Quand on est enceinte, la vigilance est à son maximum vis à vis de ce qu’on consomme… Pas d’alcool, pas de tabac, etc. Mais malheureusement, des petits éléments imperceptibles à l’œil nu, nommés pesticides, sont aussi à bannir.
Qu’est-ce qu’un pesticide ?
Les pesticides sont des substances qui sont utilisées pour la prévention, le contrôle ou l’élimination d’organismes jugés comme nuisibles. Ces organismes indésirables peuvent être de toute sorte : plantes, animaux (insectes, acariens …), champignons ou bactéries. Ce terme regroupe ainsi différents types de produits. On peut cependant distinguer trois catégories de pesticides : les herbicides contre les mauvaises herbes, les fongicides contre les champignons et les insecticides contre les insectes.
Quel lien entre pesticide et perturbateur endocrinien ?
Les perturbateurs endocriniens sont des produits chimiques, d’origine naturelle ou artificielle, présents dans l’environnement. Ils peuvent interférer avec le système hormonal d’un organisme et en perturber son fonctionnement normal. Les perturbateurs endocriniens peuvent affecter de nombreux systèmes de l’organisme, tels que le système hormonal, reproducteur, immunitaire et neurologique. Les effets dépendent de la dose, de la durée de l’exposition et de la sensibilité individuelle, mais les populations les plus vulnérables incluent les fœtus, les nouveau-nés et les jeunes enfants. Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé, les pesticides seraient un des 800 perturbateurs endocriniens avérés. Les pesticides sont également soupçonnés d’augmenter le risque de certains cancers (sein, prostate) et de réduire la fécondité masculine.
Quels sont les risques des pesticides durant la grossesse ?
Vous l’aurez compris, pendant la grossesse, il est primordial de réduire son exposition aux perturbateurs endocriniens/pesticides au maximum pour protéger la santé du futur bébé. En effet, ces substances peuvent affecter un fœtus au niveau de son développement, mais aussi au niveau de certaines pathologies qui pourront se déclarer à la naissance ou après. Si contamination il y a, les produits que nous avons ingérés peuvent être lui être transmis à travers le cordon ombilical. En effet, ces substances adoptent la même voie que les autres nutriments qui passent par le placenta. L’exposition à de grandes quantités de pesticides comme ceux utilisés sur les cultures peut être dangereuse pour le bébé pendant la grossesse. Elle peut entraîner des malformations congénitales, au cours du premier semestre de la grossesse, le système nerveux du fœtus se développe rapidement, c’est pourquoi les substances toxiques sont nocives dans les premières semaines de la grossesse. Elle peut aussi entraîner des problèmes d’apprentissage plus tard dans la vie de l’enfant, un faible poids à la naissance, une fausse couche ou naissance prématurée (naissance avant 37 semaines de grossesse).
La meilleure solution est d’éviter d’utiliser des pesticides ou des insecticides à la maison, sur les animaux nuisibles ou dans le jardin pendant la grossesse, en particulier pendant le premier trimestre, lorsque le tube neural et le système nerveux du bébé se développent.
Où se trouvent les pesticides ?
Vous pouvez entrer en contact avec des pesticides dans le cadre de votre vie quotidienne. Les pesticides peuvent se trouver dans l’air et l’eau, les sprays contre les insectes, les produits de nettoyage, les aliments (les agriculteurs peuvent utiliser des pesticides), les produits pour la pelouse et le jardin, le produits pour animaux de compagnie, ou les poisons pour rongeurs.
Comment réduire mon exposition aux pesticides quand je suis enceinte ?
Les pesticides peuvent pénétrer dans notre corps par la respiration, le contact direct avec la peau ou en les ingérant. Pour faire simple, les pesticides sont à peu près partout. Il est donc quasiment impossible de tous les chasser de notre quotidien, mais certaines pratiques peuvent diminuer considérablement l’exposition de maman et bébé.
Première recommandation : la nourriture
Pour limiter le contact avec des pesticides, Le Service Public d’information en santé recommande de manger le plus possible, voire uniquement, des fruits et légumes frais, de saison, et bio, car moins de conservateurs sont présents. Vous devez aussi bien laver et éplucher vos aliments pour enlever des résidus de pesticides. Quant à la conservation de votre nourriture, il est conseillé de les garder dans des boites en verre, car les aliments au contact direct du plastique, sont plus susceptibles d’absorber des pesticides, surtout si vous réchauffez le tout aux micro-ondes. En général, les perturbateurs endocriniens présents dans les plastiques se libèrent davantage au contact de la chaleur.
Deuxième recommandation : les produits d’hygiène
De nombreux produits d’hygiène ou de beauté contiennent des perturbateurs endocriniens. Des applications permettent aujourd’hui de vous aider en évaluant les risques toxicologiques de milliers de produits. Pour limiter votre exposition, le mieux est d’en appliquer le moins de produits possibles, et de contrôler la composition de ces derniers. Privilégier donc des produits bruts, comme des savons ou huiles bio à base végétale, sans phtalates.
