On a rencontré Anne-Marie Mouton, sage femme depuis plus de 40 ans, et auteur de l’ouvrage « Grossesse, maternité : conseils de bon sens d’une sage-femme » ,un ouvrage plein d’humour pour une grossesse et une maternité sans stress.
Pourquoi avoir choisi le métier de sage femme ?
C’est une vocation . Je rêve d’être sage femme depuis l’âge de neuf ans. J’ai d’abord voulu accoucher les femmes puis avec la maturité, j’ai souhaité les accompagner. Le métier de sage femme est l’un des plus vieux du monde, nous partageons cette gloire avec les prostituées !
Depuis combien de temps exercez-vous cette profession et quelles évolutions ont pu vous marquer ?
J’exerce ce merveilleux métier depuis 45 ans. Je dis souvent qu’il y a eu un avant 70 et un après 70. A partir des années 70, l’invention du monitoring et des échographies ont permis de mettre en place un véritable suivi de grossesse. Aujourd’hui, le progrès s’est complexifié et conduit souvent à la déshumanisation des femmes enceintes en raison de l’hypermédicalisation. La technicité chez les médecins prend le pas sur le bien-être de la femme.
Quels sont vos souvenirs les plus touchants ?
Je me souviens de musique entre une jeune femme et son père, chef d’orchestre , dans une salle d’accouchement, mais aussi de bébés qui sourient dès leur sortie du ventre. Chaque accouchement est toujours un réel moment de bonheur.
Quel regard les futures mamans portent-elles sur votre métier ?
Elles le connaissent peu. Il faut dire que les pouvoirs publics ne nous mettent jamais au premier plan. La femme enceinte voit d’abord le médecin avant de voir la sage-femme, elle est donc vue comme un patient à risques.
Comment vous définiriez la relation que vous avez avec la future maman ?
Une relation de confiance, à côté d’une relation médicale. Nous avons aussi une complicité « du corps à corps » quand, par exemple, nous prenons une femme enceinte dans nos bras pour l’accompagner dans l’expulsion du bébé. Une main qui touche (le toucher étant un examen médical) est primordiale, c’est d’ailleurs pour cette raison que je me suis interessée à l’haptonomie.
Alors justement vous qui êtes spécialiste de l’haptonomie, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette science ?
C’est une science de l’affectivité et du toucher. On accompagne le bébé in utero afin qu’il soit reconnu comme être humain à part entière.Bien accompagné affectivement par ses parents, il aura une naissance moins traumatisante et ils pourront lui rendre le chemin de la vie plus facile ensuite. Nous accompagnons également la femme, qui pourra en toute autonomie mettre son bébé au monde car elle pourra mieux gérer ses contractions parfois douloureuses.
Vous avez écrit l’ouvrage « Grossesse, maternité : conseils de bon sens d’une sage-femme », qu’est ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
Je voulais transmettre aux femmes de ma génération mais aussi aux plus jeunes mes interrogations, mes doutes et mes conseils. Je voulais aussi souligner l’importance du passage intergénérationnel entre les mères et leurs filles au moment de la grossesse. A travers ce livre, je souhaite redonner aux mères et aux grands-mères leur place dans la vie des futures et jeunes mamans.
Pour finir, quel message souhaitez-vous faire passer aux futures mamans ?
Dès lors qu’une femme tombe enceinte, je lui conseille de trouver une sage-femme, qui pourra être personnel médical de référence. Elle pourra donc la suivre entièrement si elle le désire , ou aux côtés d’un médecin ou d’un hôpital . La sage femme sera là pour la préparer avec ou sans son compagnon. Dans tous les cas, la sage femme pourra aussi faire le suivi post natal: suivi d’allaitement, rééducation du périnée, et contraception. Elle pourra donc grâce à la sage femme savoir ce qu’elle veut pour elle et son bébé et prendre ainsi les meilleures dispositions.