Bonjour, alors voilà je m’appelle Graziella, je vis à la Réunion et je vais vous raconter ma grossesse. Tout commence le jour de la fête des mères quand j’apprends que je suis enceinte de quatre semaines, quel beau cadeau ! Je suis heureuse et un peu inquiète à la fois car il n’était pas prévu aussi tôt ce petit bébé.
Pas un bébé mais deux
Je passe une première échographie à six semaines, le médecin me dit de me reposer car j’ai un décollement du placenta et me confirme qu’il y a bien un seul bébé (au fond de moi c’est bizarre je sens qu’il y en a 2). Je dois revenir dans 2 semaines pour une échographie de contrôle par rapport à mon décollement. Je suis à 8 semaines je me sens en pleine forme mais cette fois-ci l’échographie est longue, le médecin reste silencieux et m’annonce finalement qu’il y a deux bébés, mon mari et moi sommes heureux, excités, sous le choc ! Deux bébés oui, mais il nous explique qu’il ne voit pas l’activité cardiaque du jumeau 2, il semblerait qu’il n’ait pas tenu. Pas sûr de son diagnostic, je dois repasser une échographie à l’hôpital dans les jours qui suivent. Je suis à 9 semaines, un troisième médecin confirme le diagnostique, le jumeau 2 n’a plus d’activité cardiaque. Nous sommes déçus, chamboulés mais mon instinct me dit qu’ils sont tous les deux vivants et je le dis même à mon mari (qui a surement dû me prendre pour une folle lol). L’hôpital me dit de revenir car je dois faire le fameux test de trisomie (clarté nucale). Je suis à 10 semaines, je repasse une échographie mais quelque chose m’interpelle, je remarque que le jumeau 2 a légèrement grossi. C’est le 4ème médecin que je vois mais finalement c’est encore trop tôt pour la clarté nucale donc une fois de plus je dois revenir dans une semaine. Je suis à 11 semaines (5ème médecin que je vois), je tombe par hasard sur un médecin spécialiste des grossesses à risques et là c’est le coup de massue ! Il m’annonce que les jumeaux sont bien vivants mais que j’ai « une grossesse exceptionnelle , un cas tous les 3 ans » , je ne comprends rien de ce qu »il nous dit. Les jumeaux sont vivants mais le jumeau 2 n’a pas de cœur, il est vivant grâce à une membrane qui le raccroche à son frère. Ils sont totalement dépendants et c’est une grossesse à très haut risque car mon premier bébé s’affaiblit en maintenant son frère en vie (je précise que ce sont de vrais jumeaux, 2 petits mecs ), il faut donc passer par une intervention chirurgicale à 18 semaines à Paris, à l’hôpital Necker. Je suis sous le choc et je fais une crise dans la salle d’échographie, mon mari me soutient comme il peut. Nous sortons de là anéantie et encore une fois mon instinct ne m’a pas trompé.
Un des jumeaux perdra la vie
Je suis à 12 semaines, une échographie par semaine pour une surveillance accrue des jumeaux ! Le médecin nous explique que pour la santé du jumeau 1, il serait « préférable » que le jumeau 2 « s’en aille de suite« . Les semaines passent et nous prions Dieu de toutes nos forces pour que les bébés tiennent jusqu’à l’intervention. Je suis à 15 semaines et on nous confirme que ce sont deux petits garçons. On les appellera Noa et Angel, on se réjouit de cette nouvelle malgré tout, on a le sourire, on savoure cet instant de bonheur et on s’imagine nos deux petits garçons même si l’on sait que l’un d’eux ne survivra pas. On voit leurs petits pieds, leurs petites mains à l’échographie et on ressent leur lien si fort, si indescriptible ! Nous préparons mon voyage pour la France, je ne pourrais pas être accompagné de mon mari ni de ma fille. Je suis à deux jours du départ donc à 18 semaines et le médecin m’annonce qu’Angel n’a plus « d’activité« , nous sommes le 27 août 2016. Mon mari s’effondre et moi je reste de marbre, sous le choc. Je ne dis aucun mot. Nous étions tellement proches de l’intervention. Pourquoi ?