Troisième recommandation : sa maison
Aérez au maximum toutes les pièces de votre maison du fait que certains meubles, certaines peintures ainsi que certains produits ménagers accumulent des pesticides. On élimine aussi les parfums d’intérieur, car les désodorisants renferment des substances toxiques. La solution est donc d’ouvrir les fenêtres au minimum 10 minutes par jour, tôt le matin ou tard le soir, quand la pollution de l’air extérieur est la moins forte. Faire son ménage régulièrement est aussi efficace.
Quatrième recommandation : les produits d’entretien
Optez là aussi pour des produits bruts et naturels. Pas besoin de produits transformés et chimiques pour nettoyer efficacement. Trois indispensables à avoir dans votre maison : le vinaigre blanc, le savon noir et le bicarbonate de soude. En plus de ça, vous ferez des économies et vous prendrez soin de la planète.
Cinquième recommandation : le jardinage
Durant la grossesse, évitez de manipuler des produits chimiques comme des pesticides ou des herbicides. Si vous voulez vous débarrasser de mauvaises herbes ou d’insectes envahissants, préférez des astuces de grand-mère. Avec de bonnes associations de plantes, vos problèmes auront disparu. Optez aussi pour des gants lorsque vous jardinez ou que vous devez toucher à de la terre ou du sable. Évitez aussi les travaux de bricolage pendant la grossesse, et surtout la peinture !
Sixième recommandation : les vêtements neufs
Selon l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, et le docteur Laurent Chevallier, médecin consultant en nutrition au CHU de Montpellier, les vêtements neufs sont gorgés de substances chimiques. Il est donc recommandé de laver ses vêtements une première fois avant de les porter.
Comment protéger bébé des pesticides une fois qu’il est né ?
Toutes les recommandations faites plus haut sont valables tout au long de votre vie, mais encore plus lorsque vous êtes enceinte ou lorsque que bébé vient de naître. Vous l’aurez compris, ces recommandations s’appliquent donc aussi à votre petit bout. Mais pour bien préparer son arrivée, vous pouvez aussi opter pour d’autres techniques supplémentaires. En effet, vous pouvez aussi préparer sa chambre au minimum 2 mois avant sa naissance ou laver ses jouets avant qu’il ne les utilise. Le mieux est de prévoir les travaux de sa chambre au moins 2 mois avant son arrivée, pour pouvoir aérer longuement et régulièrement sa pièce après les travaux, afin que les matériaux et les meubles neufs émettent moins de substances nocives. Pour les nouveaux jouets, c’est pareil, surtout pour ceux en plastique. C’est pourquoi, l’idéal consiste à laver le jouet ou à le sortir de son emballage plusieurs jours avant. Une fois bébé arrivé, pour sa toilette, il est recommandé d’utiliser le moins de produit possible ou du moins un savon surgras à pH neutre. Pour ses couches, le mieux est d’acheter des jetables écologiques, sans parfum, sans chlore et sans polyacrylate de sodium. Vous pouvez aussi opter pour celles lavables en fibre de bambou.
Quelles substances particulières ou produits toxiques dois-je éviter ?
Ne tombez pas dans la psychose à lire et relire toutes les étiquettes de produits que vous achetez, pour traquer les moindres substances potentiellement nocives, car malheureusement, vous y passerez un temps fou et surtout vous allez vous déprimer. Comme mentionné plus haut, il existe aujourd’hui des applications qui servent à évaluer la toxicité du produit, cela peut déjà vous aider. Cependant, pour vous orienter, il existe quelques substances bien connues que vous pouvez éviter comme le bisphénol A et les phtalates. Le bisphénol A est présent dans les objets du quotidien en plastique, mais les biberons neuf n’en contiennent plus. C’est cette molécule qui, quand on la chauffe, libère des particules nocives. Et les phtalates sont aussi présents dans les plastiques afin de les renforcer et de maintenir leur flexibilité.
Comment quand même manipuler des pesticides enceinte ?
Si vous êtes obligée, voici quelques conseils pratiques pour réduire la probabilité d’exposition si vous devez traiter votre maison, votre animal de compagnie ou votre jardin à des pesticides :
- Demandez à quelqu’un d’autre d’appliquer les pesticides
- Quittez la zone pendant le temps indiqué sur l’emballage du pesticide.
- Retirez la nourriture, la vaisselle et les ustensiles de la zone avant l’utilisation du pesticide.
- Lavez la zone où les aliments sont normalement préparés après toute application de pesticides dans la maison.
- Ouvrez les fenêtres et laissez la maison s’aérer une fois le traitement terminé.
- Portez des vêtements de protection lorsque vous jardinez afin d’éviter tout contact avec des plantes recouvertes de pesticides.
Ne paniquez pas si vous vous rendez compte que vous avez été exposé à un pesticide. Tout risque réel provient d’une exposition intense ou à long terme. Si vous venez de traiter votre chien contre les puces et que vous vous êtes exposé à un pesticide, les risques pour votre bébé sont faibles.
Sources :
Ministère de la Transition Ecologique