Bravant les odeurs de vestiaires, vous avez passé des années à arpenter les salles de sport pour vous sculpter un corps de rêve. Pour le déjeuner, vous vous êtes contentées pendant des lustres d’une pauvre petite salade de crudités (sauce à part). Avec l’annonce de votre grossesse, vous flippez carrément à l’idée de prendre du poids. Alors que vous en êtes à votre premier trimestre, vous appréhendez de dire adieu à votre jean fétiche qui vous fait de si jolies fesses rebondies ou encore à cette robe vintage qui met si bien votre taille de guêpe en valeur. Si certaines femmes sont heureuses à l’idée de prendre des formes arrondies pendant qu’elles sont enceintes, vous, pas du tout. Et votre entourage a beau vous répéter que c’est normal de voir les kilos s’accumuler sur la balance, cela ne vous rassure d’aucune façon. Bien au contraire. Mais faut-il pour autant consulter un psy qui vous aidera à accepter votre métamorphose digne d’un roman de Kafka ? Pas si sûr.
Quand consulter un psychologue ?
« De prime abord, ce n’est pas un motif de consultation parce que ce n’est pas forcément pathologique », nous confie Manon Le Dizès, pédopsychiatre. Elle ajoute : « Avoir peur de prendre du poids reste légitime. C’est normal de ne pas avoir envie de prendre 25 kilos pendant sa grossesse. (…) En revanche, si vous commencez à vous poser beaucoup de questions sur votre prise de poids, que cela devient envahissant dans votre quotidien, cela peut devenir problématique. » Si des angoisses, des troubles du sommeil et, dans le pire des cas, des troubles alimentaires surviennent, il faudra songer à vous orienter vers un spécialiste. « L’histoire de la patiente peut également être une piste. Si elle a souffert avant sa grossesse d’anorexie ou de boulimie, il faudra qu’elle soit plus vigilante », explique notre spécialiste. Et d’insister : « La grossesse reste un moment particulier qui ramène à sa filiation, son histoire personnelle… Cela provoque beaucoup de changements dans la tête mais aussi dans le corps qui peuvent être difficiles à supporter. »
Et après bébé ?
La pédopsychiatre invite aussi à faire particulièrement attention après l’accouchement. En effet, il y a un risque de dépression du post-partum, qui nuit à la mère mais aussi au développement socioaffectif de l’enfant : ce dernier peut développer un sentiment d’insécurité qui sera difficile à combler.
Si la jeune maman s’attendait à retrouver rapidement sa ligne mais constate que pendant quelques longues semaines, il lui faudra vivre avec les rondeurs de la grossesse mais sans la valorisation qu’apporte le statut de femme enceinte, la dépression peut la gagner, la fatigue des nuits trop courtes n’arrangeant rien. La solution consiste à se gâter un peu côté coiffeur, manucure, soin visage, make-up… pour retrouver l’estime de soi. Mais parfois cela ne suffit pas parce que la maternité et ses petits aléas sur le look ont réveillé des traumatismes inconscients. Heureusement, « les médecins ont un regard affûté et détectent si la patiente a besoin d’une consultation. Il ne faut pas négliger leur point de vue », souligne Manon Le Dizès. Un conseil à suivre, d’autant qu’il ne s’agit pas forcément d’un traitement au long cours assorti de prise de psychotropes. Juste de faire le point avec soi-même, avec son passé pour mieux vivre le présent.