Les médecins nous expliquent calmement la suite des événements, essayant de trouver les mots justes. Et là, nous vient très rapidement l’idée « que va devenir Noa ?« . Les risques pour Noa sont assez élevés et pleins d’examens vont s’en suivre pour la surveillance de sa santé. Nous nous raccrochons tellement à ce petit être mais nous répondons aux médecins que nous sommes incapables de le garder si les lésions cérébrales se révèlent trop fortes. Un IRM cérébral est programmé à la 33 semaines et en fonction des résultats nous poursuivrons la grossesse ou pas. Inutile de vous décrire l’état de douleur dans lequel nous sommes.
« Je ne supporte plus ma grossesse »
Les semaines passent et ma grossesse est toujours surveillée une fois par semaine. Nous nous ne projetons pas du tout dans cette grossesse, je n’achète rien, je ne parle pas à mon bébé de peur de trop m’attacher à lui (mais bien évidemment je le suis déjà). Je touche juste mon ventre en espérant quand même qu’il ressente cet amour en moi et dans ma tête je lui dis de tenir bon car il y a énormément d’amour dans notre petite famille qui l’attend. Je suis à 26 semaines et c’est une nouvelle fois la descente aux enfers. Le médecin nous annonce que ses os sont trop courts par rapport à la normale et en fonction des antécédents de ma grossesse il soupçonne une trisomie. Je vais devoir faire une amniocentèse. A la sortie de l’amniocentèse, je ne me sens pas bien du tout, je contracte énormément, direction les urgences. Bébé ne peut pas naître maintenant , on me fait une échographie et mon col est très court, on m’hospitalise 72h. 72h interminables. Je le vis très mal, je ne supporte plus cet hôpital. Le traitement pour stopper les contractions fonctionnent et je rentre chez moi, repos total obligé. Je compte les jours, les semaines. Tout me parait tellement long et je ne supporte plus ma grossesse, j’attends juste impatiemment les échographies. A chaque nouvelle échographie, je suis dans un état de choc, je ne parle pas et ne bouge pas juste, je « scrute » mon bébé.
« C’est un vrai petit miracle ! »
Nous recevons les résultats de l’amniocentèse après trois semaines d’attente et bébé n’est pas porteur d’un chromosome en plus. Nous sommes soulagés et heureux ! Je suis arrivée à ma fameuse et tant attendue 33ème semaine où je dois passer l’IRM fœtale. Je suis dans un état de stress total, j’ai l’impression que mon corps va lâcher et je culpabilise tellement d’infliger tous ces examens médicaux à mon bébé et lui transmettre tout ce mal être. Je passe l’IRM et j’ai le droit à 40 minutes interminables, heureusement l’équipe médicale est très à l’écoute. Je sens mon bébé bouger tellement fort, lui aussi est stressé je le sens bien. Nous apprenons finalement après presque un mois d’attente que Noa est en bonne santé. Tout est normal aux examens, nous avons tellement de mal à y croire ! C’est un vrai petit miracle ! Après 22 échographies, 4 hospitalisations, une amniocentèse, un IRM fœtale, j’accouche enfin à 39+6 par déclenchement le 30 janvier 2017. Je refuse la péridurale, je veux sentir mon bébé, je le tiens ENFIN dans mes bras ce petit être de 3.400kg et 47.5cm. Mon mari Jimmy et moi sommes aux anges, on pleure, rigole, ça y est tout ce cauchemar est enfin fini ! La sage-femme nous demande si l’on veut voir Angel, nous acceptons, je suis partagée entre joie et tristesse… Un mois plus tard, l’hôpital nous rappelle nous disant que Noa est soupçonné de mucoviscidose, ce sera une nouvelle mésaventure pleine de stress mais au final le deuxième test se révélera négatif.
Après avoir frôlé la mort, le handicap et la maladie, aujourd’hui notre fils Noa a 1 an et c’est un vrai miracle, il est plein de vie !