Selon la DREES, 218 100 Interruptions Volontaires de Grossesse (IVG) ont été réalisées en France en 2015, dont 57,8% par méthode médicamenteuse. Rachel Halimi, sage-femme libérale, vous explique comment se pratique cette méthode prise en charge à 100% par l’Assurance Maladie.
Dans quels délais peut-on bénéficier d’une IVG médicamenteuse ?
L’IVG médicamenteuse peut être pratiquée jusqu’à la fin de la 5e semaine de grossesse en ambulatoire (consultation + expulsion à domicile). C’est à dire au maximum 7 semaines après le début des dernières règles. Le délai peut se prolonger jusqu’à 7 semaines de grossesse (soit 9 semaines après le début des dernières règles). Mais dans ce cas, ce délai supplémentaire impose une hospitalisation pour l’expulsion de l’oeuf. A savoir, la loi de Santé 2016 a mis fin au délai de réflexion jusqu’alors obligatoire.
Qui peut me prescrire une IVG médicamenteuse ?
Suite au décret publié en juin 2016 au Journal Officiel, les sages-femmes, qui ont une formation poussée en gynécologie et en contraception, peuvent pratiquer les IVG médicamenteuses sous certaines conditions. En effet, le décret stipule que les sages-femmes pratiquant l’IVG médicamenteuse devront avoir suffisamment d’expérience à travers « une pratique suffisante et régulière des interruptions volontaires de grossesse médicamenteuses dans un établissement de santé ». Autrement dit, la sage-femme libérale ne pourra pas débuter cette activité dans son cabinet sans avoir auparavant pratiqué ces interventions au sein d’un planning familial ou d’un hôpital.
La sage-femme libérale qui pratique l’IVG médicamenteuse doit également avoir signé une convention avec un établissement de santé privé ou public. L’IVG est un acte qui peut être extrêmement difficile à vivre psychologiquement. Les sages-femmes proposent un accompagnement sécurisant spécifique à chaque patiente. Et ce, en leur qualité d’actrices de proximité indispensables pour la santé des femmes. Hormis les sages-femmes libérales entrant dans le cadre fixé par le décret publié en juin 2016, les médecins généralistes et les gynécologues sont autorisés à pratiquer depuis sa mise sur le marché l’avortement par médicaments. L‘IVG médicamenteuse est pratiquée soit en établissement de santé (hôpitaux publics ou cliniques agréées), soit en cabinet de ville, soit dans un centre de planification.
A-t-on droit à un arrêt de travail pour une IVG médicamenteuse ?
L’arrêt de travail est possible. Comme le médecin ou le gynécologue, la sage-femme peut vous prescrire un arrêt de travail de quatre jours. Renouvelable une fois.
Comment se déroule l’IVG médicamenteuse ?
Une première partie en présence médicale
Deux consultations médicales sont obligatoires avant la réalisation d’une IVG. La femme fait sa demande d’IVG lors d’une première consultation. Celle-ci se fait chez le médecin de ville ou la sage-femme de son choix qui atteste de sa demande. Il l’informe des différentes méthodes possibles et prescrit les examens de laboratoire (groupe sanguin et rhésus indispensables) et une échographie. Au cours de la deuxième consultation, la demande est confirmée. Ainsi, la sage-femme ou le médecin procède alors à la délivrance des premiers médicaments nécessaires à la réalisation de l’IVG. La première prise de comprimé de mifepristone (ou RU 486 qui bloque la grossesse) se fera obligatoirement en présence de la sage-femme. Puis vous pourrez rentrer chez vous. 36 à 48 heures après, la prise du second comprimé se fait soit au cabinet de votre professionnel, soit à votre domicile. Ce comprimé est le misoprostol (une molécule qui permet les contractions).
Une seconde étape chez soi
L’expulsion de l’œuf aura alors lieu à votre domicile dans les heures suivent la prise du misoprostol. Il est nécessaire que vous ne soyez pas seule chez vous à ce moment-là. Votre sage-femme vous informera également sur les mesures à prendre en cas d’effets secondaires. Elle s’assurera que vous disposez bien d’un traitement analgésique. Elle vous transmettra également les coordonnées précises de l’établissement de santé avec lequel elle a signé une convention. Puis, elle vérifiera que vous pouvez vous y rendre si nécessaire dans un délai de l’ordre d’une heure.
Tout au long de cette période, le professionnel est joignable pour répondre à toute demande d’informations. Il est également prêt à recevoir la patiente à sa demande. Ensuite, vous devrez vous présenter à une visite de contrôle pour vérifier que la grossesse a bien été interrompue. A savoir, la prise en charge de l’IVG médicamenteuse est assurée à 100% (médicaments, consultations, examens biologiques…).
Quand a lieu la visite de contrôle ?
La visite de contrôle est programmée entre le 14e et le 21e jour suivant la prise des médicaments. Grâce à un examen clinique et une prise de sang (dosage ßHCG), le professionnel de santé vérifiera que la grossesse a bien été interrompue et qu’il n’y a pas de risque de complications. Cette visite de contrôle permet aussi de mettre en place, si ce n’est pas déjà fait, une méthode contraceptive. Dans les rares cas où l’IVG médicamenteuse aurait échoué, dans ce cas, il faudrait alors passer par l’IVG « classique », autrement dit par la voie chirurgicale (aspiration ou curetage). Sachez qu’il n’existe pas une méthode meilleure qu’une autre. Celle qui est possible et qui vous convient le mieux est décidée avec le médecin ou la sage-femme lors de la première consultation.
Sources :