Voilà, après 5 ans d’essai et une fausse couche avec curetage, Bébé est là, sur l’écran du médecin, un petit asticot de quelques millimètres. Et à cet instant, aurais-je pu me douter de ce qu’il allait arriver quelques mois plus tard ?

Echographie du cinquième mois : Bébé est dans la norme, pas très gros mais dans la norme. Je suis heureuse, je commence à lui préparer sa chambre. L’échographie à six mois : le gynécologue diagnostique un petit retard de croissance, mais il me dit que ce n’est pas grave. Mais très anxieuse, je prends rendez-vous dans un hôpital pour un doppler. Là-bas, on me fait une échographie et un doppler, on me demande pourquoi je viens de moi-même, sans ordonnance.
Je leur dis que je sens que quelque chose ne va pas. On me répond que tout va bien, que mon bébé est un peu petit, mais qu’il ne faut pas stresser. On m’a même conseillé de voir un psy !!
Je sentais que quelque chose n’allait pas…

Ce sont des professionnels, alors j’essaie de ne pas m’inquiéter. Rendez-vous du septième mois : je dis à mon médecin que j’ai pris 7 kilos en 10 jours et que je ne fais plus pipi. Il me regarde bizarrement, me fait le test d’albumine et là me dit, « J’appelle l’hôpital, il faut que vous y alliez tout de suite. C’est très grave, vous faites un pré-éclampsie ».

Arrivée à l’hôpital, on me prend tout de suite en charge et on me fait une piqûre de cotyloïdes pour la maturation des poumons de ma fille. On me dit que l’on va essayer de tenir 48 h. Quelques heures plus tard, le monitoring sonne de plus en plus souvent, le cœur de mon bébé ralentit.

On me parle, mais je n’entends plus rien, je ne vois plus grand-chose. L’anesthésiste arrive avec mes résultats sanguins et me dit que c’est pour maintenant, sinon il sera trop tard. Ma fille naît le 12 avril, elle pèse 1kg 250 pour 38 cm. Elle part en réanimation, je ne la vois pas. On me met en service de réanimation. Je pleure toutes les larmes de mon corps, j’ai peur pour mon bébé.
Le lendemain, je demande à la voir et on m’explique que je la verrai une fois qu’ils pourront me lever. Alors je demande à être levée tout de suite.

On me conduit en chaise roulante, on me la met dans les bras. Ma toute petite puce, elle respire toute seule et se bat bien. Le lendemain, elle est transférée en soins intensifs; je passe mes jours et mes nuits à ses côtés et ne dors que quelques heures dans ma chambre, deux étages en dessous. Je ne peux pas me passer d’elle. Au bout de 12 jours, on me dit que je peux être en chambre accompagnante dans son service, puis deux jours plus tard, on nous transfère dans un autre hôpital en unité kangourou.

Au bout de six semaines, ma puce tète bien et elle pèse 1kg 880. Nous pouvons rentrer à la maison !!
C’est formidable, mais le plus dur est de ne pas pouvoir serrer son bébé contre soi à la naissance, de ne pas avoir l’accouchement idéalisé dans nos têtes, avec le papa à nos cotés… Se sentir mère est très dur après une césarienne en urgence, où on a plein de médecins autour de soi qui s’agitent. On se sent perdue !

Le plus beau moment de ma vie a été trois jours après mon accouchement. Il est 20h00, on me propose de faire du ‘peau à peau’. On me met dans une chaise inclinée, ma puce branchée aux appareils, mais toute nue contre mon torse. Il y avait de la musique en fond, la radio des infirmières. En face de moi, un merveilleux coucher de soleil. A ce moment-là, je me suis sentie mère et je savais que ma puce s’en sortirait. Mes larmes ont coulé, mais c’était des larmes de joie, j’étais la plus heureuse des mamans; comme si le temps s’était arrêté. Je n’entendais plus les machines, j’étais si fière de ma merveilleuse poupée !!

Huit mois plus tard, Zahara pèse 8kg 200, elle a rattrapé sa courbe de croissance. Elle est merveilleuse, c’est mon rayon de soleil !!!

Bon courage à toutes les mamans qui accouchent prématurément. Vous aurez aussi de merveilleux souvenirs…