Enceinte, on se soucie de l’avenir de notre futur bébé. Et si le prélèvement de sang du cordon ombilical pouvait un jour lui sauver la vie ? Faut-il, le jour de l’accouchement, faire appel à une banque privée de stockage ? Les réponses du Dr Catherine Faucher, médecin greffeur à l’Institut Paoli Calmette à Marseille.
neufmois.fr : A quoi sert le prélèvement de sang de cordon ombilical ?
Dr Catherine Faucher Depuis plus de 30 ans, on prélève des cellules souches hématopoïétiques. Elles se trouvent dans la moelle osseuse mais aussi dans le sang de cordon ombilical. En 1988, le Pr Eliane Gluckman a réalisé la première greffe allogénique, c’est-à-dire entre donneur et receveur différents, avec du sang de cordon. Ce fut une réussite ! Elle dévoile la libre circulation du sang riche en cellules dans le cordon ombilical. Ayant la même utilisation et étant complémentaires dans le traitement de maladies graves du sang ou de maladies génétiques, la greffe de la moelle osseuse ne va pas être remplacée par celle du sang de cordon.
neufmois.fr : Comment prélève-t-on ce sang ?
Dr Catherine Faucher Lorsque que le cordon ombilical a été coupé, on aspire environ 70 à 80 ml de sang. Ensuite, ce prélèvement est validé selon des critères précis (absence de marqueurs infectieux, quantité totale de cellules souches et typage HLA). Du coup, seulement un tiers des prélèvements de sang placentaire sont conservés. Tout est enregistré dans les banques allogéniques. En France, ce sont des établissements publics.
neufmois.fr : Est-ce qu’un manque de dons allogéniques justifierait le développement de banques à usage privé ?
Dr Catherine Faucher : On ne peut pas dire, qu’en France, nous sommes en manque de dons allogéniques. Nous sommes le deuxième pays au monde fournisseur de greffons pour les patients nationaux et internationaux. Lorsqu’un greffon allogénique recherché ne se trouve pas dans les banques françaises, nous avons accès aux registres et aux greffons européens et mondiaux. Et puis, il faut savoir qu’un donneur a un système immunitaire sain, qui est capable de détruire les cellules malades du patient. Il doit absolument être différent du receveur. Donc, recueillir et conserver le sang de cordon à visée autologue, c’est-à-dire de soi pour soi, est une dérive commerciale ! On ne peut nullement prétendre guérir un patient atteint d’une maladie génétique par ses propres cellules qui sont certainement porteuses de la maladie.