Si la crise sanitaire nous a enseigné une leçon, c’est l’importance de la maîtrise des outils numériques dans le milieu de la santé. A cette fin, le gouvernement a souhaité modifier le fameux avenant 5. Avec notamment, une réforme majeure, celle des entretiens postnataux. Alors l’avenant 5, une bonne nouvelle ? Pas tant que ça.
L’avenant 5, c’est quoi ?
Quand chez les médecins, c’est l’avenant 9 à la Convention Médicale qui s’est chargé de régir les changements impulsés par le Ségur de la Santé, pour les sages-femmes, c’est l’avis modifiant l’avis du 19 mars 2022 relatif à l’avenant 5 à la Convention Nationale des sages-femmes de 2007. Concrètement, cet avis officialise à présent la capacité pour la profession d’avoir recours de manière pérenne à la téléconsultation, aux actes à distance ainsi qu’à la télé-expertise au sein de laquelle les sages-femmes peuvent être requérantes autant que requises.
De plus, les sages-femmes pourront aussi porter assistance au patient lors d’une téléconsultation réalisée par un autre professionnel médical. Concrètement, la principale nouveauté qu’apporte l’avenant 5, c’est celle des séances postnatales pour prévenir la dépression post-partum.
Des réticences dans la profession
Répondant en apparences aux réclamations des sages-femmes qui demandent la pérennisation de la télémédecine depuis des années, l’avenant 5 soulève cependant un certain nombre de mécontentement.
Dans un premier temps les sages-femmes déplorent qu’il ait fallu attendre la catastrophe sanitaire de la Covid-19 pour enfin intégrer des actes de télémédecine dans leur pratique. L’Organisation Nationale des Syndicats de Sages-Femmes (ONSSF) rapporte que la plupart de ses demandes ont été systématiquement rejetées et que ce n’est qu’à contre-cœur que l’avis a été signé.
Une victoire tout de même…
Un point positif se dégage tout de même, la mise en place de séances et entretiens postnataux individuels ou en groupe à partir (à priori) de juillet 2022.
En ce qui concerne l’entretien post natal :
- Pour toute patiente de la 4ème à la 6ème semaine après l’accouchement
- De la 10ème à la 14ème semaine après l’accouchement, aux femmes primipares ainsi qu’aux femmes qui présentent un facteur de risque psychologique.
Et les séances post natales :
- Du 8ème jour jusqu’à la 14ème semaine après l’accouchement
- En individuel (au domicile ou en cabinet) ou en collectif (jusqu’à 6 femmes ou couples au maximum).
…mais amère
Contrairement à ce que la logique aurait voulu et à ce que réclamait l’ONSSF, les séances postnatales ne seront pas rémunérées à la même hauteur que les séances de préparation à la naissance et à la parentalité.
Quant à l’annonce du Ministère des Solidarités et de la Santé à propos d’une prétendue revalorisation pour les sages-femmes libérales grâce à la signature de cet avenant, elle est tout à fait relative puisqu’il ne s’agit en fait que d’une création d’actes, à un tarif décevant, forçant encore une fois les sages-femmes à choisir entre leurs revenus et la qualité des soins prodigués à leurs patientes.
La lutte ne s’arrête pas là
Les négociations concernant l’avenant 6 ont démarré au 1er trimestre 2022 et les sages-femmes comptent bien faire entendre leurs revendications à propos des cotations sur l’accompagnement global, attendues depuis l’avenant 4.