Le « Hyland’s Baby Teething Tablets » est au cœur d’une controverse outre-Atlantique. Vendu sous forme de gélules ou de gel gingival, ce médicament homéopathique non distribué en France est utilisé pour soulager la douleur provoquée par les poussées dentaires de bébé. Suite au décès de dix enfants et à 400 incidents relevés depuis quelques années aux États-Unis par la Food and Drug Administration (agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux), une enquête de pharmacovigilance a été lancée, comme le confirme un communiqué de la FDA daté du 30 septembre, enquête dont les résultats ne sont pas connus actuellement.
Rien ne permet donc d’affirmer pour l’instant que ce médicament homéopathique soit impliqué dans ces décès et complications. En attendant les conclusions, le laboratoire Hylands a choisi de cesser la production de ce produit et de rappeler les stocks en circulation.
La belladone mal diluée ?
Cependant, au Canada, pays où sont fabriqués ces médicaments pour soulager les poussées dentaires, une alerte avait déjà été émise en 2010 sur ce produit. Que disait l’alerte ? A l’heure où nous bouclons cet article nous n’avons pas encore pu consulter la documentation à ce propos. La posologie du produit avait-elle été mise en cause ? On peut le supposer puisque, selon AntenneTV Canada, à la suite de cette alerte, le laboratoire avait revu à la baisse sa concentration de belladone. Mais ce n’est qu’une supposition.
Ce qui est certain, en revanche, c’est que les baies de cette plante très répandue en France sont extrêmement toxiques et provoquent, entre autre, une paralysie du système respiratoire et un arrêt cardiaque quand elles sont ingérées en quantité excessive (dix à quinze baies). Néanmoins, puisque tout est question de degré, cette plante possède aussi des vertus anti-douleur.
Alors dans l’affaire Belladone aux Etats-Unis, une concentration inappropriée de Belladone est-elle en cause ? Bien que la rumeur enfle, ce n’est pour l’instant qu’une rumeur puisque les conclusions de l’enquête de pharmacovigilance ne sont pas encore connues.
Un problème possible en France ?
En France, l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé) vérifie soigneusement les formules des médicaments qui sont tous soumis à enregistrement, l’homéopathie au même titre que l’allopathie.
La réglementation française est extrêmement stricte, comme nous l’a rappelé aujourd’hui un fabricant français de médicaments homéopathiques, qui formule et produit tous ses médicaments en France, mais exporte aussi dans une cinquantaine de pays dans le monde. « Le principe même de l’homéopathie est de prescrire un médicament hautement dilué qui ne laisse qu’une dose infinitésimale du principe actif pour justement permettre au médecin de soigner sans nuire », nous a rappelé ce fabricant. L’homéopathie est en effet souvent considérée comme un placebo par ses détracteurs qui arguent qu’après une telle dilution, il ne reste qu’un peu de sucre et d’eau pour former la granule.
Rappelons toutefois que les produits mis en cause aux Etats-Unis ne sont pas distribués en France. Si, pour l’heure, personne ne peut encore dire formellement quelle est la raison de ces décès et de ces complications relevées aux Etats-Unis, ni si le médicament homéopathique est impliqué ou pas, une certitude demeure : tout médicament, quelle que soit sa galénique ou sa formulation, est un toxique en puissance s’il n’est pas fabriqué ou utilisé selon la posologie adéquate. De quoi nous inciter à beaucoup de prudence quant à l’auto-médication mais pas de quoi nous affoler outre mesure quant aux dangers éventuels de nos granules.