Dans tout plan national de nutrition qui se respecte, on trouve la recommandation de consommer trois ou quatre laitages par jour tout au long de sa vie pour favoriser la santé osseuse. Reste que ces recommandations sont contestées par certains chercheurs à la suite d’études épidémiologiques remettant en question l’efficacité de ces préconisations. Les militants de l’alimentation d’origine végétale se frottent les mains, mais les pédiatres, eux, tapent du pied : pour eux, les laitages doivent garder une place de choix dans l’alimentation de l’enfant.
Avis divergents !
Les pédiatres avancent le fait que de nombreuses études vont dans le sens d’une meilleure santé osseuse tout au long de la vie quand les apports en laitages ont été suffisants dans la petite enfance. Leurs contradicteurs rétorquent qu’il existe aussi des sources discordantes. Et c’est exact : en 2005, une étude scientifique, basée sur l’analyse de toutes les données sur le sujet, a établi qu’une consommation plus importante de laitages ou de calcium alimentaire total n’augmente pas de manière fiable la densité minérale osseuse, pas plus qu’elle ne réduit le taux de fractures chez les enfants. Un an plus tard, une autre méta-analyse est allée dans le même sens. Alors quid ?
Sachant aussi que l’excès de protéines dans la petite enfance favorise l’obésité infantile, faut-il restreindre les laitages sans culpabiliser à partir de 18 mois ? « Les apports en protéines chez le tout-petit sont fréquemment deux à quatre fois supérieurs à ses besoins », estime le Pr Jean-Michel Lecerf, nutritionniste. « La consommation de lait de vache en est une des causes, ainsi que la diversification trop précoce, associée à de trop grandes proportions de produits carnés et laitiers. »
Quelle alternative au lait ?
Pour autant, le médecin ne préconise pas l’arrêt de la consommation de produits laitiers mais le choix de produits adaptés à la petite enfance, donc moins riches en protéines. Pour les tenants de l’alimentation végétale, la solution consiste à choisir des préparations végétales au soja formulées spécialement pour les besoins pédiatriques, une solution validée par le comité de nutrition de la Société américaine de pédiatrie.
Les apports en calcium peuvent aussi parfaitement être couverts par une alimentation riche en légumes et en eau minérale. Sauf qu’un enfant finira sans doute plus volontiers son yaourt sucré que sa portion de légumes ! Et côté vitamine D, supprimer le lait implique alors une supplémentation annuelle en vitamine D. Et pour les parents sans état d’âme devant la consommation de produits d’origine animale, la solution, si l’enfant boude le lait, reste de proposer cette source de calcium via les purées, les gratins à la sauce béchamelle, le fromage râpé, les flans et autres desserts…
Témoignage
« Ma fille est intolérante au lactose. Depuis qu’elle est bébé, elle prend des préparations spécifiques. Avec la diversification, c’est plus compliqué, mais il existe maintenant des laits allégés en lactose. Je m’en sers pour les plats où le lait est indispensable, sinon, pour le calcium, je compte sur les apports en légumes et en poisson et je choisis soigneusement l’eau minérale ».
Aurélie, maman de Lilas, 20 mois
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