Entre pression des pro et des anti-allaitement, choisir ou non d’allaiter aujourd’hui n’est pas forcément simple. Je suis consultante en lactation et je plaide pour que ce choix soit un choix éclairé : que chaque femme ait accès à toutes les informations disponibles pour pouvoir prendre une décision en toute connaissance de cause, tout en tenant compte de sa propre histoire et de son envie. Nous devons également garder à l’esprit le fait que nous vivons dans une société qui considère que la norme, c’est de nourrir les bébés avec une préparation pour nourrisson.
Oui pour donner de l’information et non une opinion !
Entre la peur de culpabiliser les femmes qui ne souhaitent pas allaiter et l’envie de convaincre d’allaiter pour le bien du bébé, les informations données en anténatal ne sont pas toujours objectives. Je pense que l’erreur principale est d’oublier que les parents sont des personnes adultes et donc capables de prendre les décisions les meilleures pour leur propre famille, à condition d’avoir accès à des informations fiables et à jour, qui soient de véritables informations et non des opinions. Ne pas donner toutes les informations revient à infantiliser les parents et à leur enlever la possibilité de faire un vrai choix.
Le rôle du professionnel est d’informer, pas de faire monter les taux d’allaitement.
Je pense que mon rôle est de donner toutes ces informations aux parents, y compris celles qui peuvent parfois déranger : comment se passe habituellement un allaitement, quelles difficultés peuvent survenir et comment les surmonter, vers qui se tourner en cas de souci, quelles sont les pathologies augmentées en cas de non-allaitement, quelle est la norme biologique pour un bébé en terme de nutrition et de croissance… En bref, le professionnel n’a pas à trier les informations qu’il donne, il doit donner toutes les informations disponibles, ne pas idéaliser l’allaitement, ne pas avoir peur que les parents puissent culpabiliser mais s’adresser à eux en tant qu’adultes responsables, avec bienveillance. Il leur permet ainsi d’être libres.
Je ne me sens pas responsable des taux d’allaitement en France et je ne me sens pas coupable si des parents choisissent de nourrir leur bébé avec des préparations pour nourrissons. Je suis heureuse quand ils ont pu faire le choix qui leur convient !
Tout adulte porte ses choix.
Tout adulte qui fait des choix en est responsable et doit donc les assumer. Cela passe parfois par une certaine culpabilité, mais cela fait partie de toute vie de parent. Il est impossible d’apporter à son enfant une vie parfaite. L’important est de faire de son mieux.
Je me bats donc pour que chaque famille puisse faire un choix éclairé sur la façon de nourrir son enfant, en toute liberté et puisse ainsi l’assumer.