On rêvait d’être enceinte, de porter ce bébé tant désiré, mais le truc qu’on n’avait pas vraiment prévu, c’est notre reflet rondelet dans les vitrines. Comment se sentir bien dans sa peau et apprivoiser ce corps qui change ? Le Pr Willy Pasini, psychiatre, en a bien une petite idée…
Avant, quand on entendait une copine enceinte nous dire que son chéri bloquait un peu sur ses rondeurs, on la plaignait de tout notre cœur d’être amoureuse d’un goujat. Aujourd’hui, c’est nous qui nous traiterions bien de tous les noms : ben oui, il n’y a pas que les hommes qui coincent sur notre physique arrondi, parfois, on se débrouille très bien toute seule. Même si notre homme à nous ne tarit pas d’éloges. Mais si, à nos yeux, une femme n’est désirable qu’en taille mini, forcément, des seins gonflés, un ventre arrondi, des fesses un peu plus cellulitiques que d’habitude, ça nous mine le moral. Et quand on se trouve moche, c’est pas la joie à la maison, au bureau… ni sous la couette.
Enceinte on fait l’inventaire de nos atouts
Nos yeux n’ont pas changé, non ? Nos cheveux devraient en toute logique être beaucoup plus sexy, le mérite en revenant au bain d’hormones dans lequel on mijote depuis quelques semaines. Premier axe de notre revalorisation personnelle : miser sur ces points forts et flouter le reste. Une fois que l’on se sent mieux dans le miroir, essayer de comprendre pourquoi on se sent mal, tellement moins bien que les autres. D’ailleurs, notre voisine, tiens, elle aussi enceinte, elle est pimpante comme Miss France dès le matin ! Elle a la gambette fine, elle. Pas comme nous. Et blabla et blabla… Le problème, c’est que cette manière de voir les choses nous mine et nous gâche la grossesse : pour le professeur de psychiatrie et psychothérapeute Willy Pasini, le manque d’estime de soi prend ses racines dans l’enfance. Il s’agit d’un mal profond, présent depuis des années. Pas si simple à éradiquer ! Et si la grossesse nous aidait à nous rendre compte des dégâts et à lancer l’opération de sauvetage ?
Un peu d’indulgence avec nous et ce nouveau corps de future maman !
Pas sûr que de passer en revue toutes les anecdotes où le prof de maths nous a mis la honte devant la classe ne nous fasse du bien en ce moment. Un jour il faudra peut-être régler ça avec nous-même mais pour l’instant, ce qui compte, c’est de changer de braquet. On commence par clouer le bec à tous les malotrus qui nous flinguent l’égo au quotidien, fusse notre mère. Pas besoin d’être désagréable, juste d’apprendre à botter en touche. Le meilleur moyen, c’est de leur couper l’herbe sous le pied en se lançant des fleurs à soi-même. En effet, selon Willy Pasini, il n’y a pas que les enfants qui ont besoin d’être valorisés pour avancer, les adultes aussi ont besoin de valorisation pour conforter leur estime de soi. « Soyez donc indulgente avec vous-même et cela commence par choisir des objectifs réalisables. Vous aurez ainsi plus de chance d’être reconnue dans vos efforts ce qui restaurera progressivement votre confiance en vous ». Et pour ne pas attendre en vain les compliments, on les provoque : un nouveau jean de grossesse, une jolie chemise, une écharpe, allez vlan, on fait remarquer à la ronde comme c’est top ! On voudrait bien voir le ou la malotru(e) qui oserait dire le contraire…
Changer les regards sur soi
Des jambes un peu lourdes? Qu’importe, on investit dans des bas de contention d’autant plus que c’est remboursé par la sécu et la mutuelle, ça efface les varices et limite les dégâts côté œdèmes. Et surtout on change de look : fini la mini, on teste le maxi, le pantalon chino… avec une jolie ballerine qui fait le pied mini. Quant à nos seins de matrone, il suffit de se dire que des nanas se ruinent en prothèses identiques alors que nous, c’est gratos. Des seins comme ça, ça se met sur un plateau : à nous les décolletés pigeonnants mis en valeur par un pendentif mini mais lumineux ou de longues boucles d’oreilles. Et un conseil, on arrête d’acheter ces magazines qui se marrent à toutes les pages sur la cellulite des stars, parce que forcément on se sent visée, nous aussi. Un bon point pour nous, la grossesse va nous permettre de faire un grand écart : arrêter de penser que le modèle, ce sont les autres et s’imposer aux autres avec sa personnalité. Non, pas comme modèle, inutile de faire souffrir aux autres ce qu’on a subi soi-même, mais comme soi-même.
Prendre confiance en soi
De ce petit exercice, on en retiendra qu’on n’a pas de compte à rendre aux autres sur notre apparence. Qu’on a le droit d’être soi-même. Si avec ça, on ne prend pas confiance en soi… Et de la confiance en soi, on en aura besoin pour s’affirmer mère, dans quelques semaines ou quelques mois. « Personne ne doit vous imposer le schéma de ce qu’est être une bonne mère, conclut le psychiatre. Vous devez vous faire confiance et apprendre à suivre votre intuition », conclut le thérapeute. Sur notre physique et notre look aussi. Et après bébé, quand on aura retrouvé taille fine et gambette légère, on garde le cap indiqué par notre expert : mon modèle, c’est moi !