Une prise en charge discutable
Le Dr B. exerce en tant que praticien hospitalier à temps partiel à l’hôpital des Andaines, à La Ferté Macé, quand, dans la nuit du 4 au 5 mai 2015, un drame se produit. Il assure alors une garde de régulation au centre d’appels d’Alençon à son domicile. Vers 3 heures 30, une maman contacte le 15 car son petit bout de 5 mois souffre d’une fièvre élevée (+ 40 degrés) et respire rapidement.
Au téléphone, l’assistant s’informe sur l’état du bébé, s’il avait eu des convulsions et si elle lui avait donné du Doliprane. A la suite de quoi, le Dr B., contacté, conseille à la maman de lui donner cet antalgique en hésitant sur la posologie (d’autant que les parents ont égaré la pipette de la formule en sirop qu’ils ont en réserve) bien que la maman ait précisé le poids du bébé, de lui faire prendre un bain tiède et, si la fièvre persiste, il recommande un transfert aux urgences. Sauf que les parents n’ont pas de moyens de locomotion, et qu’on est en pleine nuit. En aucun moment, ce médecin ne décide d’envoyer une ambulance chercher l’enfant alors que l’hyperthermie est une urgence absolue pour un nourrisson. Surtout s’il est né prématurément à 35 semaines comme cet enfant. Mais voilà, le médecin n’aurait pas posé la question et la maman, qu’on imagine bien angoissée, n’a pas pensé à le lui préciser ni à dire que l’enfant avait eu son rappel de vaccins la veille, ce qui occasionne couramment une montée de fièvre. Lorsque l’hyperthermie se déclare (fièvre au-delà de 40°C), c’est une urgence qui nécessite prise en charge. Il aurait donc fallu envoyer une ambulance puisque les parents n’avaient pas de moyens de locomotion. C’est ce manque de prise en charge médicale à la suite de l’appel des parents qui a conduit à une plainte de l’Agence Régionale de Santé contre le médecin.
Le bébé a finalement été hospitalisé au CHU d’Angers le lendemain de l’appel au Samu quand les parents ont enfin trouvé un moyen de locomotion. Mais il était trop tard, la forte fièvre (+de 42,5°C) avait provoqué des convulsions et des atteintes cérébrales irréversibles.
Après quelques semaines en soins intensifs
Le bébé est finalement décédé fin juin, lorsque les médecins se sont prononcés pour l’arrêt des soins, devant les souffrances intolérables causées à l’enfant par ces lésions cérébrales. Un drame épouvantable pour les parents. La sanction ordinale, une suspension de un an dont six mois avec sursis, peut être contestée par le médecin, via un appel de la décision.