De nombreux militants d’une alimentation plus naturelle prônent l’arrêt de la consommation du lait de vache chez l’enfant. En effet, le lait après 18 mois est-il réellement indispensable ? Des scientifiques s’insurgent en raison des risques de carences en calcium et en vitamine D. Néanmoins, certains notent que les laitages n’ont aucune incidence sur la santé osseuse des enfants. Ce qui pourra rassurer les parents dont les enfants boudent le biberon… Ceci étant, quelle que soit la raison de l’éviction du lait de vache, comment assurer des apports nutritifs suffisants à nos enfants ?

Dans tout plan national de nutrition qui se respecte, on trouve la recommandation de consommer trois ou quatre laitages par jour tout au long de sa vie pour favoriser la santé osseuse. Même enceinte, on nous l’a rabâché. Et nul doute que notre mère, à la soixantaine, entend la même rengaine.

Reste que depuis quelques temps, ces recommandations sont de plus en plus contestées par certains chercheurs à la suite d’études épidémiologiques remettant en question l’efficacité de ces préconisations. Les militants de l’alimentation d’origine végétale se frottent les mains. Mais les pédiatres, eux, tapent du pied. Pour eux, les laitages doivent garder une place de choix dans l’alimentation de l’enfant non allaité par sa maman.

Du lait après 18 mois : des avis divergents !

Les pédiatres avancent le fait que de nombreuses études vont dans le sens d’une meilleure santé osseuse tout au long de la vie quand les apports en laitages ont été suffisants dans la petite enfance.

Leurs contradicteurs rétorquent qu’il existe aussi des sources discordantes. Et c’est exact ! En 2005, une étude scientifique, basée sur l’analyse de toutes les données sur le sujet, a établi qu’une consommation plus importante de laitages ou de calcium alimentaire total n’augmente pas de manière fiable la densité minérale osseuse. Pas plus qu’elle ne réduit le taux de fractures chez les enfants.

Un an plus tard, une autre méta-analyse est allée dans le même sens. Alors quid ? Sachant aussi que l’excès de protéines dans la petite enfance favorise l’obésité infantile, faut-il restreindre les laitages sans culpabiliser à partir de 18 mois ? « Les apports en protéines chez le tout-petit sont fréquemment deux à quatre fois supérieurs à ses besoins, estime le Pr Jean-Michel Lecerf, nutritionniste. La consommation de lait de vache en est une des causes, ainsi que la diversification trop précoce, associée à de trop grandes proportions de produits carnés et laitiers. »

Quelle alternative au lait ?

Pour autant, le médecin ne préconise pas l’arrêt de la consommation de lait après 18 mois. Simplement le choix de produits adaptés à la petite enfance, donc moins riches en protéines. Comme le lait de suite et le lait de croissance jusqu’à 3 ans.

Pour les tenants de l’alimentation végétale, la solution consiste à choisir des préparations végétales formulées spécialement pour les besoins pédiatriques. Et non pas les préparations végétales lambda qu’on trouve en supermarché. Une solution validée par le comité de nutrition de la Société américaine de pédiatrie.

Les apports en calcium peuvent aussi parfaitement être couverts par une alimentation riche en légumes et en eau minérale, ainsi qu’en poisson. Eh oui, il y a du calcium dans le poisson, pas seulement du phosphore ! Sauf que la plupart des enfants finira sans doute plus volontiers son yaourt sucré que sa portion de légumes. Cependant, il y a des exceptions, j’en ai une chez moi qui se régale de brocolis au petit déjeuner et au goûter !

Et côté vitamine D, supprimer le lait implique alors une supplémentation annuelle. Pour les parents sans état d’âme devant la consommation de produits d’origine animale, la solution, si l’enfant boude le lait après 18 mois, reste de proposer cette source de calcium via les purées au lait, les gratins à la sauce béchamel, le fromage râpé, les flans et autres desserts…