La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé ce matin la suspension de la commercialisation de l’Uvestérol D. Le décès d’un nourrisson de dix jours après administration d’une dose de ce produit de supplémentation en vitamine D a provoqué un raz de marée sur les réseaux sociaux où certains internautes ont parfois cloué au pilori la vitamine D, pourtant essentielle. Petit rappel des trois points à retenir.
Suspendu enfin !
Il y avait des années que le doute sur l’opportunité de maintenir sur le marché ce produit subsistait. Eh bien, c’est fait, les autorités sanitaires ont enfin décidé de suspendre la commercialisation de ce produit. Il aura fallu le décès d’un nourrisson pour que cette décision soit prise alors qu’on connaissait une centaine de cas de complications depuis quelques années (malaise vagal, fausse route), imputables à la galénique du produit et à son mode d’administration pas vraiment adapté à un nouveau-né. Selon les premières constatations de l’agence du médicament, ce serait d’ailleurs bien le mode d’administration de ce complément vitaminique qui serait en cause dans ce décès.
La vitamine D n’est pas toxique
Dans cette affaire, comme dans les cas précédents de complications avec l’Uvestérol D, ce n’est pas la composition du produit qui pose un problème sanitaire mais son mode d’administration. L’Uvestérol D n’est pas le seul produit disponible sur le marché et les autres produits ont un mode d’administration beaucoup moins invasif que l’Uvestérol D et ne se sont jamais fait connaître pour des effets secondaires nocifs. Reste à savoir pourquoi les maternités prescrivent depuis des années ce produit plutôt qu’un autre, avec lequel aucune des complications constatées avec l’Uvestérol D n’est connue ? Mystère… Depuis 1990, date de mise sur le marché de ce produit, il n’y avait pas eu de décès. C’est chose faite et c’est un triste constat. D’autant que depuis 2006, les agences de pharmacovigilance tiraient la sonnette d’alarme et plaidaient pour un retrait de ce produit, estimant que les modifications de la formule (dose passée de 1ml à 0,35 l), de la pipette et les explications sur le bon mode d’administration précisées sur la notice ne suffisaient pas à assurer la sécurité des bébés. En vain. Manifestement, l’Agence du médicament, qui n’a jamais décidé du retrait du produit, n’a pas fait son job…
La vitamine D est essentielle à l’enfant
Non, elle ne sert pas qu’à donner bonne santé aux enfants. Ce n’est pas son rôle, même si, oui, comme toutes les vitamines, elle peut booster le système immunitaire de l’enfant. Son rôle, c’est d’aider à fixer le calcium sur les os, et faire en sorte que l’enfant ne souffre pas de rachitisme comme c’était fréquent autrefois, ne subisse pas de fractures trop fréquentes, ni ne souffre pas, à l’âge mature, d’ostéoporose. C’est donc une complémentation à assurer sur le long terme, jusqu’à au moins 5 ou 6 ans, puis à l’adolescence quand les os affrontent un pic de croissance soudain et à l’âge adulte pour préparer son squelette à affronter le grand âge. Souvenez-moi de ces personnes très âgées, que vous croisez en ville, courbées en deux sur une canne et ne pouvant plus se redresser du tout ? Ce sont des victimes de l’ostéoporose. Pas vraiment tentant, ni pour soi, ni pour nos enfants, même si on ne sera plus là pour le voir. Donc exit l’Uvestérol D, place à la vitamine D sous des formes sans problème, comme ces produits qui se déposent sur le bout de la langue à raison de trois gouttes par jour.