Les trois premiers mois de la grossesse, tout peut arriver : la fausse couche bien sûr parce que la nature en a décidé ainsi, mais parfois aussi des mutations de l’ADN fœtal. Toutes ne sont pas forcément inquiétantes. La preuve, la division cellulaire qui va vous offrir un joli couple de jumeaux en est une. Mais il faut rester prudente, les premières semaines, sur tout ce qui peut perturber éventuellement la formation de bébé. C’est pourquoi la sage-femme et le gynécologue ne sont pas avares de recommandations. En général, concernant l’alcool, la cigarette mais aussi les rayons lors de radiographies. Ou encore certains produits d’entretien qui peuvent être toxiques. Rien d’insurmontable à éviter, heureusement.
Les « vrais » jumeaux, un joli « accident » de parcours
Dès la conception, la cellule unique de départ se scinde, d’abord en deux, puis en quatre, huit, etc… A ce stade, c’est-à-dire au cours des trois premiers jours de la conception, chaque cellule en division peut donner un futur bébé. Car, du point de vue génétique, toutes les divisions de cellules sont semblables à l’œuf originel. Imaginons un scénario catastrophe : huit ou seize cellules décident de se la jouer perso. Soit huit ou seize bébés d’un coup. Évidemment, ça n’existe pas à cette échelle chez l’humain, parce que chaque division de la cellule originelle produit une substance qui l’empêche de se détacher de la « grappe » qu’elle forme avec toutes les autres cellules issues de la première.
Mais parfois une division se produit quand même et donne de « vrais » jumeaux. C’est assez rare, en fait, environ 0,4% des naissances gémellaires. Dans ce contexte, avoir de vrais triplés tient quasiment du miracle. Quant aux « vrais » quadruplés, c’est quasi impossible. Les naissances multiples sont donc une des jolies surprises du premier trimestre. Mais si l’on a échappé à cette multiplication embryonnaire, charmante au coup d’œil mais beaucoup plus hard à vivre au quotidien, on n’est pas pour autant à l’abri des coups de théâtre.
La fausse couche, pas si rare au premier trimestre de la grossesse !
Pendant les trois premiers mois de la grossesse, tout peut arriver : la fausse couche bien sûr. Pourquoi ? Parce qu’à ce stade de développement, les cellules prolifèrent à raison de 5000 divisions par seconde. A ce rythme, l’ADN n’a pas le temps de voir venir les agressions et de mettre en place une parade pour se protéger. Ainsi, une substance chimique, des radiations ionisantes lors de soins dentaires ou un simple virus, peuvent provoquer une mutation de l’ADN, parfois grave et l’œuf en cours de développement est alors éliminé parce que les gènes, déstabilisés par l’un ou l’autre d’entre eux, n’arrivent plus à mettre les cellules en ordre de marche. Les mutations chromosomiques sont les premières causes de la fausse couche précoce. Et c’est sans doute une faible consolation, mais la nature est bien faite, en ne portant pas à maturité un organisme trop fragilisé pour survivre.
Des malformations à prévenir au premier trimestre de la grossesse
Dès la 3ème semaine de gestation, alors que des organes sont en cours d’élaboration, des risques de malformations -soit en raison d’un gène déficient, soit en raison d’une interaction indésirable qui a provoqué une mutation du gène- peuvent transformer le plan de départ en un projet moins cohérent, avec des surprises désagréables comme un bras plus court que l’autre par exemple. … Je te vois d’ici paniquer, l’amie. Aucune raison, mais alors vraiment aucune. On sait aujourd’hui pourquoi ces« accidents de chantier » se produisent . Dans le peloton de tête des responsables, les interactions médicamenteuses et les carences en vitamines et minéraux essentiels. Rien qu’il ne soit possible de contrecarrer, tu en conviendras !
Il suffit de toujours préciser au médecin, au pharmacien, au radiologue ou au dentiste qu’on est enceinte (au premier trimestre, ce n’est pas visible à l’œil nu), d’éviter l’automédication, de bien lire les notices des médocs parce que parfois, hein, même un professionnel de santé peut se tromper, d’opter pour une alimentation équilibrée, avec des fruits et des légumes frais en suffisance (bien lavés), des protéines végétales. Et d’avaler sans sourciller la supplémentation en folates, c’est-à-dire en vitamine B9, de plus en plus systématiquement prescrite.
En cas de carence, au 28e jour de gestation, on risque – c’est rare, mais bon, ça existe – une mauvaise fermeture du tube neural et donc de gros soucis neurologiques pour bébé : le spina bifida. Raison de plus pour avaler tes petites gélules sans trop te faire prier. Et si possible pendant toute la grossesse. Parce que la fente palatine (bec de lièvre), c’est aussi la faute aux carences en vitamine B9…
En conclusion, oui, les trois premiers mois, c’est coton, la grossesse. Mais dans l’ensemble, tout ne se passe pas trop mal tant qu’on prend soin d’éviter les occasions de contamination bactérienne, les carences nutritionnelles et les interactions médicamenteuses. Bref, qu’on se chouchoute un peu, histoire de dorloter aussi l’ADN de bébé.