Un cas d’infertilité féminine sur trois est consécutif à l’endométriose, une maladie qui touche 10 % des femmes à divers degrés. L’HAS vient de mettre à jour des recommandations en matière de prise en charge de l’endométriose, mais qu’est ce que l’endométriose ? Explications du Pr. Arnaud Fauconnier, gynécologue.
Qu’est-ce que l’endométriose ?
L’endométriose est une pathologie qui affecte la muqueuse utérine. Un tissu semblable à l’endomètre (muqueuse utérine) se développe hors de l’utérus et provoque des lésions ou des kystes dans certains organes, comme les ovaires, les trompes, le vagin ou le rectum.
Quels en sont les symptômes ?
L’endométriose provoque parfois d’importantes douleurs pendant les règles et les rapports sexuels, lors de la défécation ou de la miction. Elle peut aussi entraîner des troubles gastro-intestinaux, comme des diarrhées, des constipations et des nausées. Des douleurs au niveau du pelvis (petit bassin féminin) sont également présentes. Les douleurs varient énormément selon les patientes. Mais attention, comme le précise l’HAS, l’endométriose peut aussi être présente sans qu’il n’y ait de symptômes douloureux et d’impact sur la fertilité.
Comment peut-on dépister cette maladie ?
L’endométriose est très difficile à dépister, d’où des chiffres considérés comme assez aléatoires de femmes touchées par cette maladie. Seuls les médecins, gynécologues et autres spécialistes qui connaissent parfaitement la maladie peuvent la diagnostiquer. Notamment grâce à l’explication des douleurs par leurs patientes. Mais les échographies ainsi que les examens de base ne montrant rien, pour être sûr à 100 %, il faut pratiquer une cœlioscopie (examen de la cavité abdominale). L’HAS préconise ainsi qu’en l’absence de symptômes, même si le risque d’endométriose peut être augmenté, il n’est pas nécessaire de procéder à un dépistage systématique.
Quels sont les examens à prescrire pour une femme atteinte d’endométriose ?
Le gynécologue vous dirigera vers des spécialistes de l’endométriose. Les examens diffèrent selon les cas, mais les premiers examens sont bien sur un examen gynécologique associé à une échographie pelvienne. Vous pouvez être amenée en deuxième intention, à faire une IRM ou une échographie endovaginale. En troisième intention, le médecin peut éventuellement prescrire une échographie et/ou une échoendoscopie (ndlr, à l’intérieur du rectum pour visualiser la paroi, examen pas très agréable mais pas douloureux), voire un colo-scanner. Tous ces examens sont nécessaires afin d’être le plus précis possible pour une future chirurgie et définir le traitement.
Comment combattre les douleurs liées à cette maladie ?
Les douleurs sont sensibles aux hormones : lorsqu’on bloque le cycle, les douleurs deviennent moins intenses, ainsi en première intention les deux traitements principaux sont la contraception par oestro-progestatifs et le système intra-utérin au lévonorgestrel. Des traitements anti-douleur peuvent également être prescrits. Une prise en charge psychologique est conseillée car il faut lutter contre le retentissement psychique. Mais, pour s’assurer de l’efficacité de la prise en charge, il est indispensable d’aller voir un psychologue spécialisé dans l’endométriose et ses douleurs.
Cette maladie peut-elle jouer sur mon humeur ?
Trop longtemps méconnue, cette maladie provoque d’importantes douleurs au moment des règles. La plupart des médecins pensent que les douleurs viennent directement des règles. Les femmes pensent alors avoir affaire à des troubles d’origine psychologique. Cette maladie étant liée aux hormones, quelques sautes d’humeur peuvent apparaître. Comme c’est d’ailleurs souvent le cas lors d’un syndrome prémenstruel.
L’endométriose a-t-elle un impact sur la fertilité ?
Cette maladie représente 30 à 40 % des cas d’infertilité. Mais, pas de panique, l’infertilité peut être seulement temporaire. A la suite d’une chirurgie, la patiente pourra concevoir naturellement sans problème. Les médecins ne connaissent toujours pas la raison de cette infertilité liée à l’endométriose. Mais des études récentes montrent par ailleurs que l’endomètre des patientes endométriotiques présente des profils hormonaux et d’expression des gènes anormaux. Les chercheurs ayant participé à ces études estiment possible que l’utérus des patientes atteintes présente des caractéristiques défavorables à l’implantation d’un embryon.
Comment peut-on la soigner ?
Il est important de noter qu’on ne soigne pas l’endométriose, mais que l’on soigne ses symptômes, en bloquant les cycles et en réalisant une ablation complète des angiomes. (C’est d’ailleurs pour cela qu’on ne préconise pas de traitement hormonal particulier en l’absence de symptômes). C’est une chirurgie très minutieuse qui dépend de l’étendue de la maladie. Quelquefois, la maladie disparaît d’elle-même, cela reste un grand mystère pour les chercheurs. Le traitement se définit au cas par cas, chaque patiente devant avoir un traitement personnalisé. Le praticien propose des médicaments contre la douleur, un suivi psychologique et parfois une chirurgie. Pour en savoir plus, connectez-vous sur le site www.endofrance.org.
Après l’opération, y a-t-il des traitements à prendre ?
On propose aux patientes de ne plus avoir de règles, elles doivent donc prendre leur pilule contraceptive en continu afin d’éviter au maximum la récidive de l’endométriose.
Ces traitements empêchent-ils d’avoir un enfant ?
Au contraire, faire un bébé est le meilleur traitement hormonal qui existe. Les chercheurs ont pu remarquer qu’après avoir eu un enfant, la plupart des femmes ayant eu des problèmes d’ordre gynécologique n’ont plus de douleurs et se sentent mieux. Mais ça n’est pas toujours le cas.
Sources :