
On le sait, l’alcool enceinte est très dangereux pour le fœtus. Mais faut-il condamner en justice les mamans qui ont en ont bu pendant leur grossesse ? Le sujet revient au goût du jour car une jeune femme au Royaume-Uni est actuellement jugée pour avoir bu de l’alcool lorsqu’elle attendait sa fille. Aujourd’hui, l’enfant souffrirait de séquelles physiques et de retard mental, apparemment liés à l’alcool lorsqu’elle était dans le ventre de sa mère.
D’après les experts, les troubles de la petite seraient donc liés aux verres d’alcool consommés par sa maman enceinte. La mère va peut-être être condamnée à payer des indemnités. Si ce verdict tombe, le Royaume-Uni considérerait donc illégal la consommation d’alcool pendant la grossesse.
En France, boire pendant la grossesse est bien sûr totalement déconseillé, mais n’est pas puni par la loi. Certains spécialistes ne comprennent pas que la maman anglaise passe devant les tribunaux et estiment qu’on ne devrait pas culpabiliser les mères. « C’est incroyable que l’on s’attaque à cette femme. Au lieu de faire culpabiliser les mères, il faut prendre conscience que la responsabilité n’est pas entièrement la leur mais aussi celle de la société qui rend taboue la maladie de ces femmes, des alcooliers qui ciblent de plus en plus les femmes en âge de procréer, du manque de prévention… » a déclaré à L’Express Denis Lamblin, pédiatre et président de l’association SAF (Syndrome d’Alcoolisation Foetale) France.
Pour la maman anglaise, il s’agissait en effet d’une addiction. Son avocat a déclaré au journal britannique Guardian qu’elle en souffrait lorsqu’elle attendait son second enfant. Elle buvait depuis l’âge de 13 ans et avait été accro également aux drogues. Elle avait parlé de son problème à un travailleur social.
Micheline Claudon, psychologue des addictions à l’hôpital Bichat à Paris, a été interrogée par RMC. L’experte rejoint l’avis de Denis Lamblin : elle ne comprend pas pourquoi la jeune femme anglaise est ainsi culpabilisée, et conseille plutôt « un accompagnement » plutôt qu’une sanction pénale. « La dépendance à l’alcool ne laisse pas le choix : sans aide, on ne peut pas ne pas en consommer », a-t-elle déclaré. Elle ajoute également que l’addiction a l’alcool « est une maladie ».
Denis Lamblin rappelle que l’alcool pendant la grossesse « est un enjeu de santé publique urgent ». Chaque année, 1% des naissances seraient touchées par ce problème, soit 8 000 bébés par an.