Depuis quelques semaines, la rééducation périnéale n’est plus prescrite systématiquement à toutes les jeunes mamans, suite à une recommandation du Collège National des Gynécologues obstétriciens. Le point sur l’évolution de cette pratique post-partum, avec le Pr Bernard Hédon.
La rééducation périnéale, c’était un peu le passage obligé chez la sage-femme ou le kinésithérapeute, deux mois après l’accouchement, et d’autant plus qu’on en était au troisième bébé par voie basse.
Le but : prévenir ou résoudre les soucis de fuites urinaires voire même anales. Désormais, ce sera un passage non plus obligé mais mesuré à l’aune des facteurs de risques et des symptômes. « La rééducation périnéale systématique ne s’impose pas en cas d’absence de trouble sphinctérien ou dans le cas d’un accouchement normal, c’est-à-dire lorsqu’il n’a pas nécessité l’emploi de forceps, qu’il n’a pas occasionné de déchirure, que la venue au monde n’a été ni trop rapide – et donc qu’elle n’a pas pu mettre trop brusquement en tension les tissus – ni trop longue et que le poids du bébé à la naissance n’excède pas 4 kilos », explique le Pr Bernard Hédon, président du Collège National des gynécologues-obstétriciens français qui rappelle qu’aucune étude n’aurait démontré l’efficacité de la rééducation périnéale en prévention des fuites urinaires ou anales chez les femmes n’en souffrant pas. Même les mamans ayant eu trois enfants par voie basse sont désormais exemptées, dès lors qu’elles sont asymptomatiques.
Pour qui alors ?
Eh bien, pour toutes celles qui ont vécu ces complications énoncées plus haut : gros bébé, forceps, accouchement vitesse éclair. « Pour ces femmes qui vivent un accouchement traumatique, la rééducation périnéale permet de corriger efficacement les troubles sphinctériens voire les troubles rectaux », souligne le Pr Hédon. La rééducation périnéale doit débuter deux mois après l’accouchement.
Le nombre de séances prises en charge est estimé au cas par cas, mais la moyenne se situe entre 10 et 20 séances. La prescription est faite au moment de la visite du post-partum, six semaines après l’accouchement.
Et en cas de fuites chez les exemptées ?
Si les fuites (ou des bruits d’air au niveau vaginal) apparaissent dans les trois mois qui suivent l’accouchement, évidemment il ne faut pas en rester là, sous prétexte que les forceps, connaît pas, ou que bébé était plutôt format crevette à la naissance. Ca fuit ? On consulte ! « La décision de prescription peut également être plus tardive chez la jeune mère qui présente une incontinence depuis plus de trois mois. Il suffit qu’elle en alerte sa sage-femme post-partum, son médecin-traitant ou son gynécologue. Cette recommandation n’est pas une interdiction de prescription mais une orientation de pratique, donc rien n’empêche un praticien de conseiller à sa patiente une rééducation périnéale dès qu’il la juge nécessaire. »
Et cela d’autant plus que certains modes de vie peuvent justifier cette prise en charge, notamment les femmes qui portent des charges lourdes dans leur boulot, ou celles qui pratiquent certaines activités sportives, comme le trampoline par exemple, bien connu, selon le Dr Bernadette de Gasquet, grande spécialiste du périnée et de la rééducation post-partum. Et pas contente du tout de la recommandation du Collège des gynécologues-obstétriciens.
(Pour en savoir plus sur le point de vue du Dr de Gasquet et pourquoi ce spécialiste prône une éducation périnéale prénatale, ne loupez pas le prochain magazine Neuf Mois, en kiosque le 7 février prochain).
A propos : qu’est-ce le périnée ?
Le périnée est le muscle qui entoure et soutient les organes génitaux externes de la femme, partant de la vulve jusqu’à l’anus. Lors de l’accouchement, il s’ouvre très largement pour laisser passer le bébé, ce qui le distend.
Selon son état avant l’accouchement et selon les facteurs de risques liés à l’accouchement, le périnée retrouve plus ou moins naturellement sa tonicité. Mais une absence de symptômes ne signifie pas qu’on peut rester passive.
A la maternité, la sage-femme indique des petits exercices de contractions à effectuer chaque jour dès l’accouchement : à ne pas zapper, ils sont essentiels pour garder un périnée tonique.