
Avec les drames que connaît le Brésil actuellement avec le virus Zika chez les femmes enceintes, l’inquiétude s’est exportée en France. Des directives très précises émanant du Ministère de la Santé ont été donné pour éviter les drames que connaît le Brésil. Petit rappel des mesures de prudence pour les femmes vivant dans les territoires à risque (Martinique, Guyane), par le Pr Olivier Epaulard, spécialiste de maladies infectieuses au CHU de Grenoble.
Concrètement, que risque-t-on en France métropolitaine ?
Le risque d’épidémie est théorique, et très faible en réalité. En raison de la faible densité de moustiques et de personnes en transit venant des zones infectées. En métropole, par exemple, nous n’avons pas eu d’épidémies de dengue ou de chikungunya quand elles sévissaient ailleurs ; il n’y a donc pas de raison que ce soit différent pour Zika. Par contre, il y a un risque élevé pour certains départements et territoires français d’outre-mer. Pour les femmes enceintes, il faut donc éviter les déplacements dans les territoires et pays touchés.
Risque faible mais l’alerte est pourtant maximale ?
C’est normal qu’il y ait une alerte maximale sur ce qui se passe en dehors de la France métropolitaine. Notamment en Martinique où plus de 2500 cas de patients infectés sont recensés. C’est déjà un drame terrible pour une famille ; mais aussi une catastrophe sur le plan de la santé publique. Au Brésil, des centaines voire des milliers de bébés ont été infecté par le virus « in utéro » et sont nés avec une boîte crânienne trop petite. Le risque est moindre en France et en Europe en général car on sait s’en prémunir avec des mesures de précaution. Pas de voyages dans les pays à risque si on est une femme enceinte, et répulsifs antimoustiques au quotidien pour les personnes qui vivent dans ces territoires. Néanmoins, les résultats restent inquiétants car une épidémie du virus pourrait contaminer plus de 50 % de la population.
Quelle est la période de grossesse la plus à risque ?
Une étude a démontré que c’était le premier trimestre de grossesse. En effet, les résultats montrent que la fréquence des complications neurologiques est de 12,7 % lorsque la mère est infectée durant cette période. Pareil pour les microcéphalies graves. Ce trouble du développement neurologique a deux fois plus de chance d’arriver au premier trimestre qu’au deuxième ou troisième.
Si, enceinte, on est malgré tout piquée par un moustique porteur du virus, l’atteinte fœtale est-elle inévitable ?
Il y a une coïncidence entre l’épidémie du virus Zika et l’explosion de microcéphalies dans les pays touchés par les infections. Mais le lien n’a pas été établi car les données sont difficilement interprétables. On ne peut donc associer virus Zika et malformations du fœtus. Ainsi, ce n’est pas parce qu’une femme a contracté le virus Zika qu’elle le transmettra automatiquement à son bébé. Cependant, le lien reste probable. Il faut donc rester vigilante enceinte.
Y’aura-t-il un jour un vaccin contre le virus ?
Pour l’instant aucun vaccin officiel n’est établi mais les expérimentations avancent bien. Ainsi, des chercheurs l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) ont développé 3 vaccins tests. Ils sont plutôt bien tolérés par les patients et induisent une réaction immunitaire forte. Les bons résultats ont d’ailleurs entraîné une suite aux recherches pour espérer un jour commercialiser un vaccin efficace contre un virus à haut risques.
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