Des chercheurs ont publié une étude de grande ampleur concernant les causes de mortalité des femmes enceintes aux Etats Unis, et la première cause n’est pas médicale. Épouvantable.
Si la grossesse peut engendrer des complications médicales dangereuses, ce n’est apparemment pas ce que doivent craindre le plus les femmes enceintes américaines. Une étude publiée par le journal médical Obstetrics & Gynecology s’est penchée sur le sujet pour déterminer de quoi mourraient ces femmes. Et c’est bien l’homicide, ou plutôt le féminicide, qui est en tête de liste. Les femmes enceintes et les jeunes mamans ont deux fois plus de risques de mourir tuées violemment que par des complications relatives à la grossesse. Deux tiers des victimes meurent chez elles, donc vraisemblablement victime de violence domestique, autrement dit assassinée par leur partenaire.
L’étude montre que les violences conjugales et les féminicides ont tendance à s’accroître durant les périodes de grossesse et le post partum. Un phénomène qui ne serait pas étranger aux difficultés d’accès à l’avortement, de plus en plus restreints ces dernières années. En effet de nombreuses femmes sujettes à des violences au sein du couple se trouvent forcées à porter des grossesses non voulues, et qu’elles auraient évitées si l’accès à l’avortement avait été plus facile.
Les statistiques ne laissent aucune place au doute. Pour 100 000 accouchements aux US, 17 mères en moyenne perdaient la vie, ce qui signifie déjà que les Etats-Unis ont à la base un taux de « mortalité maternelle » beaucoup plus élevé que dans les autres pays développés. Mais c’est sans prendre en compte les homicides qui ne sont pas comptés dans les causes de « mortalité maternelle ». Au passage les chercheurs s’insurgent contre cette omission car l’étude suggère justement qu’il existe bel et bien un lien de causalité entre ces homicides et le fait que les victimes soient enceintes. En effet, l’étude rapporte que la violence contre les femmes augmente pendant la grossesse, et qu’une femme a 16% de risques en plus d’être tuée durant sa grossesse, que lorsqu’elle n’est pas enceinte.
Autre aspect statistique sans appel de l’étude, le phénomène touche davantage les femmes noires et les jeunes mères de moins de 24 ans. L’inégalité raciale devant la grossesse est stupéfiante. Aux Etats Unis une femme noire a 8 fois plus de probabilité de mourir pendant sa grossesse qu’une femme blanche.
Selon les experts de l’étude, ces dernières encourent beaucoup plus de risques, notamment à cause d’une plus grande prévalence de violences au sein du couple avant même la grossesse, mais aussi à cause de leur condition socio-économique précaire et d’une certaine forme de racisme institutionnel, qui les empêche de se sentir légitimes pour demander de l’aide aux autorités policières ou sanitaires.