Choisir le sexe de son enfant… Voilà un vaste débat. Si aux Etats-Unis la sélection sexuelle prénatale est aujourd’hui entrée dans les mœurs et devenue pour certaines cliniques américaines une industrie extrêmement juteuse, ce n’est pas du tout le cas en France. C’est même illégal et contre nature nous explique le généticien Axel Kahn.
Une pratique autorisée aux Etats-Unis….
Aux Etats-Unis, choisir le sexe de son bébé est désormais entré dans les mœurs. Outre-Atlantique, la sélection sexuelle prénatale tend en effet à devenir un acte de consommation de plus en plus fréquent. Elle offre aux couples le choix du sexe de leur enfant et répond à des fins d’ « équilibre familial ». Si la plupart des pays interdisent cette pratique, aujourd’hui une poignée de cliniques américaines proposent, moyennant une rémunération assez élevée, un diagnostic génétique préimplantatoire laissant aux parents le choix du sexe de leur futur enfant. Aux Etats-Unis, ces médecins spécialistes de la fertilité ont ainsi transformé une méthode conçue à l’origine pour éviter des maladies génétiques en produit commercial de luxe.
…..et en pleine expansion
Avec 100 milliards de recette par an aux Etats-Unis, la sélection du sexe de son enfant est rapidement devenue un marché juteux depuis plusieurs années. Les Fertility Institutes, ensemble de cliniques fondées par le célèbre spécialiste de la sélection sexuelle prénatale Jeffrey Steinberg, font de cette opération un produit de luxe, semblable à de la chirurgie esthétique. Aujourd’hui, pas moins de 6000 opérations en moyenne sont réalisées tous les ans aux Etats-Unis. Pas besoin donc d’avoir des difficultés à concevoir un enfant pour avoir recours à la sélection sexuelle prénatale. En revanche, mieux vaut avoir un compte en banque bien rempli.
Une intervention illégale en France
« Je suis résolument contre la sélection sexuelle prénatale de l’enfant », confie le généticien, essayiste et directeur de recherche à l’INSERM, Axel Kahn. « Je suis très partisan pour que chacun fasse ce qu’il veut de son corps mais de là à décider du sexe de son futur enfant. Dès le moment où l’on choisit le sexe de son enfant, on ouvre la voie au choix des caractéristiques de celui-ci. Mais un jeune adulte nait du hasard. Rien ne peut justifier qu’une tierce personne décide de l’intimité d’une autre. De quel droit un parent peut-il décider de l’intimité de son propre enfant ? », constate Axel Kahn. Il va donc de soi que pour ce spécialiste des aspects moraux et sociaux de la génétique, la sélection sexuelle prénatale est « une dérive » du diagnostic préimplantatoire. En France il ne doit être utilisé que dans le cadre d’une assistance médicale à la procréation. En effet, lorsque des parents ont une maladie héréditaire ou sont infertiles, on peut dans ces cas bien précis procéder à une fécondation In Vitro afin de choisir les bons embryons. « Notons d’ailleurs que naître fille ou garçon n’est en aucun cas un critère pathologique », ajoute Axel Kahn. « L’enfant qui va naître ne doit pas être le produit du choix parental en fonction de son identité biologique.», insiste Axel Kahn. Qui peut savoir si l’enfant ne s’en trouvera pas meurtri en découvrant qu’il est issu d’un tri de spermatozoïdes ou d’un tri d’embryons ? Peut-être aurait-il souhaité être conçu naturellement… Ne dit-on pas que la liberté s’arrête là où commence celle des autres…
Et vous, qu’en pensez-vous ? Aimeriez-vous pouvoir choisir le sexe de votre enfant ?