C’est avec beaucoup d’humour qu’Olivier du blog « Je suis Papa » nous dresse un tableau de la place du père dans notre société. À lire impérativement!
Et si on offrait aux hommes l’occasion de devenir père ?
Avec la réforme du congé parental, et les happening de papas dans les grues, la question de la place du père a une nouvelle fois agité les repas de famille et les débats médiatiques, dans un capharnaüm assourdissant. Les uns fustigeant des pères incapables de prendre leurs responsabilités pendant que les autres réclament à cor et à cri l’occasion de saisir enfin leur nouvelle condition à bras-le-corps.
Le tout sur fond de blagues potaches un brin vaseuses, évidemment. Parce qu’honnêtement, la vanne du père vautré sur son canapé, une bière dans une main et une télécommande dans l’autre, ne fait plus rire personne depuis longtemps, tant le cliché est éculé. Pas plus que celle de la blonde décérébrée, ou de la femme danger public au volant.
Devenir père, le parcours d’obstacles
Pour ma part, à force de m’entendre répéter que le père est une composante aussi essentielle que la mère au sein d’une famille, j’ai fini par y croire. Mais voilà, dans la vraie vie, les mots ne sont pas nécessairement suivis des faits.
Chez la sage-femme, lors du premier rendez-vous. En bonne professionnelle, elle me fait le topo sur la place du père. Je me sens en confiance mais déchante très vite. En une dizaine de rencontres, elle ne m’a plus jamais adressé la parole, ne répondant à mes questions que lorsqu’elles étaient répétées par ma compagne. La loose.
Au CHU. Jamais je n’ai manqué un rendez-vous pour une échographie. A chaque fois, le rituel est le même. « Bonjour monsieur, tenez, vous pouvez vous assoir là… oui, là, sur le tabouret, dans le coin de la pièce, à 10 mètres de votre femme qu’on ausculte. » Franchement, c’est à se demander s’ils ne m’ont pas confondu avec le chauffeur de Madame !
Rapidement, j’apprends que la société entend elle aussi contribuer à mon épanouissement dans ma nouvelle peau de papa en apprentissage en me gratifiant de… 14 jours complets de congé paternité. Waouh, quelle chance ! 14 jours faire connaissance avec bébé, soutenir une maman éprouvée par l’épreuve de l’accouchement, et découvrir les premières difficultés de sa nouvelle condition de parents.
Dans les médias, les clichés sur les pères ont la vie dure. Si bien qu’on a parfois l’impression de vivre au beau milieu des années 40. Le pire restant ceux qui circulent dans des supports avertis. Comme Famili par exemple, récemment épinglé par l’observatoire des médias Acrimed pour « les visions les plus traditionnelles de la répartition des rôles entre les sexes » que ce titre de presse relaie régulièrement dans ses colonnes.
A la maison, même ma femme, pourtant convaincue de la place que je dois occuper, a aujourd’hui encore parfois du mal à me laisser prendre le contrôle de certaines situations avec bébé. A croire que son cerveau, que je sais pourtant libre, subit également les ravages provoqués par ces schémas sociaux véhiculés de génération en génération de manière plus ou moins implicite.
Et je ne vous parle pas du retour rapide à la vie professionnelle. Si je n’ai, pour ma part, jamais eu à me plaindre de l’empathie de mon patron envers son jeune papa de collaborateur, je ne compte plus les témoignages de pères déçus par l’attitude de leurs employeurs.
Dans ce contexte, il faut faire preuve d’une sacré détermination pour accepter de marcher à contre-courant sur le chemin d’une paternité assumée et épanouie.
A se demander si, sous couverts de discours honorables sur le rôle du père, tout n’est pas mis en œuvre pour que les hommes ne bougent surtout pas de la place dans laquelle on les a enfermé il y a bien longtemps.
Et vous ? Pensez-vous que tout est mis en œuvre pour permettre aux pères de prendre la mesure de leur rôle ? Qu’est-ce qui pourrait être amélioré ?